marco mesquita le retour…

6 Avr 2018

baroque renaissance

Non, il ne s’agit pas d’une aberration historique ou d’une association anachronique de deux époques. Le style de Marco Mesquita est effectivement flamboyant, extravagant, inclassable. S’il l’a toujours été, il a récemment gagné en excentricité et en profondeur. Car le styliste portugais revient de loin. Mais il revient.

Quand nous avions rencontré Marco Mesquita, en 2009, les dieux de la mode semblaient s’être penchés sur le berceau de ce jeune créateur. Sous le regard bienveillant de ses pairs, Max Chaoul, ou Agatha Ruiz de la Prada, et avec le soutien du Village des Créateurs, il enchaînait, à 28 ans, collection sur collection, et avait réussi «à faire son trou» à Lyon.

Son identité ? La maille et la soie. Son modèle signature ? Une jupe plissée qui, en un quart de tour, s’adaptait aux circonstances, casual en journée ou chic en soirée.

PORTUGAISE CONFECTION

Pour t’éviter, lectrice organisée, d’aller compulser tes archives d’Activmag – il ne fait aucun doute pourtant que tu aies gardé et classé tous les numéros de ces 25 dernières années, mais gagnons du temps-, voici un rappel des grandes lignes de son histoire.

L’envie de tester, de transformer lui a pris tout petit : vers 3-4 ans déjà, sa mère le retrouvait en train de découper des vêtements “pour voir comment ils étaient faits”. Mais le coup de foudre, la révélation, il l’a eue un peu plus tard, devant sa télévision et l’émission ultra-populaire «86-60-86» présentée par le mannequin vedette Sofia Aparicio dans les années 90. Quand il entre à la Gudi Escola de moda à Porto, pour étudier le design, le patronage homme-femme et la confection, il ne tarde pas à se démarquer, prend ses professeurs à contre-pied, en essayant notamment d’appliquer des techniques du bâtiment au textile, afin de rigidifier les vêtements. Mais sa marginalité paie, et il sent très vite l’air grisant de la reconnaissance, les récompenses : «Sang nouveau», «dé de cristal», «talent de l’année»…

Une série de gratifications le mènent d’abord à Londres, où il tâte du made in UK aux côtés du Britannique Robert Cary-Williams, puis sur les podiums des Fashion Weeks de Lisbonne et Porto.

FRENCH CONNECTION

En 2006, changement de cap. Alors qu’il travaille depuis plusieurs années comme styliste pour différentes marques tricolores installées au Portugal, un burn out le conduit directement aux urgences.

Il décide alors de changer d’air et de rejoindre son père, installé dans l’Ain. “A l’école, on apprenait obligatoirement le français et l’histoire de France, j’avais toujours rêvé un jour d’y habiter. J’ai donc fait une sorte d’étude de marché : Paris? Cannes? Lyon?” Un 2ème prix au Concours des Jeunes Créateurs (ndlr:organisé par le Village des Créateurs) finit de le convaincre, il s’installe donc Passage Thiaffait, sur les pentes de la Croix Rousse.

La boucle est bouclée, voici donc Marco Mesquita là où nous l’avions laissé, posant, entre son atelier et sa boutique, les jalons d’une carrière prometteuse…

FASHION DISPARITION

… Son corps en décide malheureusement autrement. Sa santé vacille et une hospitalisation longue met un brutal coup d’arrêt à son ascension, l’éloigne de la confection. Pause. Silence. Oubli.

Mais depuis 2 ans, Marco Mesquita est de retour – avec l’inversion des minuscules/majuscules pour souligner sa bascule. En total look noir, cheveux gominés et courte barbe taillée, veste de smoking ultra-cintrée fermée par une attache brandebourg en passementerie, sur un ensemble col roulé/jean serré, guêtres cavalières et talons western aux pieds, il a revêtu son costume de styliste gothique et romantique, ibérique et décidé.

Nouveau logo, nouveaux locaux: “mon but, c’est de reprendre ma marque et de la faire évoluer. Je garde les éléments qui m’identifient, la maille, la soie et le biais de soie, et je vais reprendre quelques pièces clés revisitées du «Marco Mesquita» d’avant. Mais je veux aussi prendre le temps de recevoir, d’accompagner les femmes du début à la fin, maquillage, chaussures et coiffure.”

MON TRAVAIL EST À L’IMAGE DE MA VIE PERSONNELLE, D’OÙ UN CERTAIN PENCHANT POUR LE NOIR EN CE MOMENT. MAIS JE RECOMMENCE DOUCEMENT À METTRE DE LA COULEUR.

RE-COLLECTION

Côté inspiration, il ne renie pas ses premières amours, aime toujours le baroque, mais avec de la douceur ; le mélange des styles, les détails – il finalise les broderies avec sa mère -, les pinces, les plis… “Mon travail est à l’image de ma vie personnelle, d’où un certain penchant pour le noir en ce moment”, reconnaît-il dans un sourire, “mais je recommence doucement à mettre de la couleur”.

Dans une petite pièce où s’entassent rouleaux de tissus, pelotes de laine et boîtes de boutons, des esquisses et des chaussures italiennes extravagantes dévoilent l’esprit de la Femme Marco Mesquita 2018, la femme Alienne : “pas dans ce que ça implique de déformé, non, mais je veux que les femmes s’assument telles qu’elles sont, avec leurs formes, leur corps qui change tout le temps. Il faut arrêter de vouloir rentrer dans le moule.” Un moule auquel le styliste renaissant, toujours aussi profondément anti-tendances, ne veut décidément pas se conformer.

Ses dernières créations s’inscrivent d’ailleurs dans un projet plus vaste liant la mode, la danse et la musique, pour être à nouveau vu et entendu, pour dire, à ceux qui ne le savaient pas : “Je suis toujours là.”

+ d’infos :
marco-mesquita
.com

Photos : Bruno Gasperini / Clémentine Marmonier

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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