marie drucker

9 Déc 2019

télé génie

UN SOIR (TROIS) DE 2005, J’AI FROTTÉ LE DESSUS DE MA TÉLÉ, ET MARIE DRUCKER S’Y EST PRÉSENTÉE. ELLE N’ÉTAIT PAS LÀ POUR EXAUCER TROIS DE MES VŒUX, MAIS POUR DONNER, AU JT, UNE VOIX QUI ME PARLAIT. POUR D’AUTRES GÉNÉRATIONS, L’INFO C’ÉTAIT PEUT-ÊTRE CHRISTINE, CLAIRE OU BÉATRICE. POUR MOI, C’EST DEVENU MARIE.

J’étais jeune journaliste, un peu critique vis-à-vis d’un média pour lequel j’avais commencé à travailler, mais cette fille-là, j’avais envie de l’écouter. Il s’en dégageait un mélange de sérieux et de proximité, porté par une voix grave, posée mais engagée, et surtout, par un regard direct. Comment ça direct ? Ben oui, elle n’utilisait pas de prompteur, et dans l’intention du regard, ça change tout. Bref, Marie Drucker ne trichait pas et elle était faite pour la télé. Par hérédité, pourrait-on résumer avec facilité… Par ténacité, découvre-t-on en réalité.
Depuis ses premiers pas en presse écrite, il y a 26 ans, elle a donc baladé sa chevelure noire de jais sous les caméras de ITélé, Canal+, de France Télévisions, et dans les studios d’Europe 1 ou RTL, avec l’info pour seul credo. Mais depuis 3 ans, elle s’est éloignée des plateaux. Si elle incarne encore l’émission hebdomadaire Infrarouge, sur France 2, elle a aujourd’hui repris la plume : avec sa copine Sidonie Bonnec, pour parler maternité, puis publier un guide consacré à la consommation «naturelle» ; et au sein de sa propre boîte de production, pour donner dans le documentaire, mais écrire aussi, et ça c’est nouveau, des fictions.

Activmag : Ce n’est un secret pour personne, vous êtes issue d’une famille de télé. Votre père a été le patron d’Antenne 2, puis de M6, votre oncle anime nos dimanches d’aussi loin qu’on s’en souvienne. Du coup, le petit écran, c’était une évidence ?

Marie Drucker : En fait, je ne me suis jamais située dans une famille de télé, je voyais plus mon père comme un chef d’entreprise, certes dans l’audiovisuel, mais il n’était ni journaliste ni animateur. Je ne me suis jamais située non plus par rapport à mon oncle, qui a pourtant été journaliste très longtemps. En tout cas, ce n’était vraiment pas conscient…
Je n’aimais pas l’école, mais le monde autour m’interpellait. J’ai commencé à lire la presse très jeune, comme une fenêtre sur la société que je n’avais pas l’impres- sion de pouvoir ouvrir en milieu scolaire. Pour autant, j’ai eu mon bac tôt, mais j’ai su très vite que ne ferais pas d’étude… Je n’en étais pas capable, pas sur le plan intellectuel, mais parce que je ne supportais plus les contraintes, le manque de liberté, ce qu’on appelle le «moule», pour lequel je n’étais pas du tout faite. Il a donc fallu que je travaille très vite. Au fond, je n’ai même pas vraiment réfléchi, mais à 19 ans, j’étais déjà journaliste.

Mais il y a bien un moment où il a fallu faire un choix…
Je pensais que mon milieu naturel allait être la presse écrite, puisque j’adorais la lire. J’ai donc commencé au «Figaro Grandes Ecoles et Universités», à une époque où vous pouviez faire un stage qui pouvait se transformer en CDD, avec des interlocuteurs qui disaient : «passe lundi, on va voir…» et qui vous formaient. Ce qui est impossible aujourd’hui. Je me suis vite rendu compte que je n’avais pas un talent exceptionnel pour l’écriture. Finalement, j’avais le même sentiment qu’en terminale, quand j’avais un mois pour faire une dissertation et que je la faisais le dimanche soir à 23h, il y avait quelque chose de très scolaire et je ne voulais pas de ça. Et la première fois que je suis entrée dans une société de production, c’était l’agence Capa du temps d’Hervé Chabalier. Là, tout à coup, j’ai eu la possibilité d’exprimer des choses, de raconter des histoires. Avec l’image, c’est tout un univers qui s’est révélé et mon imaginaire a fait des pas chassés volants de joie !

Pour Christine Ockrent, c’est la chute du mur de Berlin qui restera gravé comme un moment historique dont elle s’est fait l’écho. Et pour vous ?
J’ai été la première, toutes chaînes confondues, à prendre l’antenne le 11 septembre sur ITélé. On a vu en direct l’avion percuter la seconde tour… C’est un moment terrifiant, parce que la réalité dépasse la fiction. C’est une image que vous n’avez vue que dans les films catastrophe, je crois même que les scénaristes n’étaient pas allés jusque-là, et tout à coup, ça se joue devant vos yeux. Avec en plus, évidemment, la très grande responsabilité que ça représente de le commenter en direct. Malgré la sidération, il faut rester professionnel.

Est-ce qu’il vous est jamais arrivé de perdre vos moyens ?
Perdre mes moyens ? Je n’en ai pas le souvenir… Pourtant, quand vous faites face à un énorme problème technique, ça peut être compliqué. Mais je suis convaincue que c’est une gymnastique et de l’expérience. Quand vous avez votre permis de conduire, vous êtes content, mais 2 ans après, vous conduisez mieux que le jour où vous l’avez eu. La présentation, c’est exactement la même chose, il faut en faire beaucoup pour trouver ses marques, trouver son style, et ne pas être déstabilisée quand il y a un problème.

De toutes les rencontres que vous avez faites, quels sont vos meilleurs souve- nirs, les plus marquants ?
Quand j’étais rédactrice en chef au Soir 3, j’ai eu Elie Wiesel en face de moi, dont j’ai lu tous les ouvrages, qui vient de la même région du monde que mon grand-père qui n’est plus là… Avec le parcours qui est le sien, quand vous êtes une jeune journaliste, ce n’est pas un moment neutre… J’ai mesuré ma chance, mon privilège. Mais sinon, c’est difficile à dire, parce que j’en ai reçu tellement… Ce qui m’a marquée, ce sont plutôt les événements spéciaux, les grands directs avec les confrères, avec les spécialistes, et toutes les cérémonies républicaines, les 11 novembre, les 14 juillet, etc…. Parce que ce sont des moments où l’histoire et l’actualité se rejoignent. J’ai adoré aussi, ça c’est un souvenir extraordinaire, commenter le mariage de Kate et William avec Stéphane Bern et Karl Lagerfeld.

Il y a aussi des moments moins plaisants…
L’interview politique est une danse à deux que je n’ai jamais trouvée extrêmement satisfaisante. Avec la multiplicité des chaînes de télévision, des stations de radio, des interviews sur internet, souvent, quand l’homme ou la femme politique arrive sur votre plateau, il est rompu à la dialectique, à la joute oratoire et verbale, et finalement on reste sur des rails, parallèles par définition, qui ne se rejoignent pas. Si j’ai voulu consacrer ma vie aujourd’hui au documentaire, c’est parce que j’ai quand même toujours préféré donner la parole aux anonymes.

Est-ce que le fait d’être maman a eu un impact sur votre changement de voie ?
Sûrement. Entre Europe 1, RTL, France 2, j’ai travaillé pendant plus de 10 ans 7 jours sur 7. J’avais un rythme qui me convenait très bien, mais quand vous n’êtes plus seul, que vous avez une famille, vous vous dites que finalement, les vacances, ça peut être bien. Mais j’avais aussi vraiment ce besoin impérieux d’aller vers la création, de filmer les autres, d’être derrière la caméra et de ne plus du tout, du tout, être soumise au rythme de l’actualité.

 Justement, quel plaisir trouvez-vous…
A l’actualité, plus aucun !

… Non : à ce nouveau choix. Est-ce que vous découvrez des choses ?
Tout ! Le temps long, la profondeur des rencontres, d’autres interlocuteurs… Les gens me disent : «tu fais quand même un peu la même chose…» Mais non ! Quand vous êtes réalisateur, producteur, vous ne rencontrez pas les mêmes personnes que quand vous êtes journaliste sur des grands rendez-vous d’information. D’abord, j’ai beaucoup plus de temps pour tout, pour réfléchir à des projets, mais aussi aider de jeunes réalisateurs à produire leur premier film, c’est très différent. L’exaltation, je l’ai maintenant.

Pas de regret, vous n’êtes pas en manque d’actualité ?
Jamais ! Jamais, jamais… C’est mon repos intellectuel, je ne m’informe plus jamais en temps et en heure. Ah non ! Par exemple en ce moment, j’écris une fiction pour le cinéma, un long métrage. Je m’enferme trois jours par semaine avec une co-scénariste et le portable reste au fond du sac. Je n’avais jamais connu ça jusqu’à il y a 3 ans.

Quand on est enfant, on se projette toujours un peu, est-ce que vous avez l’impression d’être devenue celle que vous vouliez ?
Je n’avais aucune projection particulière… En revanche aujourd’hui, je pense que personne, dans mon univers professionnel depuis 25 ans, ne peut vous dire que je me suis mal comportée. On peut toujours s’améliorer, mais je suis assez fière de l’éducation que j’ai reçue, de mes parents, de mon parcours professionnel. Il n’y a pas si longtemps, on me demandait encore, dans une interview : «mais finalement, vous pensez que votre patronyme, ça a été une chance ou une malédiction?». Je n’ai jamais vu les choses comme ça. Je suis très fière du nom que je porte, c’est le nom de mes grands-parents qui se sont battus pour vivre en France, même pour survivre tout simplement, et c’est mon nom ! Mais quand j’ai démarré, je me suis dit : on pourra dire n’importe quoi, mais pas «elle ne fiche rien». Je me suis donc mis une pression terrible, j’ai accepté des choses que les autres ne voulaient pas faire, parce que ce n’était pas forcément très gratifiant. Dès le début, j’ai beaucoup travaillé. Et je me suis très rapidement débarrassée d’un éventuel complexe lié à mon nom, parce qu’il y a des univers professionnels, et l’audiovisuel en fait partie, où on ne vous embauche pas pour vous faire plaisir. Je sais donc très bien que si, à un moment, on ne m’avait pas trouvée compétente ou travailleuse, ç’aurait été terminé. Je ne me pense pas formidable, ou mieux que quelqu’un d’autre, mais je suis assez fière de ce que j’ai construit, juste parce que j’en suis l’artisan.

FAN DE…

Quelle est votre actrice préférée ?
Elodie Bouchez

Quelle est l’artiste dont vous adoreriez avoir une création chez vous ?
Vivian Maier (photographe de rue américaine des années 50 à 80)

Votre styliste préférée ?
Coco Chanel pour «hier» ; Vanessa Bruno, Vanessa Seward et mon amie Paule Yefet créatrice de la marque Don, pour «aujourd’hui».

Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ?
Florence Foresti

Quelle est l’auteure que vous dévorez ?
Cette année, j’ai adoré «Les enténébrés» de Sarah Chiche. Brillant.

Quelle est votre chanteuse préférée, que vous doublez sous la douche ?
Madonna

Quelle est la championne que vous admirez ou avez admirée ?
Martina Navratilova.

Quelle est votre femme de média préférée ?
Je sèche…

Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ?
Actuellement ? Qui me fascine… Aucune !

Quelle femme de l’histoire admirez-vous ?
Toutes celles qui ont résisté et qui résistent.

Quelle est votre héroïne préférée ?
Ma mère.

photos : Charlotte Schousboe/FTV

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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