Marie Martinod, coup d’show

19 Avr 2018

argent content

Sotchi 2014 – Pyeong Chang 2018, 2ème marche du podium du half-pipe féminin, la doudoune a changé de couleur, une paire de lunettes s’est invitée au-dessus du sourire vainqueur, mais la joie est de même teneur. Ce n’est pas l’histoire qui bégaie, c’est Marie Martinod qui lui fait un pied de nez. Double médaillée.

2 skis, 2 carrières, 2 titres olympiques… et 2 globes de cristal. Marie Martinod n’en est pas, pour autant, une fille binaire, ce serait trop simple. Des vies, elle en a bien plus que deux : championne du Monde en 2003 ; jeune retraitée du sport 4 ans plus tard, à 22 ans ; figure incontournable des nuits de la Plagne pendant 6 ans ; maman d’une petite fille avec qui elle survit à un grave accident… En 2013, elle fait un come-back retentissant, et enchaîne les médailles, surtout d’argent. A 33 ans, elle dit qu’elle raccroche… enfin, pour l’instant.

Activmag : Cette 2ème médaille olympique a-t-elle la même saveur que la 1ère ?

Marie Martinod : Non. Là, j’étais attendue, j’ai donc fait un gros boulot pour que ça ne vienne pas pourrir mes ambitions et mon ski. Et c’est parce que j’ai réussi comme ça, sous la pression, qu’elle a une saveur différente. C’est l’aspect mental dont je suis le plus fière.

Il paraît en plus que tu étais blessée ?

Je me suis fracturé le coccyx à l’entraînement, juste avant de partir. Je savais qu’il ne fallait pas que je tombe sur les fesses, mais j’ai essayé de faire comme si ça n’existait pas, pour que ce ne soit pas une épée de Damoclès au-dessus de ma tête.

Mais il vient d’où ce mental de warrior ?

De warrior, je ne sais pas, mais quand j’ai repris le ski, il y a 5-6 ans, j’ai rapidement compris mes faiblesses, notamment ma forme physique et mon manque d’acrobaties, mais aussi mes forces, et j’ai donc bossé dessus.

Et tes forces, quelles sont-elles ?

Le mental, l’expérience et le fait que j’ai un ski propre, que mes figures soient toujours abouties. Je ne fais pas juste un truc que les autres ne savent pas faire, je veux que ce soit joli.

Il y a vraiment une différence de forme physique, par rapport aux autres filles ?

Sur le circuit de Coupe du Monde, si je n’ai pas le double de leur âge, j’ai bien 10 ans de plus. Ça veut dire que quand je me pète quelque chose, je reviens moins facilement. Ma pause de 6 ans a forcément eu des conséquences. J’ai été obligée de bosser dur pour me refaire un corps d’athlète et même si j’ai été hyper-bien coachée, je suis moins véloce, je soulève moins lourd que Tess Ledeux (championne du Monde 2017 en slopestyle) à la muscu… Mais je représente quand même cette génération de riders qui ont connu les tout débuts du freestyle : les premiers X-Games, les premières compèt’, les premières parutions dans les magazines, les premiers skis doubles spatules, donc du coup, je suis fière d’avoir réussi à aller jusqu’à ces Jeux de 2018, c’était inespéré.

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’y retourner d’ailleurs ?

En 2012, je n’avais pas remis les pieds dans un pipe depuis 6-7 ans, je travaillais beaucoup et ça ne me manquait pas, j’étais heureuse, épanouie… J’ai su que le half-pipe devenait discipline olympique à Sotchi, alors j’ai eu envie d’y aller, pas forcément aux JO, mais juste retourner dans le pipe, parce que j’avais presque oublié ce que ça faisait. Comme j’ai passé une super journée, j’ai demandé à mon conjoint, avec qui je tenais un commerce, si ça le dérangeait que j’aille faire une compétition à Tignes, juste pour voir. Je n’avais rien à gagner, rien à perdre non plus… Je suis montée et je l’ai remportée. C’était une petite compèt’ européenne, pas une coupe du Monde, pas de quoi s’emballer, je n’étais pas redevenue celle que j’étais, mais ça a fait marrer plein de gens, qui m’ont dit “vas-y, y’a de la place”.

L’année d’après, j’étais de retour sur le circuit de la Coupe du Monde et je gagnais les X-Games… Il y avait aussi eu cet accident de voiture super grave, quelques années plus tôt, où on a failli mourir toutes les deux avec ma fille Melirose. Sur le coup, tu ne te rends pas compte, mais après, je me suis dit que je ne voulais plus jamais rater une occasion de faire quelque chose, risquer de m’encroûter dans un quotidien…

Quand on parle de toi, on parle de ton parcours atypique, de ton côté rock ou maman, est-ce que tu te reconnais dans ces cases ou est-ce que ça te gonfle ?

Suivant mon humeur du jour, la personne que je rencontre et comment elle reçoit ce que je dis, on va me coller l’étiquette de la maman, de la rockeuse, de la tatouée, de la fille qui a plein de vies dans une vie… Ça me fait marrer… L’important c’est que je sache qui je suis, moi. Et puis, j’en joue aussi, parce qu’on fait un sport d’image, où il ne suffit pas de décrocher des médailles. Il faut aussi avoir des choses à raconter, à vendre… Finalement, c’est du marketing tout ça. Et puis, il vaut mieux être plein de gens à la fois que de n’être personne, être insipide, non ?

LE DÉCÈS DE DAVID POISSON EN NOVEMBRE M’A FUSILLÉE, J’AI PASSÉ 2 SEMAINES À ME DEMANDER CE QUE JE FOUTAIS LÀ… JE SUIS CONTENTE DE POUVOIR ME RETIRER AVEC LES HONNEURS.

Avec cette médaille, tu t’offres un départ en fanfare, mais tu n’as pas peur de regretter ?

Franchement, j’essaie de ne pas oublier les périodes plus compliquées. Quand je passe 3 mois sans skier, au moment où je me rebalance dedans, c’est de plus en plus difficile. Je n’ai pas honte de l’avouer, il y a une espèce de peur qui s’installe. Et je commence à être touchée par des événements qui ne me sont pas personnels : le décès de David Poisson en novembre m’a fusillée, j’ai passé deux semaines à me demander ce que je foutais à aller m’entraîner, à faire du ski, alors que je risquais tous les jours de laisser ma fille orpheline. Je suis donc très contente d’arrêter là, de pouvoir me retirer avec les honneurs. C’est sans regret. Et il y aura une suite ! Je ne pense pas quitter le monde du sport, j’ai encore plein de choses à faire, notamment dans l’événementiel, et ça, c’est super enthousiasmant ! Du 16 au 18 novembre prochain, je serai d’ailleurs marraine du White Festival, le plus grand Show de ski & snowboard Freestyle indoor, et ce sera ici, à Albertville.

Photos : Tristan Shu

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