You’re talking to me ?
A moins d’être en pleine conversation whatsapp avec shakespeare, si Molière vivait à l’ère du jour, sûr qu’il en ferait une tragédie ! Entre argot, verlan, onomatopées et anglicismes au sommet, la langue française, on en parle ?
Mais where is Brian ? Seraient-ils devenus old school mes vieux manuels scolaires ? Déjà que j’avais du mal à trouver «my umbrella in the kitchen» autant vous dire que 30 ans après, c’est lost in translation !
Aujourd’hui, on bosse dans des open space, en direct live, overbookés et tendus comme des strings par des deadline ultra short. Pas plus tard qu’hier, hyper speed, dossier dans les starting blocks, je maile mon boss, histoire de checker vite fait. Réponse : «OK. ASAP». L’effronté ! Quesaco ? «You’re talking to me?». Ecarquillée, temps d’arrêt, j’acquiesce sans mot dire mais je n’en pense pas moins, j’en perds mon latin. Entre forwarder, downloader ou débriefer, je bugge complet. Je suis sûre que ça fait super vintage de ne pas connaître ce truc et le vintage ça a beau avoir le swag, là, c’est la loose. Si j’ai pas envie de faire partie du prochain turn over, j’ai plutôt intérêt à être dans le mouv’ !
GO GO GO DANS L’DICO !
Mais si je vous dis que j’ai frôlé le burn-out, vous me croyez? Après avoir envisagé tout rapprochement phonétique et tourné la chose en long en large et en travers, j’ai passé pm à décortiquer fuck the sigle avant de tomber up and down sur les pattes arrières : «locution adverbiale tirée de l’anglais – sans déconner – as soon as possible, signifiant dès que possible…». Bras ballants, déconfite et bave en filet : j’suis vraiment has been, 3 heures à piger une expression qui gagne du temps ! Alors là, question timing, shame on me, c’est du verlan.
Mais comment en est-on arrivé là ? Comment Roberte la rousse a-t-elle accepté une telle intrusion dans sa bouche? C’est tout much non?
LOOK AT ME…
Le monde surfe sur la vibe, anytime and anywhere entre planète insta’, FB, snap et autre appli hyper fashion. News du jour, spot parfait, place to be, concept store, scoop au top et dernier coffee shop à la mode, geeks & addicts ne ménagent pas leur monture. Entre cheap et staiiile, ils collectionnent likes, lovers and followers en s’affichant no limit : selfie de biais, bouche en cul de poule dans les chiottes, Yorkshire à mémère in the living et french kiss à la pelle, toutes langues dehors, d’hashtags en dérapages, c’est open ! Tout le monde est à la mode british. C’est awesome ! Je n’dirais pas que ça me fait kiffer la life de passer ma vie sur reverso mais what else ? Job, hobbies and co… Pas vraiment le choix, quoique, voyez plutôt.
NO PAIN NO GAIN
L’autre jour, à peine arrivée sur le parking, voilà qu’elle déboule, gorgeous et débordante avec un smile à lui déformer les bajoues. Elle ? C’est ma BFF – best friend forever – large comme un fatboy, mais so excited d’afficher son babybump. Elle avait invité family and friends pour une garden party d’enfer, today, c’est baby shower! Elle qui d’habitude est si sexy, on ne peut pas dire qu’elle soit vraiment bancable!
Pour l’occas’, c’est foodporn! Healthy, vegan, asian, spanish and italian food, c’est magnifailleque ma chérie! Tout le monde fait des ohhh et des ahhh et frétille comme un gardon, yummy yummy, c’est l’orgasme à toutes les sauces et dans toutes les positions. Mother fucker, les bras m’en tombent. Je veux bien être cool, et bi de la langue, mais question gastro et mises en bouche, rendons à César, ce qui est à César, pas de salade, frenchfooding is the king!
Bi or not to be, j’en suis bouche bée.
© Anatol Misnikou
