mec plus-ultra : Jean-Marc Barr

21 Déc 2020

De l’aura en Barr

A la barre de sa carrière, Jean-Marc Barr, acteur et cinéaste franco-américain, fait figure de barré. Il débute par un énormissime succès pour se réserver ensuite très vite à un style bien plus feutré, pas en apnée.

Il n’y a pas si longtemps, je me remémorais, en pleine expérimentation apnéique foudroyante, le regard abyssal de Jean-Marc Barr dans ce Grand Bleu dramatico-romantique qui éclaboussa le cinéma des eighties. Et immergea son disciple dans la vaste notoriété qu’on lui connaît. Une destinée qui aurait pu finir en queue de poisson si le beau gosse d’alors n’avait pas eu les nageoires véloces pour négocier rapido le changement de courant qui l’attendait. A 60 ans tout pile, Jean-Marc a gardé tout le charme de son accent d’outre-Atlantique et la facétie d’une posture bien en marge de la starification à tout prix. Pourvu qu’il soit libre.
Cap toute sur des choix artistiques plus confidentiels -tendance jusqu’au-boutistes- et des positions personnelles bien loin des standards, l’engagement et la conviction chevillés au cœur comme boussoles.

Activmag : Comme nous fêtons les 30 ans de notre canard, permettez-nous de faire un come-back sur vos 30 ans à vous. Vous les avez fêtés 2 ans seulement après la sortie du Grand Bleu. Est-ce à dire que vous étiez alors toujours en pleine déferlante à ce moment-là ?
Jean-Marc Barr : A 30 ans, on n’est plus vraiment un jeune homme, mais pas tout à fait un homme non plus. Le Grand Bleu a été un cadeau énorme, complètement inattendu, jamais je n’aurais imaginé être aussi connu à cet âge-là et aussi rapidement. J’ai tout fait pour ne pas y croire. Mon métier d’acteur était un choix du cœur et j’ai toujours su qu’il fallait du temps pour l’apprendre. Pour autant, j’ai vite fait des choix différents, qui ne rentraient pas dans ce que l’on attendait de moi, notamment avec les films de Lars Von Trier (NDLR : Jean-Marc Barr est l’un des acteurs fétiches de ce réalisateur, scénariste et producteur danois connu pour son univers trash et son esthétique sombre). Je me suis, en quelque sorte, un peu retiré du jeu, mais j’étais dans une espèce de quête intérieure. On me regardait un peu de travers, mais je voulais mener ma barque à ma façon.

Photo : Pool CATARINA/VANDEVILLE/Gamma-Rapho/Getty Images

Quels sont les meilleurs et les pires souvenirs de ces 30 ans ?
Le jour des mes 30 ans, j’étais tout seul à San Diego en Californie. Après le Grand Bleu, ma Yougoslave (Irina Decermic) avait perdu son sens de l’humour, même si elle est revenue ensuite ! J’ai tout de suite choisi une vie de nomade et déliée d’attaches matérielles très inspirée du parcours errant de Jack Kerouac. Me connaître, c’était accepter de ne jamais me voir. A cette époque je me suis parfois senti très seul à vivre dans les chambres d’hôtels…

En faisant le choix de n’avoir ni appartement, ni voiture et de gagner moins d’argent qu’en faisant des films très grand public, j’ai gardé ma liberté de dire et d’être.

Vous êtes aujourd’hui papa d’un petit garçon de 5 ans, quel monde lui souhaitez-vous pour ses 30 ans ?
Ça, c’est une question difficile. L’avenir me fait peur, je n’arrive pas à lire les nouvelles, je les trouve cauchemardesques. J’espère que dans 30 ans, l’être humain aura trouvé une autre philosophie que celle du profit et de l’exploitation. Nos vies sont liées à un énorme spectacle. Mais je garde l’espoir de la résistance.

Nous rendons dans ces pages hommage aux hommes qui nous ont inspiré et dont vous faites partie. Et vous, quelles sont les figures masculines qui vous ont marqué, influencé ?
Je n’ai pas eu de mentor à proprement parler mais ce que je peux dire, c’est que la culture américaine ne me suffisait pas, j’ai eu besoin de me plonger et d’aller puiser dans mes racines européennes. Des écrivains comme Arthur Miller ou Tolstoï m’ont imprégné, des personnages de l’histoire aux destins marqués aussi. Et comme je suis un enfant de l’image, le cinéma a été une vraie ressource spirituelle et de réflexion. Et mon père, bien sûr, qui m’a dit un jour que nous devions tous essayer d’améliorer l’espèce. Peut- être que cela m’a guidé dans mes choix.

Très sensible à la question de l’environnement, vous semblez très ancré dans la terre, la nature, le vrai. Vous êtes parrain de l’association CETASEA pour la protection des mammifères marins et avez des engagements forts et durables. En quoi cela est-il fondamental pour vous ?
J’ai toujours essayé d’avoir une démarche honnête et de rechercher la vérité en toute chose. Mes choix, parfois en marge, m’ont donné la possibilité d’avoir une opinion sur le monde et d’être libre de l’exprimer. En renonçant à une certaine forme de célébrité « main street », en faisant le choix de n’avoir ni appartement, ni voiture et de gagner moins d’argent qu’en faisant des films très grand public, j’ai gardé ma liberté de dire et d’être. Je suis fidèle à moi-même et à mes convictions et j’ai toujours essayé d’échapper au formatage de pensée.

Vous êtes un des acteurs fétiches de Lars Von Trier dont le cinéma est un peu l’antithèse des blockbusters américains ? Qu’est-ce que ce cinéma incarne pour vous ?
Depuis 20, 30 ans, l’idée même du cinéma est noyée par le curseur du box-office. Pour moi, être acteur, ce n’est pas être un business man, ni se cantonner aux rôles qu’on vous impose. La vraie richesse, c’est de pouvoir choisir. En ayant pleinement conscience que le culturel est conditionné par le capitalisme et en essayant de m’extraire de ce schéma, peut-être que j’enraye un tout petit peu la grande machinerie, à ma façon…

Pour rester connecté, vous pratiquez toujours l’apnée, qui est finalement le plus grand cadeau que le Grand Bleu vous ait fait ! Qu’est-ce que cette activité vous procure ?
Faire de l’apnée, c’est entrer en contact avec sa mortalité et se connecter à son insignifiance. C’est la chose la plus forte et la plus claire qu’il m’ait été donné de faire. Et en même temps, c’est quelque chose à la fois de très profond et de très sensuel qui vous branche en direct sur l’instant et l’infini. Même si aujourd’hui, j’ai coutume de dire que je fais de l’apnée «pré-gériatrique», à 10 mètres de profondeur seulement !

Vous ne le savez sans doute pas, mais nous partageons avec vous un certain goût pour l’humour, parfois décalé, cela vous a-t-il parfois joué des tours ?
L’humour, j’en ai besoin, ça fait partie de moi. Mon père était comme ça, et j’ai gardé cette idée que l’on peut chercher le drôle en toute chose. C’est un plus de légèreté, et pour moi qui n’aime pas les conflits, c’est une façon de communiquer, de ne pas se renfermer sur soi. Même si nous n’avons, hélas, pas tous le même sens aiguisé. Pour moi, y a de l’amour dans l’humour.

Gaëlle Tagliabue

Gaëlle Tagliabue

Journaliste
SURNOM : Gaz, Gazou et toutes ses déclinaisons les plus suspectes. PERSONNAGE DE FICTION : Mercredi de la Famille Addams, j’adore son côté dark et cinglant sous ses airs d’enfant sage. OBJET FETICHE : La chanson qui colle à l’instant, elle me suit partout. ADAGE : "Mon principal défaut c’est de les avoir tous…" C’est de mon père, j’adore cette phrase. JE GARDE : Mes amours, mes amis. JE JETTE : Mes emmerdes, quoique... La peur et le doute… mes poubelles sont pleines ! DANS 20 ANS ? En escale entre 2 voyages, en train de raturer un carnet noirci de belles histoires.

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