Mec plus-ultra : José Garcia

11 Jan 2021

Si José…

Quand il pousse la porte du cours Florent, José Garcia a 20 ans et « pas le choix ». Sur les planches, il joue sa vie. Une carrière et plusieurs dizaines de rôles plus tard, l’envie ne s’est pas tarie, la joie du jeu est intacte, et sa foi, celle du premier jour.

L e duo comique est un classique. Souvent, il y a celui qui parle et celui qu’on regarde. Pendant les sept années de son tandem avec Antoine de Caunes dans l’émission Nulle Part Ailleurs, José Garcia a captivé la caméra. Sa simple apparition, en moine girond et imbibé, en De Niro possessif ou en pulpeuse Sandrine Trop forte (sosie, aux côtés de Richard Jouir, de Cindy Crawford), suffisait à déclencher l’hilarité du public, mais aussi, et surtout, celle de ses complices. Rien ne semblait l’arrêter, ni les overdoses de bananes ou de chantilly, ni les talons aiguilles ou les strings léopard, ni les chutes du ponton du Carlton. Pendant les quelques minutes que durait le sketch, il n’était peut-être que le second rôle, mais il le jouait totalement à fond, dégageant une sorte de jubilation communicative. A la fin de ces années 90, devenir l’un des visages phare de la grande époque Canal a lancé sa carrière d’acteur : du festif «  Jet-Set  » (2000) à l’effréné «  A fond ! » (2016), en passant par l’angoissant « Le Couperet » (2005), avec une quarantaine de films en 20 ans, il a, depuis, largement déployé sa palette de jeu. Et il y prend toujours autant de plaisir.


Activmag : Quand vous avez passé le cap de la trentaine, en 1997, vous sortiez de la folie «  Nulle Part Ailleurs », et vous mettiez les pieds au cinéma, avec «  La vérité si je mens !  ». Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
José Garcia : C’était des années extrêmement riches, ma fille aussi est née en 94, donc j’étais vraiment pleine bourre ! Des années bénies, avec le plaisir de jouer, de dire ce qu’on avait envie de dire sans être jugés toutes les 5 secondes, d’être dans un monde où on pouvait encore se marrer comme des fous, où rire était irrévérencieux. Après, ça a commencé à se durcir petit à petit. Mais pour être là tous les soirs à délirer avec les gens, il faut une vraie folie quotidienne et beaucoup de travail. Et puis Canal+ était au sommet de sa gloire. Il y avait un melting-pot de gens, un mix de fous furieux qui venaient de tous les horizons, de la radio, de la BD…
Et tous ceux qui écrivaient, que ce soit Albert Algoud ou Laurent Chalumeau, étaient vraiment des gens de lettres, ils ne s’arrêtaient pas à «  caca boudin  », quoi. Donc c’était valorisant et excitant intellectuellement.

Vous souvenez-vous de quelques épisodes marquants ?
Les plus dingues, c’était à Cannes. Là, on devenait vraiment barrés… On travaillait 15 heures par jour, dans une espèce de vitesse de croisière frénétique. Mais on en a fait tellement ! Certains personnages, je les avais oubliés. Parce que j’étais aussi avec Karl Zéro, avec qui je faisais déjà 3-4 personnages dans la journée, et le soir c’était avec Antoine, donc je passais mon temps dans les paillettes… A tel point que je nettoyais mon maquillage à l’acétone. Je peux vous dire que pendant un an ou deux, j’ai mis des pains de crème pour compenser tout ça !

Après, on vous a naturellement associé à la comédie. Est-ce que vous auriez aimé jouer plus de rôles dramatiques ?
Des rôles dramatiques, j’en ai eu un paquet  ! A chaque fois que je faisais une comédie, j’avais deux films dramatiques ou d’auteur. De ce côté-là, je suis tranquille, tout va bien.

Vous êtes à l’aise dans les deux univers ?
Bien sûr. Vous savez, vous êtes un être humain, vous vous levez le matin, vous n’êtes pas forcément en train de rire. Les films, c’est pareil. On passe 2 ou 3 mois à travailler sur des thèmes qui peuvent être assez durs, d’autres qui portent des messages, parfois extrêmement profonds qui vous touchent personnellement et c’est très valorisant, parce que ça donne de l’énergie pour aller reprendre la comédie. L’idéal, c’est de pouvoir alterner tout le temps.

Je passais mon temps dans les paillettes…
A tel point que je nettoyais mon maquillage à l’acétone.
Je peux vous dire que j’en ai mis des pains de crème pour compenser tout ça !

Y a-t-il des films qui vous ont laissé une trace plus forte que les autres ?
L’expérience la plus forte, et en même temps le plus gros taquet que j’ai pris dans ma carrière, c’est le film de Jean-Jacques Annaud, «  Sa Majesté Minor  » (2007). Je me souvenais de « la Guerre du Feu » et quand j’ai fait Minor, j’ai dit à Jean-Jacques : “j’ai l’impression qu’on ne va pas en être loin” et il m’a dit que dans certaines scènes à la fin du film, j’avais fait pire ! J’étais toujours pieds nus et pratiquement à poil, on courrait dans la rocaille, mais c’était fait avec tellement de grâce qu’on ne voit pas tout ça. Mais moi j’ai vécu le summum de ce que j’attendais en tant qu’acteur  : quelque chose qui était très très difficile à faire. Chaque jour, je ne savais pas si j’allais m’en sortir. Et ça a été aussi le plus gros four qu’on s’est pris. Même la promo a été terrible… Mais ce que j’ai vécu là, je crois que je ne le vivrais plus jamais, et c’est bien dommage, parce que ça a été une expérience démente… Quand une truie de 300 kg manque de vous manger la moitié de la joue par exemple, ça ne s’oublie pas…


On a parlé de Jean-Jacques Annaud, d’Antoine de Caunes… Qui sont les hommes de votre vie ?
D’abord mon père, on a tous au moins cette référence-là. Elle peut être bonne ou mauvaise, pour moi, elle est bonne. Et puis il y a ceux qui étaient à l’écran et qui m’inspiraient. Un des tout premiers, c’est Anthony Quinn, parce qu’il avait justement quelque chose de mon père dans le sourire, le côté terrien. Pour moi, l’excellence, c’est «  Zorba le Grec  ». Mais il y a eu aussi Mastroianni ou Ugo Tognazzi, j’adorais la comédie italienne, de Funès, Albert Finney, Gene Hackman, De Niro… plein de grands acteurs qui m’ont donné la veine. Et après, François Florent (du Cours Florent) m’a donné confiance, Francis Huster, Philippe Gildas, évidemment Antoine, mais d’abord Albert Algoud, Karl Zéro…

A 30 ans, est-ce que vous vous imaginiez cette carrière ?
A 30 ans, j’avais la chance d’avoir des choses bien arrimées, d’avoir eu du succès, ce qui n’est pas évident. J’ai commencé très tôt, à 17 ans. Mais pendant 10 ans, j’étais au chômage, c’était difficile et franchement, je voulais simplement faire mon métier au théâtre, je n’avais pas d’autres prétentions… Mais je n’ai eu que des bonnes surprises, et beaucoup de chance, ça a été au-delà de mes espérances. Parce qu’il ne suffit pas de réussir pendant un certain temps, il faut tenir. J’aurais pu dévier vers l’écriture ou la réalisation, et être frustré de ne plus être appelé en tant qu’acteur, alors que mon plaisir, à moi, c’est de jouer.

A quoi ça tient, le fait d’aller dans la bonne direction ?
C’est de suivre son plaisir et ne pas s’étouffer non plus dans le travail. A 40 ans, je me suis arrêté pendant un peu plus de 2 ans, parce que j’étais en train de me mettre dans une espèce de boucle : je vivais dans un monde virtuel, sur des plateaux et en même temps sur des promotions, et des plateaux, et des promos… Le plaisir était en train de s’étioler. Il y a beaucoup de gens à qui ça arrive. On continue à avancer, on gagne très bien sa vie, alors on commence à s’embourgeoiser, à accepter des rôles, mais pas pour les bonnes raisons… Et ça, c’est le danger. Moi, j’ai toujours voulu rester extrêmement vif, rester à distance, pour garder le désir de créer des personnages ou de partir vers des rôles qui n’ont rien à voir, de prendre des risques qui paraissent inconsidérés pour certains, mais qui me plaisent. Parce qu’il faut y aller, quoi ! Parce que je suis un flambeur, j’aime quand il y a de l’adrénaline et que c’est difficile !

Est-ce qu’on n’est pas un peu obligé de passer par ces périodes-là, de remettre tout à plat ?
On est obligé de passer par plein d’étapes, mais il faut les raisonner tout le temps. M’arrêter pendant 2 ans et demi a été la meilleure chose que j’ai faite de ma vie ! Parce qu’après, j’ai commencé à avoir vraiment faim et à repartir. Aujourd’hui, j’arrive sur un plateau avec le même plaisir de mes 30 ans et je peux vous dire que j’étais extrêmement content d’arriver à cette période-là ! J’ai la même envie de me dépasser et ça, ça s’entretient. Il faut faire attention de ne pas tomber dans la facilité ou dans quelque chose qui peut coûter cher. Il y a des acteurs qui arrivent à faire une carrière internationale très belle, ce qui est formidable, mais ça a un prix. J’ai une amie actrice espagnole qui me disait : “José (avec l’accent), tu sais, aux Etats-Unis, plus la caravane est grande, et plus t’es seul”. Tout a un coût, il faut viser la vie qu’on a envie de choisir, ce qui vaut vraiment la peine d’être vécu.


Est-ce que vous auriez pu faire autre chose, prendre un autre chemin ?
Ecoutez… non. J’avais vraiment le couteau entre les dents quand je suis entré dans un cours de théâtre la première fois. C’était soit ça, soit finir du haut d’un pont, quoi… Et je crois qu’encore maintenant, j’ai toujours la même foi qu’au premier jour. Je n’ai pas eu ma ration d’imprévus, je ne suis pas allé au bout. Et je n’y arriverai jamais, c’est ça qui est beau !

Photos : © M Hugo KERR

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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