mec plus-ultra : Richard Berry

16 Déc 2020

Permis de barreau

On l’a souvent vu en costume cravate ou en chemise noire, mais depuis 2018, sur scène, Richard Berry porte une barbe de quelques jours et la robe. Verbe haut et col blanc, en se glissant dans la peau d’éminents avocats, il défend l’un des rôles les plus importants de sa carrière.

Il a accompagné sa fille à Rome, pour un chant du cygne déchirant, dans «Le Petit Prince a dit». Il a défendu Israël dans «Pour Sacha» et lutté contre les terroristes islamistes à Paris dans «l’UnionSacrée». Il a géré, avec ses potes, une maison pleine d’enfants et vide de femmes à La Baule, dans «15 Août». Mais en ce début du mois de novembre, il est confiné, comme tout le monde.
Lui qui souffre affreusement du manque de liberté qu’impose le contexte sanitaire, s’y soustrait pourtant, conscient que “la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres”. Un sens civique qu’il entretient sur les planches où il jouait -avant la mise sur pause due à la Covid- «Plaidoiries». Tiré d’un travail de reconstitution mené par le journaliste Mathieu Aron, grand reporter à l’Obs, ce spectacle rassemble cinq grandes figures du barreau, pour cinq moments d’éloquence et de vérité qui ont marqué leur époque. Parmi eux, Gisèle Halimi défendant l’avortement,
Paul Lombard s’attaquant à la peine de mort ou encore Michel Zaoui, dernier représentant de la partie civile à plaider lors du procès de Maurice Papon. Parce qu’avocats et acteurs jouent avec les mots, en maîtrisent la puissance, Richard Berry est dans le prétoire comme un poisson dans l’eau.

Activmag : Dans Plaidoiries, vous vous mettez dans la peau de personnalités qui ont existé, pas de personnages de fiction, pour une pièce qui au-delà du jeu, a un aspect politique, historique… Quelle est la place de ce projet dans votre carrière ?
Richard Berry : C’est assez important dans ma vie d’acteur, parce que comme vous venez de l’évoquer, il y a une place, je ne dirais pas politique, mais sociale, une façon d’avertir le public sur des faits de société qui ont fait évoluer les mentalités, qui ont fait évolué des lois aussi. Donc ce travail, et celui qu’ont pu faire les avocats à un moment donné, au cours d’une affaire dans leur vie, devient un véritable travail social au quotidien. Je le fais tous les soirs pour rappeler l’importance de la justice, de l’avocat dans la société, de la parole de l’avocat dans certains cas. Donc je me sens très concerné et très citoyen de faire ça.

Réaliser un film… choisir ses acteurs, ses décors, ses costumes,
ça a un aspect beaucoup plus créatif que d’être acteur.

Et c’est aussi la première fois que vous vous retrouvez seul sur scène…
Oui, et je me suis rendu compte à quel point c’était gratifiant. Même s’il y a la très belle mise en scène d’Eric Théobald, même s’il y a le travail des avocats, parce que leur parole est quand même au premier plan, en pre- mière ligne dans ce spectacle, il y a aussi mon travail d’acteur, qui est tout seul et qui vient mettre en valeur cette parole. Et pour un acteur, c’est très gratifiant de savoir que les gens viennent vous écouter, qu’ils se déplacent pour vous entendre.

Y’a-t-il d’autres films ou pièces que vous avez joués qui ont révélé quelque chose de vous, d’autres pierres angulaires dans votre carrière ?
Il y a eu, d’une autre façon, le moment où j’ai décidé de faire de la mise en scène. Mon premier film, «L’art délicat de la séduction», était inspiré d’un roman, «Kurtz», de Jean-Pierre Aubert. Mais après, j’ai écrit un autre film totalement original, «Moi, César 10 1/2 ans, 1m39» qui partait vraiment d’un vécu personnel, intime. Et là, le fait de faire de la mise en scène, d’être à l’origine du projet, de l’écriture, de choisir ses acteurs, ses décors, ses costumes, ça a un aspect beaucoup plus créatif que d’être acteur. En tant qu’acteur, on est dépendant, ou plutôt au service des autres, ce qui n’est pas désagréable de temps en temps, je dirais même reposant. Et là, tout d’un coup, il y avait quelque chose de plus gratifiant aussi, parce que c’était moi et moi seul. Quand les gens sont venus voir le film, j’étais très touché. Et ils continuent d’ailleurs de le voir, c’est marrant, il se repasse de génération en génération. En tous cas, ce sont des étapes de vie qui ont fait qu’à un moment donné, j’ai pris confiance dans mon propos.

Vous avez aussi beaucoup fait confiance aux autres : Eric Assous (auteur de Nos Femmes et La Nouvelle, mis en scène au théâtre par Richard Berry), Alexandre Arcady (réalisateur du Grand Pardon, l’Union Sacrée, Pour Sacha…), Christine Pascal (réalisatrice notamment du Petit Prince a dit), vous êtes assez fidèle dans vos collaborations… Est-ce que vous êtes un homme de bande ?
De bande, ce n’est pas tout à fait le cas, parce que ça sous-entend beaucoup de monde. Là, ce sont des amitiés qui ont parfois débordé sur des fidélités professionnelles. Christine, Arcady bien sûr, Timsit ou Assous, sont vraiment des complices artistiques, avec lesquels je m’entendais très très bien. D’ailleurs, vous mettez le doigt sur quelque chose qui vient me rappeler, tristement, un manque épouvantable. Que ce soit Christine, qui était vraiment ma complice, qui disait même que j’étais son double masculin ou Eric, avec lequel j’avais l’impression d’écrire à une seule voix, ils sont partis aujourd’hui et je me sens assez seul. Pour le dire très honnêtement, j’ai vraiment perdu des frères, des amis, des sœurs qui étaient aussi importants dans ma vie professionnelle que dans ma vie privée.

Quels ont été les hommes de votre vie ?
Les hommes de ma vie, ce sont d’abord des gens comme Louis Jouvet, Montgomery Cliff, Marlon Brando… Sans les connaître, ils m’ont inspiré, marqué par leur travail, par ce qu’ils ont écrit. Je pense surtout à Louis Jouvet en disant ça, parce que c’était un homme de théâtre, mais aussi un homme de cinéma. Et puis après, il y a eu les grands acteurs américains, comme De Niro, en particulier, pour lequel j’ai toujours une immense admiration. En ce qui concerne les amitiés que j’ai pu avoir, je retrouve Eric Assous, je retrouve Arcady… Arcady, il est venu me chercher, il a découvert toute une génération d’acteurs, comme moi, Darmon, Bacri, il y a pas mal de gens qui sont passés dans ses films, donc il compte beaucoup. Francis Veber aussi, j’ai adoré travailler avec lui. Et puis vous parliez d’hommes, mais pour moi, Christine Pascal est aussi importante que tous les hommes que j’ai pu rencontrer.

Vous avez passé le cap des 30 ans en 1980, vous aviez principalement fait du théâtre, mais vous aviez déjà quelques films à votre actif. Quels souvenirs, quelles impressions gardez-vous de cette trentaine ?
Une période de grande libération ! A la fois par l’autonomie que j’ai pu vivre en tant qu’acteur, parce que je quittais la Comédie Française et que je pouvais voler de mes propres ailes, sans plus dépendre d’une institution : on me proposait beaucoup de films, je devenais totalement libre, indépendant, c’était énorme ! Et il y avait aussi, ce qui contribuait énormément à ce sentiment, les années 80, c’est à dire l’arrivée de Mitterand. A l’époque, Mitterand, c’était comme le messie, c’était le libérateur. C’était la première fois qu’un homme de gauche arrivait au pouvoir et les années 80, pour moi, c’est un rayon de soleil qui déferle sur la France. Tout à coup, on a l’impression d’être libre, quoi ! Il y a la place donnée à la culture avec Jack Lang, l’art, la créativité, l’architecture… J’avais l’impression que les institutions allaient se remettre en question. Donc une sensation d’immense liberté, de libération.

©Stéphane de Bourgies / ©Céline Nieszawer

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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