madame & la communication adhésive
Monsieur franchit la porte de l’appartement et tombe en arrêt (pas cardiaque je vous rassure) devant une «gentille» surprise colorée préparée par madame. Non hélas, ce n’est pas un chemin de pétales de roses menant à une chambre éclairée de bougies parfumées… Non, fidèle lectrice, nous ne sommes pas à bollywood, nous sommes dans la vraie vie!
Devant les yeux de Loulou se trouve une foultitude de petits papiers collants de couleur, oui les fameux Post-It, placés à des endroits stratégiques apparemment… Monsieur soupire, car lui aussi aurait préféré le chemin de pétales menant à une créature au dessein animé de bonnes intentions! Ce qui l’attend c’est plutôt de la lecture, un mauvais Goncourt de circonstance, semble-t-il!
Des sortes de commandements, cette fois au moins dix…
Eh oui, à l’ère du texto, Madame préfère ce mode de communication, disons euh… vintage. Il arrive fréquemment qu’en rentrant du travail, il tombe sur un papier fluo, ou plutôt c’est le papier qui tombe sur lui car ce n’est pas follement adhérant. D’un autre côté – pas celui du papier – il adhère, car s’il y a bien un endroit où Madame le couvre de bisous, c’est bien sur lesdits post-it : «Belle journée à toi, bisou» ou juste un gros cœur dessiné avec un bisou à l’intérieur, ou même : «Si tu pouvais vider le lave-vaisselle avant de partir tu serais chou, bisou», c’est son côté bisounours. Et s’il arrive qu’un: “N’oublie pas d’aller acheter le pain, bisou” arrive un jour de pluie battante, juste après avoir passé 10 minutes à enlever sa combinaison de moto sur le paillasson, il ne moufte même pas… A la clé – peut-être – un «Mille bisous», voire un torride «Bisous XXL» pour adulte averti.
CARTON JAUNE !
Sauf qu’aujourd’hui, Madame l’arbitre a sorti les cartons : sur le frigo un post-it jaune : “Ce soir on mange quoi ? Ta main ?”. Ça ressemble à de l’humour, mais ça n’en est pas forcément. Le message induit une réaction du type : “J’ouvre le frigo, ciel ! Si la bière n’est pas un aliment, alors, c’est qu’il est vide !” Ah tiens, nom d’un bouddha, un post-it ROUGE à côté du jaune : “Et merci de bien vouloir éviter la salade d’endives, j’en fais une OVERDOSE”. En majuscules souligné 3 fois et bien sûr pas le moindre bisou. Là, il est probable qu’à son retour, si elle croise une feuille de chicon, elle fait exploser sa ceinture et il se retrouve dans la daech !
Aargh, c’est la loi des séries, il aperçoit un autre jaune, là : “Te sens-tu capable de vaincre cette montagne de linge à repasser avant qu’elle ne s’écroule ?” Et cet autre carré orange : “J’ai l’impression qu’il y a du monde sous mes pantoufles, nous aurait-on dérobé l’aspirateur ?” On sent chez Madame l’envie de pratiquer la pensée positive, mais en version forceps façon Macron : “C’est moins fainéant et plus efficace…”
Monsieur a les oreilles qui sifflent.
Il trouve qu’Elle a durci le jeu et l’a taclé trop sévère. Il fait appel à son libre arbitre et note sur un Post-It : “Un carton jaune suivi d’un rouge, mince ! Me voilà suspendu pour 1 à 2 mois, exclu sans passer par la case vestiaire… Donc, étant mis sur la touche, je ne suis malheureusement plus autorisé à effectuer les travaux ménagers sur notre terrain de vie commun. C’est cruel… Mais étant fair-play, j’accepte la sanction, sans broncher!”
Monsieur est un gros malin, il a juste oublié l’imminence de la saison des transferts : le fameux Mec’ato d’hiver…
article écrit en collaboration avec Bernard Manet. Illustration : Sophie Caquineau
