on the rhône again : le Clos du Caillou

21 Sep 2021

Clos-working

Dans la famille Vacheron, on partage l’espace de travail : une cinquantaine d’hectares de vignes à Courthézon, à côté de Châteauneuf-du-Pape, dont l’épicentre est le Clos du Caillou, un domaine qui, s’il est entouré d’un mur, n’a rien de fermé… 

D’abord, il y a le lieu, enchanteur. Derrière le muret en pierres et les grands pins qui entourent la propriété, un ensemble de bâtisses claires aux volets lavande surplombe un luxuriant jardin. Le début d’été a été généreux en précipitations, les couleurs des lauriers n’en sont que plus vives et la pelouse est couverte de petites fleurs blanches… A y regarder de plus près, ce sont en fait de minuscules escargots blancs, des mourguettes, perchés par centaines sur les brins d’herbe. 
L’ensemble est lumineux, chaleureux, joyeux. Comme le sont les accents, les regards et l’accueil de l’équipe du Clos. Il y a Bruno, le responsable cave et vignoble, Axel, le fils de la maison, fraîchement diplômé de l’école de viticulture et d’œnologie de Changins (Canton de Vaud), Marilou, la fille, en charge de l’export  et Sylvie, la mère. Le Clos du Caillou, c’est le domaine de sa famille. 

Une famille en hors

Quand son grand-père l’achète, en 1956, il est vigneron dans le Nord-Vaucluse et cherche à installer ses trois fils. Le Caillou, ce sera pour Claude, le père de Sylvie. A l’époque, c’est une réserve de chasse, 17 hectares de bois et quelques parcelles de vignes, propriété de la famille Dussaud, des ingénieurs en bâtiment qui ont notamment travaillé aux côtés de Ferdinand de Lesseps à la construction du Canal de Suez. Mais en 1923, quand il a été question de délimiter l’aire d’appellation Châteauneuf-du-Pape, le gardien du domaine a chassé les experts, faisant du Clos une enclave hors zone, non classée dans l’appellation. Qu’à cela ne tienne, Claude est conscient du potentiel de ce terroir, et malgré les critiques des locaux, il déboise, défriche, replante et structure.
Sylvie grandit évidemment sur le domaine, traîne dans les vignes, aime, plus que ses deux sœurs, ramasser les sarments : “une enfance royale, simple, une vraie famille. J’étais la dernière, un peu gâtée, je me laissais porter par la vie.” Une vie qui la mène en BTS viti-œno à Mâcon, où elle rencontre Jean-Denis Vacheron, fils d’une pointure de la viticulture sancerroise. Il l’emporte avec lui vers l’exploitation familiale, sur les bords de Loire.

Savoir Parker

Mais en 1995, Claude veut ranger sa serpette et pose un ultimatum à ses filles : “soit il y en a une qui reprend, soit on vend !”. “On est une famille de gros caractère !” commente Sylvie dans un sourire. “J’avais ma vie à Sancerre, mon boulot à l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité), on venait d’acheter une maison… Mais à Courthézon, il y avait tout à faire et ça donnait une place énorme à Jean-Denis. Il m’a dit : là-bas, je pourrai m’exprimer. Alors en deux conversations, on s’est lancés. Il a fallu prendre beaucoup de décisions en très peu de temps, ça a été une vie folle, mais très riche.”
Il faut quand même 2 ou 3 ans pour que le couple trouve ses marques, que le gars de la Loire s’acclimate, s’habitue au vent et au manque de pluie, dompte ces vins du sud plus chargés en alcool que les Sauvignon ou les Pinot qu’il connaît par cœur. Et puis ils décollent. En 2001, Robert Parker attribue une note de 100/100 à leur Côtes-du-Rhône «Réserve». “Les articles disaient que Jean-Denis vinifiait à la Bourguignonne, avec beaucoup de fraîcheur, de la finesse”, se souvient Sylvie. “Le fax sonnait sans arrêt, les commandes n’arrêtaient pas !” ajoute Marilou qui n’avait pourtant que 7 ans à l’époque. “Les vins de cette année-là sont magiques, il y a toujours une charge émotionnelle quand on en ouvre une bouteille…”. Car c’est le dernier millésime de Jean-Denis, qui perd brutalement la vie dans un accident de la route l’année suivante.

Pour que la vie…gne continue

“Marilou m’a dit : je te laisse les vacances de Pâques et on rouvre le caveau  !”, raconte Sylvie. La petite fille y accueille les visiteurs, leur parle du vin, des cépages. Si, plus tard, elle suit des études de commerce à Lille, c’est «pour voir autre chose». Mais elle retrouve le domaine en 2016 : “on a vu ma mère se battre, revenir était presque naturel, une suite logique. La vigne, c’est plus qu’un métier, c’est une vie.” A laquelle Sylvie s’accroche. En traversant la canicule et les «raisins de Corinthe» de 2003, les grands froids de 2004, mais “après, ça n’a été que du velours.”
En partie grâce à Bruno Gaspard. Scientifique de formation, œnologue, il se frotte aux vins du sud depuis la fin des années 80, de Corbières à Gigondas, en passant par Bandol ou Laudun. En arrivant au Caillou, en 2002, “il a repris les notes de mon père, essayé de comprendre le vin qu’il voulait faire, il a consolidé la certification bio et su gagner la confiance de ma mère”, confie Marilou, “ils ont formé un super duo !” Que Parker gratifie encore de plusieurs 100/100 entre 2010 et 2016.

Héritage et assemblages

Aujourd’hui, pour continuer à gérer les 44 hectares en Côtes-du-Rhône et les 9 en Châteauneuf-du-Pape que compte le domaine, un autre duo est en train de se former, avec le récent retour à  Courthézon d’Axel, le petit frère de Marilou. 
Pour écrire leur part de l’histoire familiale, ensemble, ils ont repris le Domaine de Panisse, dont ils vinifient les cuvées au Caillou. “Marilou a une connaissance fine des marchés, sait ce que le client attend. Lui n’a pas le même caractère, réfléchit beaucoup, mais connaît mieux la partie vigne”, résume Sylvie. “Ils sont très complémentaires, et moi, je me laisse porter maintenant. Quand il n’y plus rien à faire au bureau, je file à la vigne. Là, on respire, on réfléchit… Je n’ai aucune frustration à lâcher aux enfants, mais je leur ai dit : ce n’est pas un échec si on divise le Caillou ! Moi, je n’aurais pas pu m’entendre avec mes sœurs… Alors rendez-vous dans 10 ans !”, pour savoir si les jeunes Vacheron auront su perpétuer la tradition et réussi à Clos-worker. 

 + d’infos : http://closducaillou.com  

©photos : Clément Sirieys

LE MOT DE CHARLY

Le domaine m’a été recommandé par une amie sommelière, et ce qui m’a plu dans leurs vins, qu’ils soient rouges ou blancs, c’est cette explosion, avec une grande finesse, une subtilité. « Les Safres », leur Châteauneuf-du-Pape blanc est très floral, très frais, très expressif, et caillouteux aussi en note finale. Comme tous les vins de ce domaine, ils ont un certain niveau d’alcool (autour de 14°C) qu’on ne ressent pas à la dégustation, on prend du plaisir jusqu’au bout. Pour l’accompagner, j’irais sur un poisson, pas trop fort, comme un omble chevalier meunière ou un plateau de fromage savoyard avec du reblochon, de la tomme de Savoie, de l’Abondance ou du Beaufort.

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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