perdue dans le vide inter-lexical

18 Déc 2018

accords et désaccords

«Bonjour peir noeill, je voudrè de la pâtamodler pour fèr des pidza avec la machine… C’est que le début, maman, mais dis-moi, j’ai fait des fautes ?…» désespoir. Les mains jointes – et crois-moi, pour écrire, y’a plus simple – j’implore donc ton aide, père noël. Je t’en prie, fais quelque chose pour elle, et surtout pour moi…

Dans le monde de N°2, le français est une langue étrangère comme les autres. Elle écrirait certainement du bulgare ou du swahili avec la même poésie. Je sais qu’elle n’est pas une exception, que chaque année, Père Noël, tu reçois, par milliers, des trésors scribouillés la langue tirée, des perles libérées de toute contrainte syntaxique, des ovnis orthographiques, et qu’ils te font sourire grand-paternellement. Longtemps d’ailleurs, les petits arrangements de ma fille avec les règles d’usage ont eu sur moi le même effet. Je fondais devant sa liste de courses, sur le tableau de la cuisine, parsemée de «cocille sinjake, desere ou dent tifrice» – ce dernier répondant à une certaine logique quand même, soyons fair-play – ou en découvrant sa ré-interprétation du passé simple : «il fit, ils fitrent / il prit, ils pritent / il vit, ils vitrent / il doit, ils doitent…» – extraits AUTHENTIQUES de son cahier de brouillon, tu te doutes bien que je n’aurais jamais su faire preuve d’autant d’imagination.

MUMMY DANS TOUS SES ÉTATS

Mais voilà, je ne suis malheureusement pas qu’une mère attendrie. Je suis aussi un ayatollah de l’étymologie, une intégriste du dictionnaire, engagée contre la maltraitance lexicale et viscéralement intolérante aux fautes de grammaire. Je me fais violence pour ne pas reprendre – en tous cas, pas à chaque fois – les écarts de conjugaison de l’Homme, fâché, comme toute sa région, avec le subjonctif ; et, sur les réseaux sociaux, un minimum de clairvoyance – la peur de la solitude surtout – me retient de rayer de mes contacts les expéditeurs de messages du genre «Salut sa va ? Ses quand que vous vener vous baignée ?» De toute façon, d’ici peu, je ne verrai plus rien. Ma rétine, usée par ces agressions répétées, aura rendu sa cornée.

Oui, je sais, autant d’intolérance, c’est moche, et je ne suis pas fière de moi… Et c’est sûrement pour cette raison que le ciel – ton pote barbu, peut-être parce que je ne lui suis pas très fidèle, ou le dieu vengeur des dyslexiques, dysphasiques, dyspraxiques et autres victimes des troubles de l’apprentissage – m’envoie son châtiment : un concentré d’aberrations linguistiques recouvert de ma chair, irrigué par mon sang, un amour d’enfant lumineux comme deux, incollable sur les conditions de vie des lamantins et les personnages de Tintin, mais totalement hermétique à la logique orthographique. Cette irrésistible ironie du sort me renvoie donc dans mes 22, nez à nez avec mes préjugés sur les accords du participe passé.

PÉDAGO MAIS PAS TROP

Le soir, au moment des devoirs, je te laisse donc imaginer les dégâts… quand il s’agit de préparer les dictées ou de réviser l’imparfait, je n’ai strictement aucun sang froid. JE NE COMPRENDS PAS QU’ELLE NE COMPRENNE PAS. Et c’est là, Père Noël, que je compte sur toi et ta connaissance exhaustive des innovations et nouvelles technologies pour lui dégoter, je ne sais pas moi, un implant grammaire, un concentré du Bescherelle en intra-veineuse ou carrément un exo-alphabet, comme il existe des exo-squelettes… Et si jamais tu ne trouvais rien de tout ça, rabats-toi sur mes souliers, et glisses-y une bonne grosse bonbonne de protoxyde d’azote : à défaut de trouver comment l’aider à se corriger, j’arriverai au moins à en rigoler.

+ d’infos :
mavraieviedemaf.wordpress.com

Illustration Sophie Caquineau

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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