pic et pic et choléra
LE SOLEIL EST PIQUANT, JUSTE À POINT. LE GOUTTE-À-GOUTTE DU CAFÉ TINTINNABULE, PRÊT À ME PERFUSER. LA JOURNÉE S’ANNONCE DOUCE, CALME ET REPOSÉE, ŒIL ENCORE COLLÉ ET CERVEAU EMBRUMÉ, PETIT TOUR EN SMARTFAUNE ! ATTENTION, RISQUE DE MYXOMATOSE EN VUE.
Savoir si Suzanne a enfin pissé des paillettes ou si Pamela s’est encore peinte comme un panda. On s’en tape complet, non ? En substance, totalement, mais au fond, on adore ! L’être humain est… juste humain, il aime s’inoculer la vie d’autrui, sans ordonnance, pas vrai ? Trop grisant de s’injecter les maux des autres, et d’en sortir indemne ! Quelle veine !
Ce matin-là, prête pour un petit shoot de voyeurisme curatif, la dernière mesure politique en vogue me coupe l’herbe sous le pied. Entre les accros de doctissimo et les beatniks qui se fourrent des hectolitres d’huiles essentielles en intra veineuse, tout le monde a fait médecine, ou quoi ? Merci mon adjuvant, j’ai une chronique à écrire, je bois du p’tit lait !
Les avis vont bon train, les jugements à deux balles aussi. Le problème ? La sempiternelle baston entre labos all’chimistes, médecins voie royale ou barres parallèles, ministre de la santé et Français moyen qui sait mieux qu’à la cour des grands si une p’tite piquouse que multiplie 11 est utile ou pas. Et là, ça y va ! C’est la guerre des nerfs !
Au Nord, on remonte à 1885, Louis Pasteur, les épidémies, les vies sauvées, plus loin encore que l’histoire de la maladie à travers les siècles, on radote et on insiste : le but ? Convaincre l’auditoire tiraillé et encourager une dose d’utilité publique !
Au Sud, on riposte et on évalue les risques, on développe, on extrapole. Le plus fou, c’est qu’en s’appuyant sur la même histoire, les sudistes vous en sortent une nouvelle. Celle qui arrive à semer le doute : à les écouter, scientifiques et politiques vous injecteraient volontiers un poison verbal, démagogique et immoral, discours létal… Médecine à fric, chercheurs et labos pourraient aller jusqu’aux meurtres en intramusculaire pour refourguer leur stock de médocs ? D’ailleurs, ont-ils réellement fait des études ou sont-ils juste collabos des hautes instances, en clair, l’état français ?
Au Sud, c’est certain. A moins que leurs années d’études et de recherches, soit dit en passant super longues, empêchent-elles tout bonnement de décimer une population toute entière grâce aux petits flacons préventifs ?
Au Nord, c’est raccord. Délire paranoïaque ou excès de crédulité ? C’est à en perdre son latin. Totalement déboussolée, moi, mère poule premier cru, je me suis rendue illico presto dans le carnet de santé de mes enfants et, malheur horreur, ils ont déjà été piqués par les 11 machins mortels sans huiles essentielles avant même la dite mesure !
Du coup, au nord, soit je suis sacrément avant-gardiste d’avoir choisi Nostradamus réincarné pour pédiatre, soit, au sud, en essayant de protéger mes poussins de douleurs atroces, voire sacrément mortelles, j’ai commis un acte de cruauté !
Faut que j’me fasse piquer ?
