illusions d’optique

A première vue, les inégalités hommes-femmes s’estompent. C’est le sentiment général, une des raisons pour lesquelles les femmes elles- mêmes ressentent moins l’urgence de défendre leurs droits. Ce n’est pas totalement faux, mais à
y regarder de plus près,
le fossé n’est pas encore comblé. Déconstruction d’une illusion en cinq idées reçues.

Idée reçue n°1

Aujourd’hui, les nouvelles générations de pères/maris, sont beaucoup plus impliquées dans le partage des tâches domestiques (maison + enfants), on tend vers l’équilibre, puisque chacun des partenaires y consacre, par jour :

A. 4h47
B. 1h55
C. 3h13

Réponse : 4h47 pour les femmes, dont 3h13 dédiées aux seules tâches ménagères (vous voyez lesquelles, messieurs ?), auxquelles vient se greffer tout ce qui concerne les enfants et le quotidien. Il paraît que ça évolue quand même dans le bon sens. 1h55, c’est ce que font les hommes, enfin… plus ou moins, puisque il s’agit d’une moyenne…!

En Suisse aussi, les choses vont en s’améliorant, puisqu’entre 2010 et 2013, les pères ont consacré environ une heure de plus par semaine aux tâches domestiques et familiales, soit 27,6 heures… contre 51,3 pour les femmes.

Idée reçue n°2

En France, le viol est réprimé depuis 1810, puni de 15 ans de réclusion criminelle depuis 1980 et, depuis 2006, le statut de conjoint, de partenaire civil ou de concubin de la victime est même devenu une circonstance aggravante. On estime chaque année le nombre de femmes victimes de viol à :

A. 20 000 (mais les chiffres sont sous-estimés, car toutes les victimes ne portent pas plainte)
B. 52 000 (1000 par semaine, ça fait beaucoup, non?)
C. 84 000 (pas qu’en France quand même… )

Réponse : En moyenne, chaque année, on estime que 84 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viol, en France. Dans 90^% des cas, la victime connaît son agresseur. Seulement 10^% des victimes déclarent avoir déposer plainte. En 2014, 765 hommes et 6 femmes ont été condamnés pour viol sur des personnes de plus de 15 ans. Attendez… 765 hommes condamnés pour 8400 plaintes déposées – si mes calculs sont bons… – donc à peine 10^% des plaintes donnent lieu à une condamnation, ou, histoire de se faire encore plus peur : à peine 1^% des viols ou tentatives…

(Source : Mission Interministérielle pour la protection des femmes contre les vio- lences et la lute contre la traite des êtres humains – Novembre 2015.)

Idée reçue n°3

«A travail égal, salaire égal», le principe est inscrit en lettres d’or sur le pas de porte de toutes les entreprises suisses et françaises. Même si ce n’est pas encore le cas dans les faits, l’écart salarial entre hommes et femmes a considérablement diminué ces dernières années. Il est aujourd’hui de :

A. 10^%
B. 24^%
C. 32^%

Réponse : Sur la base d’une journée standard (9h-12h30/13h30-17h), les Françaises pourraient s’arrêter de travailler chaque jour à 15h40, puisqu’elles sont payées 24^% de moins que les hommes – ce chiffre atteint 32^% chez les dirigeantes salariées. 15h40, c’était d’ailleurs le mot d’ordre du 8 mars 2017. (Source : Insee 2017)

Même schéma en Suisse où l’écart salarial moyen se situe autour de 20^%, mais descend à 16,6^% dans le secteur public (source : Office Fédéral de la Statistique – 2014).

Idée reçue n°4

Deux femmes candidates à l’élection prési- dentielle, c’est peu (même pas 20%) mais grâce à la loi sur la parité en politique, leur présence est plus marquée dans les instances locales. En 2014, combien de femmes ont donc été élues à la tête de leur commune ?

A.16^%
B. 25^%
C. 32^%

Réponse : 16^%. En France, même si la situation s’améliore (14^% en 2008 et 6^% en 1989), on est encore à moins d’une femme maire pour 15 hommes. En Suisse Romande, la fonction de maire, de syndic ou de président de commune reste largement une affaire d’hommes. Seuls 118 des 769 exécutifs communaux sont dirigés par une femme, ce qui correspond à un taux de 15,3^% (source : RTS). Pas de jalouses, même traitement d’une rive à l’autre du Léman.

Idée reçue n°5

En France, moins d’un délinquant sur cinq est une délinquante. La justice est symbolisée par une balance, et pour cause, elle ne fait pas de différence entre les sexes et s’applique de la même manière aux hommes et aux femmes. Pourtant… laquelle de ces affirmations correspond à la réalité :

A. Quand les femmes sont reconnues coupables à l’issue d’un jugement, les tribunaux correctionnels prononcent deux fois moins souvent des emprisonnements comportant une partie ferme à leur encontre.
B. Les durées d’emprisonnement ferme prononcées sont moins longues pour les femmes que pour les hommes.
C. Les mesures alternatives (rappel à la loi, indemnisation de la victime, régularisation…) concerne plus les femmes que les hommes.

Toutes sont vraies. L’emprisonnement avec une partie ferme représente 10 % des peines prononcées à l’égard des femmes contre 23^% de celles concernant les hommes ; quand il est prononcé, l’emprisonnement ferme de moins de 30 mois concerne un tiers des femmes contre un quart des hommes ; et les mesures alternatives elles, constituent 60^% de la réponse pénale apportée aux femmes contre seulement 41^% de celle apportée aux hommes. Les femmes font donc l’objet d’un traitement judiciaire moins lourd, et ce, à chaque étape de la réponse pénale.

(Source : INSEE – Femmes et Hommes, l’égalité en questions, Edition 2017)

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