salon de la femme, journée de l’auto ?

23 Mai 2017

des pin up pour pick up

Le 87ème salon de l’auto de Genève s’est ouvert le 9
 mars, au lendemain de la journée internationale des droits de la femme. Quel symbole ! Dans un Palexpo surchauffé, sentant la transpiration et le parfum scorpio, 700 000 visiteurs, majoritairement masculins, ont pu, pendant 10 jours, admirer et rêver devant les voitures et les indispensables hôtesses. Si utiliser de jolies filles pour vendre une voiture ou en faire sa promotion relève, pour les uns, du folklore inévitable, pour les autres, ce mondial de la testostérone n’est qu’une vulgaire manifestation sexiste et surannée. Le salon
 de la carrosserie est-il vraiment le dernier bastion du machisme ? Enquête très activ’ dans le « sein des seins » !

Le rêve commence à peine entré. Des voitures rutilantes, des filles en minijupe sur le capot, et des visiteurs au front moite, à l’œil égrillard et l’envie fiévreuse. Ils viennent, pantelants, quémander un selfie au mannequin «gorgeous» et aguichant devant une bagnole inaccessible.

SWISS DREAM

Sur certains stands, on nage en plein cliché. Notamment celui des marques italiennes ou des Allemands de «Klassen car design». Les bimbos prennent la pose. Jupe courte (peut-on encore appeler ça jupe?), bottes, cuissardes ou escarpins, longues jambes galbées, attitude, accessoires bling bling, sourire mécanique ou duck face, tout est fait pour allécher le visiteur. «Macho pécho, et c’est le Pérou» ! Chez Dodge, c’est miss salon de l’auto 2017, la Tessinoise Michela Russo qui s’y colle, appuyée contre un énorme pick up. Les selfies s’enchaînent. Décolleté généreux, fesse moulée, elle affronte les regards en coin, ou les remarques lourdaudes. Le badaud reluque, mate, plus discrètement d’ailleurs si son épouse l’accompagne. “Je viens pour chercher du rêve, je viens pour voir, (…) le salon de l’auto, c’est comme le début d’un film porno”, dit dans un sketch un des deux humoristes suisses de l’émission «120 secondes». Pas complètement faux…

UN MONDIAL DE L’HÔTESSE

Bref, au premier abord, on a l’impression d’être dans une foire bizarre, une sorte de bulle hors du temps où les stéréotypes machos fonctionnent encore. Un salon où le sexisme aurait libre cours, et à côté duquel les sketches de Jean-Marie Bigard seraient des odes au féminisme. Caricature me direz-vous ! Mais tout de même, associer les femmes aux publicités automobiles ne date pas d’aujourd’hui! Au salon de l’auto, les hôtesses sont présentes dès le début, à Paris comme à Genève. Comme le dit alors avec délicatesse André Citroën, qui s’y connaissait en DéeSse, « dans la publicité, la femme n’est qu’un objet décoratif, dont l’élégance est comparée à la beauté d’une carrosserie”. Le magazine Causette confirme : “il en va des voitures comme des « gueuzesses », on les aime bien carrossées avec de beaux airbags”. Il suffit de taper «voiture» + «fille» sur Google pour s’en rendre compte. Diaporamas du style «les 10 plus belles hôtesses», films, articles et reportages abondent… Et les inévitables jeux de mots avec «carrosserie» ou «pare-chocs». Rires gras garantis. Pas très subtil ! Les médias contribuent largement à véhiculer avec complaisance et fausse pudeur cette image «chaud business» du salon. Une sexualisation de la voiture associée au pouvoir masculin jugée insupportable par l’association féministe «les Chiennes de garde».

On a l’impression d’être dans une foire bizarre, une sorte de bulle hors du temps où les stéréotypes machos fonctionnent encore.

UNE GIRL NEXT DOOR

Pourtant, à bien y regarder, le profil du mannequin très «hot(esse)», un peu potiche, est largement minoritaire au salon, réservé à certains stands bien précis ou aux journées presse, qui précèdent l’ouverture au public. Le reste du temps, c’est une sorte de «girl next door» qui alpague le client lambda. Jolie mais pas renversante. Un physique rassurant, pour l’épouse présente notamment. Jeune, multilingue, en général étudiante en psycho, en droit, en langues, elle trouve ici le moyen de gagner un salaire correct au prix d’une journée intense. Son quotidien et sa motivation sont souvent bien éloignés des voitures au départ. “Je ne connaissais rien aux voitures auparavant”, confient plusieurs d’entre elles. Casting, formation basique, iPad en mains, tenues aux couleurs de la marque, et c’est parti pour le marathon du sourire ! Ainsi chez Jeep, point de cheap. Sobriété de rigueur. Tenues aux tons marron, ambiance safari. Logique pour une marque qui se la joue «aventure». Chez les écolos de Biogaz, bretelles vertes et profils atypiques recherchés ! Et le look austère des hôtesses Dacia colle parfaitement au positionnement de la marque. Détail important, presque toutes portent des baskets aux pieds. Converse, Stan Smith et autres ballerines ont pris la place des escarpins. Indispensable pour rester debout des heures. Un look moderne et décontracté bien loin des clichés sexistes finalement.

UN VIRAGE SALUTAIRE

André Hefti, directeur général du salon, confirme cette évolution : “l’hôtesse plante verte, c’est fini ! Aujourd’hui, elles suivent des formations et possèdent une connaissance produit”. Effectivement, être hôtesse est un vrai job ! Venir en aide, orienter, distribuer de la documentation, prendre des rendez-vous. Une vraie nounou ! Mais qui est désormais accompagnée par des hôtes ! Et oui, il faut bien appâter un public féminin de plus en plus prescripteur d’achats. Ont-elles le sentiment d’être des femmes objets ? “Les gens nous confondent souvent avec les mannequins qui viennent poser lors des journées presse”, affirme une jeune hôtesse du stand Peugeot. Et la drague ? “Je pensais que ça serait pire”, rétorque une autre. En fait, elles se plaignent plutôt du sexisme des clients, doutant des compétences de ces jeunes femmes. “En tant que femme, il est difficile au début d’être crédible, il faut du temps”, reconnaît cette hôtesse. Eh oui, rompre un lien séculaire entre l’homme et la mécanique n’est pas simple ! Dans ce domaine, les stéréotypes de genre sont tenaces.

UNE FOURBERIE D’ESCARPIN ?

En cela, le salon suit les recommandations de divers rapports publics sur le sujet, qui préconisent de « sortir du registre machiste » dans les publicités, de choisir « des tenues vestimentaires qui ne réduisent pas la femme à un rôle de faire-valoir » et de recruter « à parité » hôtes et hôtesses pendant les salons. Certains salons zélés, comme celui de Shanghaï, vont jusqu’à interdire la présence des mannequins sur certains stands. Exit l’hôtesse dénudée. Une tradition s’écroule ! Le pékin sera déçu…

Le virage semble pris. Mais les doutes subsistent. Remplacer des escarpins par des baskets ne change pas grand-chose sur le fond. De la mise en scène, de la com, une fourberie… “Si c’était vraiment des passionnés d’automobiles, affirme l’humoriste suisse Thomas Wiesel, il y aurait des garagistes à côté des bagnoles, pas des étudiantes”.

QUAND MADAME FAIT SALON

Désolé pour le cliché, mais au salon, côté visiteurs, vous croisez un public très-stostérone, où la femme est rare et en couple de surcroît. Monsieur devant, la truffe au vent, Madame le suit 2 pas derrière, sans éclat particulier dans le regard. Quand il a repéré un modèle qui l’intéresse, lui s’approche et en fait le tour, tout en penchant la tête de côté, il savoure. Puis, il ouvre généralement la portière/conducteur et s’installe. Logiquement madame prend la place du passager/ mort. Pendant qu’il inspecte les compteurs et tripote les manettes, elle ouvre la boîte à gants, teste le confort du fauteuil et va jauger le coffre. Ils échangent quelques mots, monsieur prend le regard pénétrant de celui qui sait. Par contre l’œil de certaines femmes, plutôt jeunes, va s’éclairer en s’approchant des voitures « féminines » : look ville/sportif/branché/marque ; on sent qu’elles s’imaginent très bien au volant de « leur » bébé, en virée avec ou sans les copines.

Questionnées, elles répondent en général qu’il faut raison garder, que le fonctionnel/enfants prime, que la consommation/écologie est prise en compte, que le budget n’est pas extensible quand 2 véhicules sont nécessaires, que le beau et la qualité sont appréciés mais coûteux, et que c’est monsieur qui choisit la motorisation. L’exception : une femme seule, quarantaine assurée, passion des voitures transmise par papa, cherche le coup de cœur, beau, robuste et performant, look élégant, pour se faire plaisir au volant. Elle scrute et inspecte les modèles sous toutes leurs coutures, prend même des photos. Habituée des salons c’est elle qui choisit la motorisation !

© olly, © Kepek, © konradbak, © olly

Emmanuel Allait

Emmanuel Allait

Chroniqueur SURNOM : Manu. Mais je préfère qu'on m'appelle Emmanuel. Un peu long, mais plus c'est long, plus c'est bon, non? PERSONNAGE DE FICTION : bob l'éponge. J'ai passé 40 ans à faire la vaisselle et ce n'est pas fini ! Je suis un spécialiste. OBJET FETICHE : un stylo plume. Beaucoup plus classe qu'un ordinateur. Ou une montre, automatique bien sûr. Regarder le temps qui passe pour en profiter au maximum. ADAGE : mon cerveau est mon second organe préféré (woody allen). JE GARDE : joker. JE JETTE : mes pieds. DANS 20 ANS ? je serai sur une scène, guitare à la main, pour jouer Europa de Carlos Santana. presse@activmag.fr

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