valentin delluc, speed rider

13 Août 2020

AIR DE JEUX

« ALLER PLUS HAUT, ALLER PLUS HAUUUUUUUT… » POUR QUOI FAIRE ? VALENTIN DELLUC N’EST VISIBLEMENT PAS UN FAN DE TINA ARENA, CAR LUI, QUAND IL S’ENVOLE, CE N’EST PAS POUR S’ÉLOIGNER DU PLANCHER ET DE SES VACHES, MAIS POUR CONTINUER, TOUT EN LÉGÈRETÉ, À LES EFFLEURER.

PAR MÉLANIE MARULLAZ
Image : Aiguille du Midi (2016)©Tristan Shu

Valentin Delluc ©Tristan Shu

La météo est capricieuse ce matin. De gros nuages sont accrochés aux falaises qui surplombent le Lac de Montriond, du côté de Morzine-Avoriaz. Valentin n’a pas pu gonfler sa voile, mais il en faut plus pour faire disparaître les fossettes qui chatouillent ses joues dès qu’il sourit. Le jeune speed-rider a le zygomatique hyperactif, l’œil qui brille et l’enthousiasme contagieux.
“Mon but, c’est de me faire plaisir, d’arriver en bas avec le sourire. Même si tu viens de dévaler 1000 mètres en 2 minutes, alors qu’il t’a fallu 2 heures pour les monter ! C’est tellement fort qu’à chaque fois que tu te poses, quoi qu’il se soit passé, tu es toujours content. Et je veux que ça reste comme ça : une passion. J’aime voir des choses que peu de gens voient”. Et les voir de près, au point, souvent, de les toucher du bout des spatules ou même des doigts : les toits des immeubles d’Avoriaz, la cime des sapins, la main de Nathan Paulin en équilibre sur sa slackline… C’est la particularité de ce type de vol, très court et intense, proche du sol : “A cette hauteur, on ressent très fort l’effet de vitesse, il faut adapter sa trajectoire au terrain, au centimètre près. Tu n’as jamais trop l’impression de quitter le relief, tu le frôles, tu cherches des trajectoires, c’est comme en ski.”

UN AIR DE FAMILLE

Car son premier élément, à Valentin, c’est la neige. A 2 ans et demi, il glisse déjà. Après le ski club de Lans-en-Vercors et la découverte du freestyle, il enchaîne sur une formation sport études à Thônes pour devenir pisteur, comme son père qui balise chaque hiver les pentes des Portes du Soleil. Comme lui aussi, il se met très tôt à la voltige. “Il est pilote d’ULM. Tout petit, je suis monté dans son 3 axes (petit avion biplace) et il me faisait faire des décrochages.” Liées à un ralentissement, ici volontaire, ces pertes d’altitude donnent, dans le cockpit, une impression d’apesanteur. A laquelle Valentin prend goût : à 11 ans, il s’initie au parapente, à 15 ans, il est instructeur d’ULM et quand il skie, il décolle dès qu’il peut, enchaîne les sauts, les figures… Bref, c’est en l’air qu’il a ses repères. A 18 ans, il fait enfin converger ces deux univers, neige et air, en se mettant au speed riding.

Aiguille du midi ©Tristan Shu

APPEL D’AIR

Ça fait un moment déjà que son frère Anthony, de 4 ans et demi son aîné, lui parle de cette pratique toute récente : du vol libre avec une mini-voile (d’une surface de moins de 12m2 contre 20m2 minimum pour une voile de parapente) qui permet “d’améliorer le ski”, et de se lancer dans des endroits inaccessibles.
Mais c’est quand ce dernier perd la vie, dans un accident sur le Tour de France d’ULM, que Valentin ressort son matériel. “J’ai voulu faire ce qu’il faisait, voir ce qu’il ressentait, il me disait que c’était tellement bien. En freestyle, je commençais à avoir mal aux genoux, j’avais envie de faire autre chose, et avec ce genre d’événements, tu revois ta façon de penser… J’avais toutes ses vidéos, de bonnes connaissances en aérologie, et j’ai pris quelques conseils auprès d’Albert Baud, qui m’avait formé au parapente. Mais les 1res fois, zéro tension dans le harnais, mes pentes n’étaient pas bonnes, ça ne marchait pas, je ne comprenais rien.” Il ne lâche pas l’affaire pour autant. Et se rapproche d’Antoine Montant, figure de proue de la discipline, orphelin d’un frère aîné lui aussi, et tous les jours pendant l’hiver 2010-2011, il chausse les skis, déplie sa voile, démêle des suspentes… Tant et si bien qu’il participe, à la fin de cette première saison, aux championnats de France. Six ans plus tard, il accédera au titre national.

Moonline ©Stefcande.com

SOUFFLE D’AIR SHOW

A 28 ans, sous ses airs d’enfant, Valentin Delluc est aujourd’hui un grand du speed riding et quand il ne vole pas… il vole. Adepte du base jump, il vient de se mettre au kitesurf, mais aussi à l’apiculture, et bientôt à la couture, pour ravauder ses voiles. “J’ai plein de passions, mais je n’ai pas le temps de tout faire…” La vidéo et les réseaux sociaux ont attisé la curiosité de gros sponsors et assis sa notoriété. La toile s’enflamme quand il «ride» le câble d’un télésiège désaffecté ; retient son souffle quand il surfe sur l’aérosol d’une avalanche qu’il vient de déclencher dans l’Aiguille du midi ; jubile quand il se lance dans un canyon poursuivi par un drone; s’émeut quand le halo de sa voile, éclairée par des centaines de leds, survole en nocturne les séracs du glacier des Bossons, dans un doux mélange de vitesse et de poésie.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, si ce prodige de la voltige aime jouer, ce n’est pas une tête brûlée, du décollage à l’atterrissage, il garde tous les sens en alerte. “Il faut avoir peur, s’en servir pour ne pas se sentir invincible et faire n’importe quoi. L’humain n’est pas fait pour voler à 140 km/h à quelques centimètres des cailloux. A cette vitesse, si proche du sol, il n’y a pas de marge d’erreur, il faut donc être un peu «réveillé». Et puis, il faut savoir se dire que la montagne ne bouge pas, que si les conditions ne sont pas bonnes, tu peux toujours revenir le lendemain. 80% des accidents arrivent quand tu pousses… Je ne vole donc jamais l’après-midi par exemple, même si ça paraît encore bon, il faut réussir à se dire «non, je n’y vais pas», essayer d’avoir de l’avance sur le danger avant qu’il ne te rappelle qu’il est là…” Vu la vitesse à laquelle Valentin fend les airs, on peut en effet espérer qu’il ne le rattrapera pas.

Moonline ©Stefcande.com

UN ENDROIT POUR…

… en prendre plein la vue ?
Les Portes du Soleil, j’adore, c’est joli partout. Des Hauts-Forts jusqu’aux Dents du midi, il y a vraiment des choses à faire.
… buller ?
N’importe où au sommet d’une montagne, dès que je pars, je bulle dans ma tête, sinon, j’ai du mal à rester en place.
… faire la fête ?
Avoriaz, mais peut-être plus l’hiver que l’été, pour faire une petite descente en luge après une bonne soirée.
… manger ?
Au Tremplin à Morzine ou au Passe-Montagne aux Lindarets.
Ton endroit doudou, celui où tu vas pour te ressourcer ?
J’adore me poser en ULM sur une alti-surface dans le Dévoluy, à 2000m d’altitude. Il y a une piste et un petit chalet dans lequel tu peux dormir. Mais moi j’aime dormir sous mon aile. Tu vas marcher un peu, tu repars le lendemain et tu n’as croisé personne. J’aime pas quand il y a trop de monde…

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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