Cette empotée rêvait de grosses légumes et ne récoltait que des mange-tout, des fumiers par brouettes, des sous-abri à la pelle, des potes âgés fleurant bon le compost qui, une fois la tige taillée, la laissaient en plant. Tous des fervents défenseurs de la rotation des cul’tures, qu’ils disaient…
Sans parler de ces jeunes pousses, tout juste comestibles, des montées de sève encore incontrôlées, toujours partants pour la-bourer; mais pas de pot: l’arrosage automatique avait une fâcheuse tendance à se déclencher aux premiers coups de binage. Devant sa mine en décomposition, soucieux qu’elle n’en prenne ombrage, les bourgeonnants proposaient volontiers une séance de repiquage, le temps que la brindille retombante fasse le plein d’essence. Pas de mélèze! En guise de remontant, les spécimens caducs, fauchés en plein bouleau, suggéraient à la bêcheuse de pomper le tuyau. Mauvaise pioche, ils repartaient aussitôt avec un râteau. Ça ne drainait pas ! Non mais, faut pas pousser aussi !
Rien n’y faisait, elle restait le cœur en jachère. Loin de se résiner, cette écorcée vive allait montrer de quel bois elle se chauffe, n’entendant pas végéter ainsi plus longtemps.
Fini le mur des fermentations !
Chlorophylle en avait assez des broc-au-lit et des poivrons qui taquinent l’é-pinard, aux organes végétatifs… Il lui fallait de l’arty show, que ça dépote ! N’en déplaise aux coincés du bulbe.
Et pour accueillir la fine fleur, elle avait éclairci le terrain, divisé les touffes, tondu le gazon et même élagué le fruit défendu.
Et un jour, à l’aube épine, son (t)erreau s’est planté là, sans buis, cyprès d’elle… Trop chou, fort argile, un brin cultivé et l’imagination fertile, la greffe a pris sur le champ.
Avec lui, elle voulait perdre pieds, prendre racine, qu’ils sèment furieusement, et pourquoi pas, comme dans les histoires qui finissent bien, se faire engraisser !