XIXe siècle sarde à vous !
DES MARÉCAGES, DES PESTIFÉRÉS, DES BONNES SŒURS… SUR LE BORD DU LAC, CE PETIT COIN DE NATURE EST LE TERRAIN IDÉAL POUR POSER LES BASES DE LA FLAMBOYANTE, MAIS ÉPHÉMÈRE, RESTAURATION SARDE ET LES FONDATIONS DE L’HÔTEL DE VILLE… NON ?

Imaginez des remparts au dos de l’Eglise St Maurice, il en reste d’ailleurs une trace sur son parvis. Au pied de ces remparts, le canal de la Grenouillère et une île marécageuse, où sont construites les maisons de santé isolant les pestiférés du reste de la ville. Au 17e, cette île devient le jardin des Sœurs de la Visitation : directement depuis le clocher de l’Église St François, elles empruntent un petit pont qui traverse les remparts. C’est là qu’au 19e siècle, on imagine la construction de l’Hôtel de Ville.
Après la défaite française à Waterloo (1815), le Congrès de Vienne a rendu à Victor-Emmanuel tous les Etats que la Révolution avait piqué à son frère Charles-Emmanuel et que Napoléon avait gardés. Les Rois de Piémont-Sardaigne sont de retour et ils comptent bien le montrer, c’est la (courte) période de la Restauration Sarde. Pour fêter ça, on reconstruit des églises (Notre-Dame de Liesse) et on trace des rues… Elégante, avec sa ligne droite et ses façades bien alignées, la rue Royale, ouverte en 1823, répond donc aux canons de l’époque : la tendance est au néoclassique, mélange de références antiques et de monumental. Après des ambitions quasi versaillaises, c’est donc pour le projet d’Hôtel de Ville un poil plus raisonnable et néoclassique de l’architecte François Justin qu’opte le souverain piémontais en 1847 : des colonnes ioniques colossales sur deux niveaux, un entablement, un fronton triangulaire… en toute simplicité, et en tournant le dos au lac, qui n’est, pour le moment, dévolu qu’au transport de marchandises et à la pêche. Plus pour longtemps…
MERCI EUGÉNIE !
5 ans à peine après la fin de sa construction, ce sont de nouveaux les Français qui mènent la danse en Savoie. Napoléon III et Eugénie, en pleine opération séduction, viennent valser sur les parquets flambant neuf de l’Hôtel de ville. Dans ses valises, l’Empereur a glissé un bateau, avec lequel il espère gagner le cœur des Savoyards. Mais avec «la couronne de Savoie», il offre surtout à l’Impératrice une des plus belles journées de sa vie et un sacré coup de pub au lac d’Annecy. La Ville se découvre alors une vocation touristique, qui se concrétisera, quelques décennies plus tard, par la construction de l’Impérial Palace.
Avec la collaboration d’Eliane Masset, Guide-conférencière d’Annecy /©Archives municipales Annecy. 10 Fi 5. Dessinateur G.T. Borgonio / ©Archives municipales Annecy. 58 Fi 5. Auteur Janet Lang. Ed. Marc, Jean-Auguste. Fonds Langlet