XXe siècle funiculi, funiculaire
C’EST LA PETITE BÊTE QUI MONTE SUR LES PENTES D’ÉVIAN, INLASSABLEMENT DEPUIS PLUS DE 100 ANS. A L’ORIGINE, LE FUNICULAIRE PERMETTAIT À LA CLIENTÈLE AISÉE DE RELIER LE CENTRE -VILLE AUX PALACES HAUT PERCHÉS. AUJOURD’HUI,IL N’A PAS DÉVIÉ, MAIS IL S’EST DÉMOCRATISÉ.
1907 – Les thermes ont été entièrement rénovés, les hôtels de luxe se multiplient sur les hauteurs, et le Paris-Lyon-Marseille fait une halte à Evian-les-Bains pour y déverser ses flots de curistes. La ville a fait de gros efforts pour satisfaire cette clientèle nouvelle, elle s’est notamment dotée d’un théâtre (1880), a aménagé une promenade sur les bords du lac, en face de laquelle tous les bâtiments-phare (actuel Palais Lumière, Hôtel de Ville…), parfaitement alignés, présentent une digne vitrine. On parle même de la construction, bientôt, d’un casino. Mais Evian se déploie sur une pente, qu’il faut soit grimper pour aller se loger, soit dévaler pour aller boire ou se baigner.
HAUT EN KOLLER
Depuis près de 10 ans, le Splendide Hôtel (ancien Hôtel des Bains, détruit en 1983), lui, peut compter sur son propre tramway. Surnommé la « Patache » il transporte sa clientèle huppée de la buvette Cachat, où sa gare est toujours visible, à l’hôtel, en serpentant par l’allée ombragée du parc du Splendide. Mais dès 1899, la Société des eaux propose au Conseil municipal la réalisation d’une seconde ligne de tramway pour relier, cette fois,
l’établissement thermal, sur les quais, à la source Cachat, en passant par la rue des Bains. Avec la construction du Royal, la Société préfère opter pour un mode de transport plus moderne et soumet à la municipalité un projet de funiculaire. Supervisé par l’ingénieur lausannois Alexandre Koller, le projet prévoit une halte au Splendide et signe l’arrêt du tramway. Son itinéraire est ensuite prolongé vers l’hôtel Ermitage, et en 1913, il dessert six stations. Son guichet, ses faïences blanches biseautées de Gien, identique à celle que l’on trouve dans les gares du réseau parisien, lui valent le surnom de petit métro évianais. Fermé en 1969, il a repris son activité en 2002 après six ans de restauration. Avec le funiculaire de Besançon et celui du Capucin au Mont-Dore, il est l’un des trois seuls survivants des funiculaires classés au XIXe et XXe siècle, et est aujourd’hui gratuit.
Avec la collaboration de Evelyne Hurtaud, guide-conférencière à Evian-les-Bains / © Archives Municipales d’Evian