La famille Gaillard… je vignoble, tu vignobles…

7 Sep 2020

Jeu de Cep Famille

Pierre, Pascale, Jeanne, Elise, Pierre-Antoine… Attention, un Gaillard peut en cacher bien d’autres ! Et c’est en grappe, sur les hauteurs du pittoresque bourg médiéval de Malleval, que la tribu vigneronne a prêté sarment et s’est laissée prendre au jus.


Par Mélanie Marullaz – photos : Clément Sirieys

Commençons par le commencement : dans la famille Gaillard, je demande donc le P(i)ère. Il aurait pu préférer le train. Mais quand ses parents cheminots quittent la banlieue lyonnaise, dans les années 60, pour s’installer dans la bourgade campagnarde de Ternay, Pierre Gaillard découvre la terre. Il a une dizaine d’années, le voisin laboure ses champs avec un cheval et il reste une petite vigne dans le jardin de cette nouvelle maison. Très vite, le jeune citadin s’imagine agriculteur. Jusqu’à ce qu’il trempe ses lèvres dans un ballon de rouge. Dès lors, il vise la vigne et l’excellence. “Pendant mon BTS viti-oeno, en Bourgogne, mes professeurs m’ont convaincu que je pouvais être acteur dans le haut niveau”.
Au début des années 80, à l’exception des parcelles exploitées par les maisons historiques, comme Vidal-Fleury ou Guigal, chez qui il devient chef de culture, la région rhodanienne est à l’abandon. Pierre pressent pourtant que les choses vont changer. “J’étais convaincu qu’il y avait un grand terroir, et j’ai pris le pari qu’on allait pouvoir faire de grands vins et les faire connaître. Avec rien au départ, de toute façon, on ne risquait pas de perdre grand’chose !”
Les terrains ne sont pas chers, mais il faut vigueur et sueur pour les rendre à la vigne. En 1985, après 4 ans de défrichage et de reconstruction de murs, il commercialise enfin ses premières bouteilles de Saint-Joseph «Clos de Cuminaille». “Compte-tenu des coûts de production, il fallait vendre la bouteille assez cher dès le départ, et donc être précis, avec des rendements limités et une attention particulière à l’environnement, afin d’être tout de suite reconnus pour la qualité de nos produits. Dès les premières récoltes, ils ont en effet intéressé les sommeliers qui attendaient quelqu’un avec quelque chose à dire entre la Bourgogne et le Bordelais.” En développant ensuite son domaine en Côte-rôtie et Condrieu, il est l’un des rares, à l’époque, à travailler plusieurs appellations.


Cep à la maison

Pendant ce temps-là, Pascale, son épouse, partage son temps entre les cuves de Syrah et les rangées d’élèves. Elle plante, ébourgeonne et vendange pendant les vacances, éduque, raisonne et questionne dès que la cloche sonne. “Il y a des similitudes entre les deux, il faut notamment faire de la pédagogie autour des vignes, pour expliquer aux gens, par exemple, que la vie du vigneron ne s’arrête pas une fois le raisin coupé”, sourit-elle. Elle cultive également une vigne pour l’école de Malleval, afin que les minots du cru s’imprègnent du terroir et comprennent la région dans laquelle ils vivent. Nombre d’entre eux passeront d’ailleurs plus tard entre les rangs du domaine, pour une saison de vendange, voire plus longtemps. En 2001, après 40 ans d’enseignement, Pascale a fait le tour du métier, elle rend son encrier pour se consacrer au Viognier, gèrer le commercial et l’administratif, auprès de ses propres enfants.

La chair de son chai

Car les premiers gamins à chaparder des grains de raisin ont évidemment été les siens. Et leurs chemins, tous différents, les ont finalement ramenés au vin. “On a grandi avec le domaine et nos parents ont su nous montrer les bons et les mauvais côtés du métier”, résume Pierre-Antoine, le cadet, qui gère aujourd’hui les vignobles familiaux. “On se baladait sur les parcelles le dimanche, on a des tonnes de photos de nous, enfants, dans les vignes, et on a participé aux vendanges très tôt. J’allais souvent voir mon père quand il vinifiait tout seul. Une fois, il m’a même rattrapé de justesse dans une pompe alors que j’essayais de récupérer une feuille… Aujourd’hui, je m’appuie beaucoup sur lui. Notamment pour travailler les sols, quand on a de fortes pentes, il faut toujours trouver des solutions, et c’est lui qui m’a appris à le faire.” A l’aide d’un treuil notamment, une des opérations que le trentenaire préfère. “Mais il n’a jamais rien forcé, il nous a même poussé à aller voir ailleurs”, insiste le jeune Gaillard, qui a fait quelques détours par le rugby, la charcuterie fermière et la Nouvelle-Zélande avant de rentrer au bercail.

Succès sœurs

Pour Jeanne, l’aînée, c’est une punition qui la contraint à relever les vignes pour la première fois, l’été de ses 11 ans. “Mais en fait, j’ai adoré ! Et moi qui n’étais pas très scolaire, j’ai vraiment commencé à me faire plaisir quand je suis entrée en viti’ à Beaune.” La passion donne des ailes, elle décroche donc son bac haut-la-main, enchaîne apprentissage en Bourgogne et stage en Californie, avant de rentrer dans le Rhône pour prendre la relève. «La Relève», c’est d’ailleurs le nom qu’elle donnera à sa cuvée de Saint-joseph. Oui, la sienne. Car la jeune femme ne se contente pas de travailler dans le giron familial. En 2008, elle reprend en parallèle 13 hectares en IGP Crozes-hermitage et IGP Collines Rhodaniennes pour faire des vins de pays, un peu de Saint-joseph et de Condrieu aussi, qui, tous, sont vinifiés et élevés à Malleval.
La seule Gaillard qu’on ne croise pas ici, c’est Elise, ingénieure agronome, qui, quand elle était petite, n’aimait pas la vigne mais adorait le vin ! Elle a pourtant pris, un an après sa sœur, les rênes du domaine de Madeloc, à Banyuls, acquis par son père au début des années 2000 : 29 hectares en terrasses, baignés de soleil, plongeant non pas vers le Rhône, mais vers la mer. Une histoire de pentes et de terroirs de schiste là encore, auxquels Pierre Gaillard voue une réelle passion.

Tous les chemins mènent au Rhône

“Mais c’est le vin en général qui me passionne”, rectifie-t-il. “Et tout ce qui touche au vin à travers les âges.” Depuis 15 ans, il collabore d’ailleurs avec le musée de St Romain-en-Gal pour essayer de travailler à la manière des Romains : “ils ne connaissaient pas la macération, balançaient les raisins sur la pierre et les foulaient, n’extrayaient ni la couleur, ni les tanins, mais leur vin se conservait, probablement par adjonction de plantes, comme la racine d’iris ou le fenugrec, de miel, de résine, et peut-être même d’eau de mer, mais on ne sait pas exactement dans quelles proportions…” Alors que dans ses vins à lui, les assemblages sont parfaitement transparents : père, mère, filles ou fils, c’est du Gaillard à cent pour sang.

Le Mot de Meghan Dwyer

❝Pierre est un vigneron brillant. Sa grande force, c’est son expertise en terroir, il sait trouver les meilleurs. Mon coup de cœur, c’est son Saint-Joseph rouge, « Clos de Cuminaille », aussi minéral que poivré, corsé qu’élégant, puissant et d’une complexité bluffante, parfait avec un agneau grillé au barbec’. Mais son Saint-Joseph blanc, c’est mon blanc préféré AU MONDE ! La Roussanne, c’est comme une femme compliquée, et là, je n’ai jamais vu quelqu’un la travailler comme ça, 100% Roussanne, avec beaucoup de corps, des notes de pommes fraîches, d’herbe, de la minéralité… Génial avec un poulet en marmite et des pommes confites.❞

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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