Jean-Luc Colombo, vigneron

7 Sep 2020

Comme un verre

Rencontrer Jean-Luc Colombo, c’est s’asseoir autour d’une table et taillader la vie, un verre de Terres Brûlées à la main, convivialité dans l’assiette. Au menu : franc-parler, hypersensibilité et accent qui chante tous azimuts. Sacré programme !

Par Magali Buy – photos : Clément Sirieys

On avait rendez-vous sur la plus vieille parcelle du domaine de Cornas, Les Ruchets, terre emblématique aux vignes de 80 ans et toute première acquisition de Jean-Luc et son épouse Anne. Ici, tout se transmet de génération en génération. Mais pas pour eux. Et quel parcours du combattant, taillé aux coteaux, pour se faire une place parmi les trublions du village, quand on arrive comme un cheveu sur le cépage et qu’on distille son savoir à la louche, mieux qu’au compte-gouttes.

Leurre de vérité

Parce que le vigneron est comme ça, spontané, généreux et impulsif, un puits d’émotions en vrac, qu’il remonte à grand seau. On est là pour parler de lui, mais il est préoccupé. Ses amis restaurateurs, le métier de vigneron, le Covid et ses impacts, l’économie et j’en passe. Parler vin ? Mais pourquoi ? Bientôt, il n’y aura plus rien “et c’est à vous journaliste de dire vrai et de faire passer l’information. Il faut arrêter de clamer qu’il fait soleil quand c’est nuageux. La vérité fait mal, mais c’est comme ça et il faut que les gens sachent, surtout dans une situation économique qui redémarre à 3 à l’heure, c’est catastrophique !” J’avoue, j’ai pris une belle bouffée de chaleur, mais il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que, derrière cette leçon, parlait l’inquiétude d’un homme de 38 ans de bouteille, qui consacre sa vie à la nature, au vin et à l’humain, le verre toujours à moitié plein. Je me suis promis de dire la vérité et rien que ça, juré dans le crachoir !
Chais pas possible
L’histoire commence début 80 et c’est Fanny, son assistante, qui m’emmène en plein road trip dans les coteaux et au cœur du sujet. “Anne et Jean-Luc sont pharmaciens, œnologues et passionnés de vins et de gastronomie. Originaires des Cévennes et de Marseille, ils cherchaient un endroit proche de leurs racines, avec des vignes à potentiel de vins de garde. Dans la famille, on buvait de l’Hermitage, Jean-Luc adore les grands Bordeaux. Ils ont vu les possibilités et se sont installés. Le temps de monter leur pharmacie, ils créent le Centre Œnologique des Côtes du Rhône et tout démarre.” Jean-Luc part en croisade sensibiliser les vignerons au vin « propre », être nickel dans son chai, pas de terre battue, on ne crache pas entre les barriques, on ne reverse pas les fins des verres dans les fûts non plus… Clean, quoi ! “Il a mis un peu le bazar dans des productions rustiques, où le fruit était la première agriculture. Quelques-uns avaient déjà avancé le boulot, comme Alain Voge qui l’a d’ailleurs beaucoup soutenu, mais ça n’a pas été facile.” Parce qu’un Marseillais sorti de nulle part qui vient étaler sa science… Faut pas pousser !

Cep pas sorcier !

Et bien si ! Chez les Colombo, on pousse toujours plus loin, surtout quand on est convaincu ! Ils achètent la parcelle des Ruchets, revendent la pharmacie, vient une autre parcelle et le vignoble s’est construit comme ça. Par fragment, à la sueur et à la volonté, à l’amour des terres et de la bonne chère. Et comme dit Laure, leur fille, vigneronne et œnologue : “Quand mon père a commencé à faire du vin, je pense que son objectif était d’avoir accès aux bonnes tables. Ma grand-mère cuisinait beaucoup, ça motive une passion. Mais c’est lui seul qui a fait son trou là-dedans.” Précision, respect du produit, en cuisine comme à la vigne, l’important est de ne jamais dénaturer, rien ne doit polluer le raisin originel, quitte à y laisser fessiers, plumes et bonnes suées sur les parcelles. “Regardez qui s’est posé dans les vignes ce matin”, me montre Jean-Luc grand sourire. “Une écaille chinée. Un des plus beaux spécimens qui puisse exister, et on a la chance d’en avoir à Cornas. C’est un papillon des broussailles qui vit le jour et la nuit, qui symbolise la nature, la vraie. Je viens de poster la photo sur les réseaux, là, ma femme et ma fille doivent être par terre !” Ça vaut bien le coup de transpirer dans les coteaux super raides, non ?
Vous avez dit nature ?
Et Cornas le vaut bien. Des vignes clairsemées entre forêt, forêt et… forêt, un héritage unique où la nature exulte dans son jus. Chêne vert, genévrier cade, pin, cèdre et quelques notes de garrigue font office de terre d’accueil pour nos amies les bêtes. Des vers au sol qui fourmillent de joie, au milan qui prend son envol, ici la faune a du bol et tout est fait pour la préserver : “Je vous ai parlé des insectes, je pourrais en dire autant des lièvres, des serpents, des buses ou des lézards. Tout est fait pour que la vigne soit heureuse et le consommateur aussi. Je rajoute même des lapins quand il n’y en a plus ! Plus nature que moi tu meurs !” Vos vins sont « nature » du coup ? Aïe aïe aïe, qu’est-ce que je n’ai pas dit ! “Aujourd’hui, il faut mettre une grenouille, une moitié de pomme blette à la vigne pour faire du vin. L’idée du nature est de ne rien toucher, mais c’est impossible, la nature ne l’accepte pas ! Quand vos proches sont malades, vous ne demandez pas qu’on les soigne nature ! Si on donne des antibio, les natures organiques et biologiques disent d’accord ! Mais je ne suis pas anti non plus, la nature est ma priorité, bien avant qu’organique et biodynamique existe.”

La cuvée des chefs

Fleuris, aromatiques, et tout en finesse, les vins Colombo – certifiés bio – rafraîchissent les esprits et passent à table, à gorgées déployées. Filleul de Paul Bocuse, amis des chefs, si la gastronomie mène le vigneron par le bout du nez, elle le lui rend bien. Guillaume Gomez, Chef des cuisines de l’Elysée, fan de la cuvée Terres brûlées se fait gage de qualité : “C’est un homme passionné de vin et d’humain. Il aime les chefs, les sommeliers, le terroir et toutes ses richesses gourmandes ! Et quelle famille ! Anne, grande professionnelle et détentrice d’un savoir qui fait de leur vin des grands vins. Laure, qui gère aujourd’hui son propre domaine, les animaux et tout cet univers, Colombo qui en fait un vignoble d’exception. Ce n’est pas par hasard si ses vins se retrouvent sur les grandes tables du monde, c’est le résultat d’un long travail de la terre et de la vigne, l’expression d’un savoir-faire, d’un terroir et d’un territoire. Il est de ces hommes qu’on est fier d’avoir pour ami.” La famille, quoi !

Le Mot de Meghan Dwyer

❝Je ne le connais pas personnellement, mais j’ai pour lui un grand respect, car il a lancé le Centre Œnologique des Côtes du Rhône, c’est un excellent pédagogue. J’ai eu un coup de cœur pour son Cornas « Les Ruchets », dans lequel je sens une approche provençale, un peu de thym, des herbes… Et Jean-Luc Colombo est un Provençal, est-ce qu’il a retrouvé ses racines dans ce terroir ? Du coup, je le boirais plutôt avec de l’agneau avec une croûte d’herbes de Provence,
au four, pas grillé.❞

Magali Buy

Magali Buy

SURNOM : Mag... (d'ailleurs activ'mag c'est pour moi, non ?) PERSONNAGE DE FICTION : Xéna la guerrière OBJET FETICHE : mon piano, il m’écoute, me répond et me comprend mieux que personne. ADAGE : « si tout le monde sait où tu vas, tu n’arriveras jamais à ta destination. Laisse-les croire que tu dors.» JE GARDE : mon mauvais caractère, ma langue bien pendue, mon cœur ouvert et mes yeux verts JE JETTE : mon insécurité, ma cellulite et ma paranoïa... DANS 20 ANS : la même en pire, si c'est possible !

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