villes thermales : challes-les-eaux

25 Fév 2022

UN CHALLES DANS LA GORGE

Quand il s’est avéré que sa source malodorante avait des vertus guérisseuses, notamment pour les problèmes respiratoires et ORL, cette petite commune de la cluse chambérienne n’a pas hésité à changer de nom, d’identité, pour assumer son héritage sulfureux et sauver des voix.

L’établissement thermal au début du XXe siècle (© Archives départementales de Savoie, 2FI 36)

Le 12 février 1872, il y a exactement 150 ans, le village rural de Triviers prend en main sa destinée thermale en se faisant rebaptiser «Challes-les-eaux». Depuis plusieurs décennies déjà, un homme, le Dr Domenget, se bat pour faire reconnaître les propriétés de ces fameuses eaux de Challes : leur forte odeur d’œuf pourri trahit une teneur exceptionnelle en soufre. Bues, frictionnées, utilisées en bains ou en gargarisme, elles soigneraient tous les maux ou presque. Jusqu’à présent, elles étaient seulement embouteillées et acheminées par convois de mulets vers Aix ou Chambéry. Mais en cette année 1872, La Société des Eaux, formée de notables savoyards, obtient le changement de nom de la commune et achète le château des Comtes de Challes qu’elle transforme en hôtel. Dans les dix années qui suivent, elle fait construire l’établissement thermal, un édifice sommaire inspiré des chalets suisses, ainsi que le casino, bâti sur pilotis à l’emplacement des marais.

EAU LES CŒURS !

Très vite, les infrastructures se révèlent insuffisantes pour accueillir les milliers de curistes. Dans les premiers temps, des omnibus à chevaux ramènent joueurs et noctambules jusqu’à la gare de Chambéry. La population s’implique progressivement dans l’accueil et les commerces, mais ne délaisse pas tout de suite ses terres. On construit des maisons plus solides, des villas bourgeoises, le centre du village se déplace vers la Route Nationale et l’établissement thermal. Les taxes pleuvent sur les panneaux publicitaires, l’eau exportée, les égouts, les spectacles, les chiens (!), pour financer les équipements, la voirie, l’eau potable… et l’ensemble école-mairie, qui sort de terre en 1888**.
L’activité ne prend une dimension véritablement commerciale qu’au tournant du siècle. De nombreux hôtels poussent alors dans ce bourg où il n’y avait au départ qu’une pension, la Pension Terrasson. Elle devient l’Hôtel de France, alors que le château de Triviers se transforme en Hôtel d’Angleterre. Aucun de ces nouveaux établissements ne fermera pendant la Grande Guerre. Le casino, lui, d’abord converti en hôpital militaire, accueillera ensuite les soldats américains en permission, à l’entrée des Etats-Unis dans le conflit.

PAS SI SULFUREUSE…

Comme partout, l’activité est ralentie par cette crise mondiale, mais Challes semble tarder à sortir de sa torpeur, comme le constate le Dr Vincent, médecin local, dans son guide en 1922 : “Challes est un éparpillement dans la verdure de bâtiments posés au hasard. Elle n’est pas une ville d’eaux. On attendrait un urbanisme classique, de larges avenues, des palaces majestueux ; on trouve des rues de village avec des maisons modestes. On découvre des hôtels posés dans la campagne, des vieux thermes séparés du casino par un petit lac (et le pire), Challes a la réputation d’une station où l’on s’ennuie.”*
C’est à cette époque qu’une riche famille du Beaujolais repend les rênes de la société et lui donne donc une nouvelle impulsion. Elle transforme la station, en même temps que la commune réalise des investissements considérables : rénovation de la voirie, éclairage public, adduction d’eau, ramassage des ordures…
Elle lance aussi la modernisation du casino et une première rénovation des thermes, qui gagnent une verrière, puis une deuxième en 1938, pour en doubler la superficie.
Spécialisés dans les problèmes ORL, les vedettes de l’époque, Louis Jouvet, Tino Rossi, Michèle Morgan, viennent y prendre soin de leur voix.

Le Casino au début du XXe siècle (© Archives Départementales de Savoie)
Le Casino aujourd’hui (© Mairie de Challes)

À BOUT DE SOUFRE ?

La Seconde Guerre Mondiale laisse plus de traces que la Première. La quasi-totalité des 19 hôtels que comptait Challes au temps de son âge d’or, détériorés par les réquisitions, ne rouvriront pas. Ils seront détruits -l’Hôtel de l’Europe a été rasé pour devenir la Place de l’Europe- ou transformés en appartements -Hôtel d’Angleterre, des Bains, Bristol… -. Depuis 1965, le lycée hôtelier s’est installé dans les murs des hôtels Beauséjour et Chateaubriand, seul subsiste le Château des Comtes de Challes. “Dans les années 90, les propriétaires voulaient le vendre”, raconte Julien Donzel, adjoint au Maire en charge de la culture, de l’animation et du devoir de mémoire. “Mais le Maire de l’époque ne voulait pas de projet immobilier ou d’entreprise, et comme il fallait un hôtel 3*** pour conserver l’agrément «ville thermale», c’est grâce à cela que nous avons pu le garder. Il y a aussi deux hôtels plus récents et le camping, le seul de l’agglomération chambérienne, construit pour les curistes il y a 40 ans. Si le thermalisme n’est plus aussi important que dans les années 30-40, voire 80, et que le nombre de curistes a chuté –ndlr : ils représentent aujourd’hui 35 % de la clientèle -Challes reste une station thermale de proximité, mais elle s’est tournée vers le tourisme de loisirs, pour devenir le poumon vert du sud de l’agglo.

*Le Thermalisme dans le Grand Sud- Est de la France – Marc Boyer – Presses universitaires de Grenoble -2005
**La reine du soufre, Challes-les Eaux à travers les siècles – André Dumollard – La Fontaine de Siloé -1993

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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