vin de savoie : julien viana, une tête bien cep

28 Oct 2018

force de la nature

Un jour, on ne lui fera plus remarquer, mais pour le moment, ça saute aux yeux : Julien Viana n’est pas vieux. 25 ans, une charpente de rugbyman et un visage qui n’a pas encore perdu les contours de l’adolescence… si ce vigneron est encore vert – d’ailleurs ses cuvées sont labellisées AB – en matière de vinification, il a déjà montré son habileté.

Il faudrait vérifier que ce n’est pas de la sève qui coule dans les veines de Julien Viana. Gamin des champs, élevé aux randonnées en montagne, aux odeurs de sous-bois et de champignons, il aime la terre. Et il a toujours su qu’il la travaillerait.

Dans cette parcelle de Jacquère, en contrebas du Château médiéval de la Rive, à Cruet, il aime la sentir meuble sous son pied ; s’enthousiasme encore de la force de frappe des lombrics, capables d’en retourner toute la surface en une année ; et annonce avec fierté que 25 espèces différentes de plantes bio-indicatrices y ont été identifiées. “Ma terre est vivante et en bonne santé”, explique-t-il en lançant une pomme pour que Nino, son chien de chasse, la lui rapporte. “En sortie de BTS viti-oeno, j’étais à fond bio. Après, avec la licence pro SupAgro, très technique, j’ai appris à comprendre les maladies, comment elles arrivent, et donc à bien positionner mes traitements de cuivre ou de soufre. Je ne jette la pierre à personne et j’ai des arguments en faveur de la chimie, mais quand on fait son propre vin, c’est quand même plus plaisant de ne pas y avoir recours.”

IMPRESSIONS, SOLEIL LEVANT

Et c’est un choix qui, visiblement, séduit. Au Japon notamment, dont il revient, la tête encore pleine de ce qu’il a vu là-bas et les bras chargés de cadeaux : du thé, du whisky, une tenue de Samouraï… Un voyage mené taiko battant – le tambour japonais, Lecteur, tu t’en doutais – : 8 villes en 15 jours, des visites programmées au quart d’heure près, et à peine une demi-journée pour visiter un temple ou une fabrique de saké. Car Julien n’a pas traversé la planète pour jouer les touristes. Invité par un client, il est allé au Pays du Soleil Levant pour faire découvrir ses talents. “En France, on boit environ 60 litres de vin par personne et par an. Les Japonais n’en boivent que 3, mais ils considèrent les vins français comme de la haute couture et n’ont aucun a priori contre les vins de Savoie, au contraire, quand on leur montre les photos des vignes avec le Mont-Blanc derrière, ils n’en reviennent pas… Pour eux, c’est magique !”

Une magie palpable ce matin de septembre, même si, en remontant vers le domaine de la Baraterie, dans le hameau du même nom, on ne voit pas le Mont-Blanc, pas plus qu’on ne distingue la chaîne de Belledonne ou la Dent de Crolles, masquées par des nuages que le soleil de fin d’été, encore chaud, peine à crever.

NOUVEAU, MAIS PAS BOURRU

Ce domaine, c’est une belle rencontre. Celle de Julien avec Serge Bouchez, vieux sarment de Cruet, qui prépare sa retraite alors que la jeune pousse termine sa licence. Le viticulteur propose à Julien de reprendre un hectare de ses vignes et du matériel, pour se faire la main sur une première cuvée. Julien n’a donc que 20 ans, en septembre 2014, quand il fait sa première récolte alors que ses copains de promo partent rouler leurs bosses sous des latitudes plus exotiques, Australie, Nouvelle-Zélande… “Mais une opportunité comme celle-là, il n’y en en a pas tant que ça, je ne pouvais pas la laisser passer !” C’est d’avoir su la saisir qui l’a finalement mené au Japon, en Belgique et peut-être, bientôt, à New York.

STAR SANS FARD

Car très rapidement, sa production est bien notée par les revues spécialisées et suscite l’intérêt des étoilés locaux. Julien s’étend alors sur 4 hectares supplémentaires, puis 4 autres. Aujourd’hui, il en cultive 10, en Gamay, Pinot Noir, Mondeuse, Roussette, Jacquère et Malvoisie, qu’il entoure d’arbres fruitiers, pour faire des confitures ou du jus de pommes, et dans lesquels il lâche des brebis, des o’vins – haha… – . Parce qu’«en bio, finalement le plus dur, c’est la gestion de l’herbe. A la débroussailleuse sous les ceps, à la charrue dans les rangs, il faut 10 heures pour faire un hectare, et il faut repasser 3 semaines plus tard.»

Un terroir si choyé qu’il se suffit. “Deux jours après avoir pressé, on sait s’ils seront bons. Cette année, le raisin est bien mûr, on atteindra 12,5° facile. Après je n’ajoute ni soufre ni levure, je ne passe donc pas beaucoup de temps en cave, parce qu’en cave, on ne peut que dégrader le vin. C’est comme une jolie femme : si elle est jolie, elle n’a pas besoin de se maquiller.” NATURE, puisqu’on vous le dit !

LE MOT DE YVES BONTOUX

C’est Florian Bagourd, Chef Sommelier de La Bouitte, qui m’a fait découvrir il y a 2 ans cette pépite. Julien Viana, du haut de ses 24 ans, fait preuve d’une étonnante maturité. Les vins se goûtent avec plaisir dès leur prime jeunesse, en ayant une capacité de garde. J’aime les notes mielées de la Roussette 2016. La Mavoisie, dans un style de Pinot Gris, offre plus d’épaisseur, avec un toucher de bouche délicat et une belle finale saline aux amers nobles. La Mondeuse est tout aussi réussie, gourmande, aux noyaux de cerises. Avec une complexité et une ampleur accrues sur la cuvée d’Arbin.

JULIEN VIANA SI VOUS ÉTIEZ…

Un cépage ?
La Roussette m’énerve, mais elle donne du bon vin, la Mondeuse est capricieuse, alors je dirais plutôt la Jacquère, car on ne lui demande rien et elle fait son boulot.

Un grand cru ?
Une Mondeuse de St Jean de la Porte, ce n’est peut-être pas un grand cru, mais elle est tout ce que j’aime dans un vin : un nez ouvert sur les épices, le floral, souple, pas rugueuse.

Une autre boisson que le vin ?
Le cognac. Un très bon cognac ne brûle pas, il est aérien, fruité, gourmand, et j’aime le côté patrimoine, histoire.

Un millésime ?
2018 sera particulier pour moi, émotionnellement chargé, car j’ai perdu mon beau-père. Il n’avait pas loupé une seule journée de vendanges depuis que je me suis lancé, il était toujours à mes côtés, on échangeait beaucoup. Là, c’est la 1ère fois que je suis tout seul.

Si vous n’étiez pas vigneron ?
J’aurais été enseignant en agriculture ou paysagiste.

+d’infos :
cellierdelabaraterie
.com
Cruet I 73

Photos : Floartphotography

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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