vins du beaujolais- domaine jean foillard –

4 Oct 2019

plus belle la vigne

DE L’AMITIÉ, DES PRISES DE RISQUE, DU SUSPENSE… CE POURRAIT ÊTRE UNE SÉRIE À REBONDISSEMENTS… C’EST MIEUX ! CE SONT, DANS LES ANNÉES 80, LES PREMIÈRES CUVÉES, EN BEAUJOLAIS, D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE VIGNERONS QUI VEUT BRISER LES CONVENTIONS, LAISSER S’EXPRIMER LE TERROIR ET FAIRE DES VINS NATURES… PARMI EUX, JEAN FOILLARD, À VILLIÉ-MORGON.

« Je me rappelle exactement le jour où j’ai goûté, à la pipette, le vin de Marcel Lapierre”, sourit Jean Foillard, personnage principal de cet épisode. Chemise bleue, tenue de ville plus que de vignes, l’homme reçoit dans son élégante cuisine. Par la fenêtre, on aperçoit les tilleuls et les treilles à l’abri desquelles on peut boire un verre, dans la grande cour de cette bâtisse bourgeoise de 1789. L’ensemble a été progressivement rénové, la cuisine, avec son imposante table cen- trale, en est la dernière pierre, flambant neuve.
Un peu trop neuve d’ailleurs, les effluves de peinture et de bois fraîchement travaillé perturbent notre hôte dans la dégustation de son Morgon 2017, dont il a ouvert une bouteille avant de continuer : “pour moi, c’était déjà un choc de boire un vin sur fût, à un moment où ça ne se faisait plus du tout, mais surtout, j’ai trouvé ça bon, alors que je n’aimais pas les vins traditionnels de l’époque. Marcel m’a expliqué comment il faisait, on est devenu copains”. Et ils ont formé leur bande : Lapierre, Thévenet, Breton, Chanudet, Foillard… «le gang des Morgonis», presque plus soudés qu’une famille, “parce que sa famille, on ne la choisit pas”, un assemblage de caractères bien trempés, décidés à fabriquer du vin différemment, alors que l’heure est à la productivité et au rendement.

ENTRÉE DANS LA VIGNE ACTIVE

On est en 1985. A 27 ans, Jean n’a remis les pieds dans les vignes que depuis quelques années. Depuis que l’AVC dont a été victime son père lui a fait quitté la mécanique auto. Il a donc réintégré l’exploitation familiale, auprès de son frère, et redécouvert un monde qu’il connaissait d’instinct. Ce qui ne devait être qu’une période d’intérim s’est pérennisée et l’ancien réparateur de mobylettes embrasse ce métier qu’ado, il avait boudé, parce que “dans les années 70, devenir paysan, ça ne faisait pas rêver ”. Ses parents partagent donc l’exploitation en deux et Jean s’agrandit, en rachetant le domaine dans lequel il reçoit aujourd’hui, dans le hameau du Clachet. Ce n’est alors qu’une ruine, “avec une cave voûtée en-dessous” dans laquelle il se met à faire son propre vin. Des cuvées Corcelette, Charmes ou Côte de Py, du nom de 3 des 6 différents «climats», ces terroirs aux caractéristiques bien spécifiques, qui composent l’aire d’appellation Morgon.

LE GOÛT DU RISQUE

Avant les convictions, c’est d’abord le goût du vin qui pousse le jeune vigneron à modifier son mode de production… “et Marcel Lapierre, qui nous a botté le cul pour le faire !”. Par manque de moyens, il commence par repenser la vinification et, sans intrant ni levures exogènes, obtient de bons résultats. “Alors j’ai aussi changé de mode de culture, pour apporter des raisins sains et propres, ramener un patrimoine levurien dans les sols, retrouver un goût plus proche du terroir.”
Mais le sevrage prend du temps : il faut compter presque 10 ans pour assainir une terre. Et dans le Beaujolais des années 80, la plupart des vignerons ne sont pas encore prêts à s’y risquer. Jean Foillard ne leur jette pas Lapierre (ah ah): “à cette époque, il fallait produire beaucoup pour répondre à la demande (ndlr : l’année 1976, caniculaire, avait donné des Beaujolais exceptionnels, les cuvées suivantes ont ainsi bénéficié de ce succès, générant une très forte pression sur l’appellation), il ne fallait pas rater de cuvées, parce qu’on avait des emprunts, des charges sociales… La conversion implique une perte de rendement, ça fait peur.”

DE LA TERRE AU VERRE

Mais faire des vins différents, c’est bien b(i)eau, encore faut-il rencontrer son public. Justement, porté par quelques amateurs précurseurs, comme le chef étoilé et initiateur de la vague bistronomique Yves Cambedeborde, le journaliste et propriétaire du 1er bar à vins parisien François Morel ou l’importateur américain Kermit Lynch, les Morgon «propres» conquièrent “une clientèle plutôt intello, avant-gardiste sur le naturel, séduite par l’originalité peut-être, se rappelle Jean Foillard. On vendait pourtant plus cher, mais ils ne nous demandaient même pas les prix”. De fil en aiguille, les fortes têtes du gamay tissent donc leur réseau dans les bistrots de la capitale et rencontrent surtout d’autres vignerons qui, en Touraine, dans les Côtes-du-Rhône ou ailleurs, travaillent selon la même philosophie.

TOUJOURS À L’AF-FÛT !

“A l’époque, on n’avait pas de plan de carrière, on voulait juste faire du vin, bon. A la 1re cuvée, je n’aurais jamais imaginé qu’on en serait là aujourd’hui.” 30 ans plus tard, le domaine de Jean Foillard est en effet l’un des plus reconnus du Beaujolais. Si on parle de lui comme d’un perfectionniste, que ces vins récoltent les bonnes notes par grappes, le vigneron ne s’estime pas pour autant «arrivé» : “On a gagné en expertise, en précision, mais il y a quand même des millésimes difficiles, il faut toujours avoir des doutes”. Sinon, c’est le vin qui se charge de donner des leçons. “En 2005, on croyait qu’on avait de l’expérience et le raisin était magnifique, on a fait les vendanges en prenant des cuites tous les soirs, en pensant qu’on avait bien le temps, qu’il ne servait à rien de trop le surveiller… Et bien, il avait beaucoup trop d’acidité. Le nature, c’est bien, mais il ne faut pas qu’il y ait un goût de vinaigre ou de sueur de cheval, il faut des raisins qui vont très bien fermenter et une vigilance maximale dès les 1ers kilos de fruits rentrés. Même en étant attentif, on n’est pas à l’abri d’un accident. Il ne faut jamais se reposer.”
A 61 ans, Jean Foillard lève pourtant un peu le pied maintenant. Il ne va presque plus dans les vignes, “j’ai une équipe sensationnelle, certains ouvriers taillent mieux que moi !”, laisse son fils Alex mener la vinification et s’occupe plutôt des aspects commerciaux. Avec le recul, mais sans regrets, il reconnaît que le vin a pris toute la place dans sa vie : “on avait la volonté de réussir, parce qu’on avait connu des débuts difficiles, et l’envie de montrer qu’avec une méthode différente, ça marche. Tout ça prend donc du temps et tout l’espace… Ça n’a pas été facile, mais je n’ai pas trouvé ça difficile.”

 

+ d’infos : Jean Foillard, Le Clachet, Villié-Morgon, 69

 

Le Mot de THOMAS LORIVAL

Jean Foillard fait partie des vignerons que je suis depuis plusieurs années, il est présent sur beaucoup de tables pour lesquelles j’ai travaillé. Ce que j’aime dans ses vins, c’est leur régularité: l’identification de son terroir est transmise d’un millésime
à l’autre. Même si son expression est différente en fonction de l’année ou de la cuvée, la trame est bien affichée, sans déviance. Je lui fais une confiance presque aveugle! Sa cuvée Corcelette, par exemple, a un caractère épicé et elle est pleine de gourmandise ; quant à sa cuvée 3.14, en Côte de Py, elle montre peut-etre plus de concentration, de structure, mais c’est dû à l’âge des vignes.

photos : Floartphotography

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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