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A quoi ça sert d’aimer ?

pourquoi c’est difficile d’aimer…

« A quoi ça sert l’amour ? On raconte toujours des histoires insensées. A quoi ça sert d’aimer ? L’amour ne s’explique pas ! C’est une chose comme ça, qui vient on ne sait d’où, et vous prend tout à coup… »

Cette question, aussi banale que complexe, de Théo Sarapo à Edith Piaf suggère des réponses aux sentiments mêlés. La peur, l’ivresse, le chagrin, la nostalgie, la sérénité surgissent immanquablement au cœur de toute relation d’amour. Alors que nous avons édifié le 14 février comme LE jour du romantisme, le sentiment lui-même est en passe de devenir un bien de consommation que nous devons tous posséder. Dans une société prônant la rapidité, le succès sans trop d’effort, la satisfaction immédiate et refoulant toute condition de souffrance, aimer devient tributaire de notre besoin impérieux d’efficacité. Si l’autre déçoit ou que l’on ne se sent plus vibrer comme aux premiers jours, on se quitte.

L’AUTRE IDÉAL

Marie-Laure Colonna, psychanalyste, dans «L’aventure du couple aujourd’hui» explique que : “si tout à coup la passion s’éteint, change de niveau, si les sentiments s’égalisent, les gens se séparent et recherchent d’autres partenaires, afin de se replonger dans le bain bouillonnant de l’amour passion. Cela provoque, chez des êtres un peu fragiles, l’idée que l’amour, c’est vivre en état d’emprise, voire d’addiction”.

Haro sur la sérénité et l’équilibre, hourra à la dépendance et à la seule jouissance du sentiment amoureux ! La quête de la passion nous empêche de connaître véritablement l’autre et nous tient à distance de ses ombres. Cachez cette imperfection que je ne saurais voir ! Fascinés que nous sommes par la rencontre de l’autre idéal, nous oublions qu’il n’en est pas moins humain, susceptible de ne pas (nous) remarquer, rassurer, valoriser autant que nous le souhaiterions.

LE RÔLE DE L’INCONSCIENT

Une histoire d’amour, c’est la rencontre de deux inconscients. Freud assurait que pour être capable d’aimer, il fallait déjà accéder à soi- même, à son histoire faite de conditionnements, de schémas et de croyances illusoires. Et de détricoter le subtil, mais aussi névrotique, maillage de notre besoin d’aimer et d’être aimé(e) pour retrouver le fil de son vrai désir. Hors cela, nous resterons bloqués dans l’ignorance de ce que nous voulons vraiment, rendant d’autant plus difficile la rencontre de l’élu(e). Par exemple, vous pourriez espérer consciemment trouver un homme attentionné et doux, alors que votre inconscient vous pousse à (re)tomber sur un manipulateur. Parce que depuis longtemps, et sans doute depuis votre enfance, se sont forgées, enfouies en vous, la culpabilité et la croyance que vous ne méritez pas d’être aimé(e). On est en quête de celui dont on a besoin, tant au niveau de la tendresse… que du sadisme. Mais une exploration de ses faces cachées, par un travail personnel, permet de se libérer de ses entraves et de rencontrer le cœur prêt à s’offrir à nous.

Alors, peut-être oui, d’une certaine façon, c’est difficile d’aimer, mais comme l’écrit Christian Bobin (dans «Un bruit de balançoire») : «Le cœur, quand il existe, se voit de loin : un mont Fuji dans la poitrine.»

Illustration : Sophie Caquineau

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