Site icon ActivMag

l’identité sexuelle sous contrôle ?

change-toi le ciel t’aidera

LA DÉPUTÉE DE LREM LAURENCE VANCEUNEBROCK-MIALON A ANNONCÉ EN JUILLET DERNIER L’OUVERTURE D’UNE MISSION D’INFORMATION VISANT À INTERDIRE LES THÉRAPIES DE CONVERSION, PAR LA COMMISSION DES LOIS DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE.

Le mariage pour tous a été promulgué en 2013, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, dont les couples de lesbiennes, a été adoptée il y a peu. Pourtant, jusqu’à maintenant, aucune loi en France n’interdit les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Seul Malte a légiféré, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne y réfléchissent.

« GUÉRIR » DE L’HOMOSEXUALITÉ

Si les centres de «réadaptation» pullulent aux Etats-Unis, ici, la démarche est bien plus insidieuse, puisqu’il n’existe a priori pas de lieu affichant clairement sa volonté de déshomosexualiser. C’est dans le giron de certaines structures religieuses que la pratique prend forme, à bas bruit. Torrent de Vie, une association évangéliste protestante, ne cache cependant pas, sur son site, vouloir «restaurer l’identité relationnelle et sexuelle» des âmes perdues et pécheresses, une «guérison psycho-spirituelle» qui passe mal auprès des associations LGTB, condamnant l’idée d’un homosexuel anormal et malade.

700.000 AMÉRICAINS EN THÉRAPIE DE CONVERSION

Au cinéma, «Boy Erased» de Joel Edgerton, sorti en 2018, retrace l’itinéraire d’un ado en Arkansas que son père pasteur et sa mère envoient dans un centre pour le faire «guérir» de son homosexualité. On y voit que, sous couvert d’une atmosphère bienveillante, se trame une terrifiante dénégation de l’humanité des adolescents, que les éducateurs forcent notamment à avouer leur intimité en public, dans les moindres détails, au sein de groupes de paroles ponctués de prières et de sermons tenant d’un exorcisme. Tiré du roman autobiographique de Garrard Conley, le film, interdit au Brésil, révèle une violence invisible qui conduira certains à l’effondrement psychique et au suicide.
Chez nous, si les organismes sont variés, les techniques de conversion sont les mêmes. Dans le secret d’un tête-à-tête avec un prêtre, un pasteur, un imam, ou aussi dans un cabinet médical, “on induit une notion de culpabilité chez la personne qui subit la thérapie”, explique Frédéric Gal, directeur de l’association Le Refuge qui soutient les jeunes LGTB en détresse. En plus de dire que ce n’est pas bien, les propos véhiculent l’idée que la pulsion homosexuelle est de la faute de celui/celle qui la ressent et qu’il est de son devoir de la maîtriser. Les pseudo-thérapeutes du genre comparent l’homosexualité à l’alcoolisme, arguant qu’il faut des années pour la combattre, parce qu’elle fonctionnerait sous la même forme du manque et donc du nécessaire sevrage.

UN CHOC TRAUMATIQUE

Le Youtuber Kailey Rise a expliqué, en 2018, de quelle façon ses parents l’avaient obligé à prier des nuits entières, et sur le conseil de leur pasteur, à jeûner une semaine pour «affaiblir le démon de l’homosexualité en lui et l’en délivrer». Jusqu’à le mettre nu devant les fidèles de l’église et le saupoudrer de sel. Une thérapie de conversion qui a débuté à 7 ans et qui a causé un véritable traumatisme. Kailey s’est senti comme «le vilain canard de la famille, celui qui ne comprend pas pourquoi il n’est pas comme les autres». Une fois sa thérapie terminée, ses parents le croyant «guéri», il entre dans une double vie et ramène des filles à la maison.
A la fin des années 1960, le DSM II** comportait une catégorie «déviances sexuelles», avec, en première position, l’homosexualité. Elle a cessé d’être considérée comme maladie psychiatrique aux Etats-Unis en 1973 et en France… en 1992. Alors qu’en 2011, une association de médecins allemands proposait encore un traitement homéopathique pour la soigner.

 

+ d’infos : Sur YouTube, la chaîne de Kailey Rise – Boy Erased de Joel Edgerton

Association Le Refuge : http://le-refuge.org

 

illustration Sophie Caquineau

Quitter la version mobile