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pudibonderie ou impudicité ?

parents à nu

Dans les années 70, se balader dans le plus simple appareil revêtait d’un acte militant contre les conventions et valeurs sociales. Aujourd’hui, entre pudibonderie et impudicité, comment, en tant que parents, adopter le comportement juste avec ses enfants ?

Lors d’un débat sur Europe 1 en 2014, Jean-François Coppé, patron de l’UMP de l’époque, s’alarmait d’un album pour enfants faisant partie de la liste recommandée aux enseignants pour faire la classe aux primaires.

TOUS À POIL !

«Tous à poils !» co-signé par Claire Franek et Marc Daniau aurait indigné l’ancien ministre «de ce qui est en train de se faire dans le pays.»

Depuis les années 70/80 décoincées, notre société est devenue schizophrène : hypersexualisée par la télévision, internet, dans la rue, elle rougit pourtant aussi facilement qu’elle se lâche. 104 auteurs viennent de faire paraître, en fin d’année dernière, un «Dictionnaire du conservatisme» qui ne passe pas inaperçu. Après avoir dévoré tout Françoise Dolto, les parents n’ont jamais été aussi gourmands des commentaires de pédo-psy, immobilisés entre diabolisation du corps et crainte d’un comportement intrusif.

UNE QUESTION D’ÂGE

Les enfants sont de vrais pots de colle. Dès qu’ils marchent, ils nous suivent partout, poussant les portes, de préférence celles qu’on tenait fermées. Pas facile, alors, de garder son intimité dans la salle-de-bains, aux toilettes, dans la chambre parentale. Mais en fait, est-ce grave de se montrer nu à son enfant ? La réponse se situe au niveau de l’âge. Aucun problème, et c’est même plutôt conseillé, de prendre un bain avec son nourrisson. Le «peau à peau» est fondamental pour son développement psychique et sensoriel.

En revanche, quand l’enfant commence à marcher, il devient nécessaire de prendre de la distance. L’enfant a un corps, le parent a un corps, et ils ne font pas qu’un, comme le souligne la psychanalyste Isabel Korolitski*. A chacun son territoire intime. Quand on est envahi par le corps de l’autre, on ne sait pas comment se situer et qui l’on est vraiment. Dès 2 ans, les petits ne sont pas insensibles au sexe de leurs parents, ils explorent et observent en détails! Mieux vaut qu’ils ne découvrent pas le sexe opposé avec leur père ou leur mère, cela peut créer une excitation trop forte chez l’enfant qui ne pourra pas intégrer le stimulus, au risque de créer un traumatisme qui pourra se manifester après-coup, dans les étapes ultérieures de la vie. Laissons-les échafauder leurs théories sexuelles par eux-mêmes.

RESPECTER SANS IMPOSER

L’impudeur, c’est forcer quelqu’un à faire avec ce qu’il n’est pas en mesure de refuser. Pas de problème, à courir nu de sa chambre au petit coin, mais imposer à son enfant sa nudité en regardant la télé, ou en épluchant des légumes, peut se situer à la limite de l’incestuel. L’enfant ressent bien qu’il y a quelque chose d’incongru dans cette situation.

Banaliser la nudité implique que l’enfant ne saura pas ce qu’est la pudeur dont il a besoin pour se construire en tant que sujet responsable. Françoise Dolto rappelait qu’il est autant nécessaire d’apprendre la pudeur à son enfant que d’en avoir envers lui. La pudeur permet à l’enfant «d’humaniser» sa sexualité, d’intégrer qu’elle est différente de celle des animaux qui s’ébattent ou font leurs besoins devant nous. A réfléchir quand les mères changent leur bébé en public alors qu’elles pourraient le faire autrement. Donc, pour apprendre la pudeur à l’enfant, il faut lui montrer l’exemple. En lui demandant, notamment, de frapper à la porte de la salle de bain ou de la chambre, de ne pas se balader nu dans la maison, et de lui dire que certaines images ou situations ne sont pas de son âge.

+ d’infos :
Isabel Korolitski, in Psychologies Magazine. «Le livre des mamans» – Ed. FeniXX
Françoise Dolto «Les étapes majeures de l’enfance» – Ed. Gallimard

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