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SOS HYPOCONDRIE !

JE NE SUIS PAS BIEN PORTANT…

DE LA « RATE QUI S’DILATE » DE GASTON OUVRARD AU MALADE IMAGINAIRE SAIGNÉ, LAVÉ, PONCTIONNÉ PAR MOLIÈRE, L’HYPOCONDRIE A RÉSISTÉ À TOUTES LES PANDÉMIES. ELLE AURAIT PLUS DE 2500 ANS À EN CROIRE LES MÉDECINS ANTIQUES.

PAR NOLWENN HUYART – ILLUSTRATION SOPHIE CAQUINEAU

Et il y a du beau monde dans la catégorie ! Jean-Jacques Rousseau qui «naquit infirme et malade», intrigua médecins et psychiatres. Edgar Poe en appelait à ce qu’on lui «grille la cervelle» pour faire cesser ses souffrances. Zola avait peur de mourir subitement. Quant à Emmanuel Kant, obsédé de vivre le plus vieux possible, il s’infligea un mode de vie disciplinaire. Tous enclins à l’émotivité et à l’inquiétude. C’est vrai qu’il y a de l’anxieux dans l’hypocondriaque.
Mais si le mode de réaction à la peur n’est pas le même pour tous, il peut être tout autant nuisible. Quand d’un côté, certains multiplieront les consultations, les traitements, les examens, parfois invasifs, s’exposant à de délétères effets secondaires, d’autres pratiqueront la politique de l’autruche, fuyant les établissements médicaux de peur d’apprendre qu’ils ont la maladie tant redoutée, jusqu’à courir un risque avéré.

LES RACINES DU MAL

En discutant avec eux, apparaît souvent un lien avec l’histoire familiale. Une maladie grave d’un proche survenue dans l’enfance, un parent lui-même hypocondriaque qui sur/sous- médicalisera son enfant, un stress pas toujours pris en charge sur le moment qui peut refaire surface des années après, en réponse à un événement faisant prendre conscience de sa condition de mortel. Parce que le noyau dur se trouve là : dans l’angoisse de la maladie, il y a la terreur de la mort et l’angoisse de souffrir dans la mort.

COUPER LE MAL À LA RACINE

Ce n’est pas une fatalité. La psychanalyse, qui aborde la peur de la mort ou de la séparation, ou encore la thérapie cognitivo-comportementale, visant à se défaire des fausses croyances et à expérimenter de nouveaux comportements, apportent un soin efficace. Les approches corporelles sont aussi opérantes. Dans l’hypocondrie, le corps est considéré comme défaillant et objet de peur. Reprendre confiance en soi et en lui, rétablir un équilibre corps-esprit par notamment l’exercice physique, la relaxation, la méditation concourront au mieux-être. C’est un mal dont on vient à bout. Avec les virus émergents, le Covid-19 en cours, et la «cybercondrie» -la grande facilité d’accès aux informations médicales- il se peut que les 2 à 4% de la population concernée par le trouble voient leurs rangs grossir. Cependant, il y a de quoi se réjouir : l’hypocondrie ne fait plus partie depuis 2013 des psychopathologies indexées au DSM V*. Enfin !

Biblio : * DSM V : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – A lire « Confession d’un hypocondriaque » – Christophe Ruaults – Ed. Michalon

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