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25 ans après… françois-cyrille grange

baptême du feu

Un stade plongé dans le noir, 30 000 personnes chauffées à blanc et
 une flamme à allumer… François-Cyrille Grange n’est pourtant pas une rock star. Le 8 février 1992, il n’a que 9 ans, mais c’est «son» grand soir. Il a le droit de veiller tard et on l’a autorisé à jouer avec le feu.

Nous sommes à quelques jours de la cérémonie d’ouverture. Jean-Claude Killy a convaincu Michel Platini de porter la flamme olympique sur les derniers mètres, mais Michel Barnier aimerait qu’il soit accompagné par un gamin du coin. “Les Jeux se déroulaient en Tarentaise, il m’a donc demandé de trouver un jeune Mauriennais”, se rappelle Rémy Charmetant, alors membre du comité exécutif du COJO. “J’ai donc épluché les résultats des jeunes du Comité de Ski de Savoie et de tous les clubs de sport. Celui de Valloires était particulièrement performant, alors j’ai appelé le directeur, mais je ne pouvais pas lui dire exactement pourquoi j’avais besoin de ces gamins, ça devait rester secret.”

Valloire faxe alors le palmarès et les trombines photomatées de trois de ses jeunes pousses, dont les deux frères Grange, mais c’est sur l’aîné, François-Cyrille, que le COJO porte son choix.

COME ON BOULI LIGHT MY FIRE

Les Grange sont une famille de skieurs. Leurs parents ont évolué en équipe de France dans les années 70, grand-père et oncle sont directeurs d’écoles de ski, Jean-Baptiste, le benjamin, décrochera le titre de champion du monde de slalom une dizaine d’années plus tard.

“Si nous, enfants, on n’a pas mesuré tout de suite la portée de l’événement, tout le monde autour de nous était dans le milieu, et ils étaient vraiment très fiers”, se rappelle François-Cyrille, « Bouli » pour les intimes. Le jeune Valloirin allume la flamme une première fois pendant la répétition, “pour voir si tout fonctionnait, il faisait jour, j’accompagnais un inconnu, il n’y avait donc pas encore vraiment d’émotion.”

Mais le soir de la cérémonie, alors qu’il attend sous les gradins, on l’informe qu’il courra avec Platini ! Il n’a que 30 secondes pour encaisser l’info, puis il est placé à l’entrée du stade, dans les pattes du sélectionneur de l’équipe de France. “Même si je connaissais un peu le foot, sur le coup, je n’ai pas eu le temps de me rendre compte, j’étais surtout impressionné par le stade tout noir, avec juste une poursuite qui nous accompagnait pour traverser et monter les marches. Je pensais surtout à essayer de suivre l’allure de ce grand sportif. A l’avant-dernière marche, j’ai d’ailleurs dérapé un peu, il m’a retenu par la main.” Il enflamme ensuite la vasque, avant de se tenir aux côtés de François Mitterrand, avec Sandrine du Peloux, la petite chanteuse a cappella, et de mesurer la solennité du moment.

François-Cyrille Grange aujourd’hui…

j’étais surtout impressionné par le stade tout noir, avec juste une poursuite qui nous accompagnait pour traverser et monter les marches.

A FEU DOUX

Après coup, François-Cyrille est très sollicité par les médias, mais il ne devient pas la star de la récré pour autant. Pour lui, la notoriété a surtout le goût des expériences nouvelles et des belles rencontres. Dans la foulée de la cérémonie, pendant les JO, il assiste à sa première descente, pour laquelle Franck Piccard remporte l’argent. Plusieurs mois plus tard, il fait une autre ouverture «Olympique», celle d’un match de l’OM, puis celle d’un match des Anciens de l’Equipe de France à l’occasion duquel il retrouve Michel Platini, qui ne l’a pas oublié. Côté glisse, il a envie de «plus d’espace pour skier» et quitte assez rapidement le circuit classique pour bifurquer vers le free ride et le ski extrême. Mais aujourd’hui, à 34 ans, il a réintégré les rangs de l’alpin.

Depuis 8 ans, il est chef des entraîneurs du ski-club de Valloire, et accompagne une soixantaine de jeunes passionnés, à qui il espère avoir transmis le feu sacré.

photo de 1992 © GETTY / Dimitri Iundt; portrait d’aujourd’hui © Coco photo

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