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malades de l’école

1 à 5% de la population des 12-19 ans scolarisés seraient concernés en France par la phobie scolaire, cette peur d’aller à l’école pour des raisons irrationnelles. Un phénomène en augmentation.

Inexistante au registre du DSM V – le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie – la phobie scolaire est décrite comme un ensemble de troubles associés : l’anxiété de séparation, la phobie sociale et le stress post-traumatique. Si la bonne nouvelle est de ne pas restreindre ce trouble à une psychopathologie, l’absence de dénomination du diagnostic et la multiplicité des causes rendent l’estimation de l’impact très difficile.

LA SOUFFRANCE DE L’ÉCOLE

La terminologie du trouble en lui-même fait débat : “La phobie scolaire, tout comme celle de l’ascenseur ou de l’avion, n’existe pas. C’est un abus de langage. Quant au refus scolaire, terme utilisé par les Anglo-saxons, il ne semble pas plus adapté. Les jeunes que je vois en consultation ne refusent pas d’aller à l’école, ils n’arrivent pas à y aller, ce qui est différent. Voilà pourquoi je préfère dire plus simplement qu’ils sont malades de l’école, et en rupture scolaire” , explique Marie-France Le Heuzey, psychiatre à l’Hôpital Robert Debré.

LES SIGNES QUI INTERPELLENT

Comment reconnaître les indicateurs de cette souffrance chez son enfant ? Le refus de se lever, l’attaque de panique au moment de partir à l’école, la crise d’angoisse qui peut être accompagnée de douleurs physiques violentes (maux de ventre, de tête, tremblements, palpitations, etc…). Quand il supplie de rester à la maison, et à l’extrême, qu’il menace de se suicider si on le force à y aller, se réfugiant derrière sa croyance d’un problème avec l’autre : “les profs ne s’occupent pas de moi”, “les élèves m’embêtent”. Il conviendra de vérifier la véracité de ses conditions environnementales, afin de ne pas passer à côté d’un véritable harcèlement, d’un cyber-harcèlement ou d’une exclusion. Egalement, un trouble dyslexique ou un TDAH (Trouble de l’attention et de l’hyperactivité), s’il n’est pas suffisamment accompagné, peut générer la peur de l’école, à mesure que les exigences augmentent (le passage au collège par exemple). Ces symptômes disparaissent le week-end et surtout pendant les vacances scolaires. Rappelons-nous qu’il ne s’agit pas d’une mauvaise volonté de l’enfant ou d’une crise de «tire-au-flanc», mais bien d’une peur pouvant atteindre un paroxysme.

DES CAUSES MULTIPLES AUX CONSÉQUENCES GRAVES

Les raisons de cette angoisse ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Toutefois, certains facteurs sont communs : une peur excessive de l’échec, du jugement des autres (des professeurs comme des élèves). On trouvera aussi une ancienne peur de la mort ou de la séparation développée dans la petite enfance et réactualisée éventuellement par un traumatisme plus récent. Cela peut être aussi un moyen d’attirer l’attention lors d’une situation familiale instable, comme dans le cas de conflits parentaux récurrents et non-réglés.
Les conséquences peuvent être graves : désocialisation, déscolarisation, dépression, hospitalisation, mise en péril du devenir professionnel. Marie-France Le Heuzey préconise une prise en charge précoce du trouble, en évitant, si possible, la scolarisation à la maison qui favoriserait un confort ne permettant plus le retour vers l’établissement scolaire.
La Fondation Santé des étudiants de France accompagnent des initiatives en faveur de la réinsertion des enfants à l’école : l’unité Soins Etudes de l’Académie de Grenoble a mis en place le dispositif «Passerelle» afin d’aider l’élève à reprendre une scolarité en milieu ordinaire ou d’être accompagné pour construire un nouveau projet d’orientation.

+ d’infos :
« Phobie scolaire » de Marie-France Le Heuzey-Ed. JL Lyon
www.phobiescolaire.org (association de parents et d’enfants)

Illustration : Sophie Caquineau

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