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déplumée !

déplumée !

Ça y est, c’est l’heure ! Ça fait des jours et des nuits que je l’attends. Elle me met sans dessus dessous cette insolente ! Elle me titille, me fait croire au miracle puis s’en va, me laissant là, sur le flanc. J’y ai cru l’espace d’un instant mais non. Encore une fois, j’me mange les dents !

Ça va maintenant. Ça a assez duré. Les nerfs à vif et l’égo à fleur de peau, je t’en supplie, je me prosterne à genoux, rouge de terre et de colère, mais Anne, ma sœur Anne, toujours rien à l’horizon. Elle me fuit, me donne la leçon et me pousse dans mes retranchements les plus intimes. Espèce d’impertinente ! Sale garce, tu ne perds rien pour attendre : je te vois ricaner, l’air espiègle et la fleur au fusil ! Si tu fais ta téméraire, crois-moi, fais ta prière ! Quand au vol je t’aurais chopée, je vais te faire fumer. Tu crois quoi ? Je fais quoi moi comme ça, rugueuse comme une cruche trop usée, vide de tout et gonflée de rien ! Dis-moi ce que tu veux à bouffer que je puisse enfin envoyer la sauce au gratin !!!

A chaque fois, c’est pareil, d’une morosité sans nom. Toi qu’on pourrait comparer à l’envie furieuse de bouffer la vie quand on dépérit, au plaisir soudain de prendre une Rennie quand on brûle d’ennui ! Toi, l’allumette sur le feu, le p’tit coup d’fil à Dieu. T’ai-je été infidèle au point de faire du zèle ? T’ai-je déjà trahie même une seule nuit ? Que le diable s’habille en Saint-Laurent si je mens ! Sans toi, je ne transpire ni ne respire, tu es mon grog, ma veine, ma drogue. Seulement voilà, t’es jamais là quand il faut, espèce de feignasse ! Tu le sais pourtant, on n’est pas chez mémé à boire le thé : c’est à date et à heure fixes, d’hiver en été ! C’est pas compliqué, bon sang !

Non mais tu ne te rends pas compte, ce n’est vraiment pas sérieux ! Je ne suis pas toute seule à t’attendre. Je vais encore être à la bourre avec tes conneries, plus qu’une jolie Victoire, c’est plutôt Oh rage Oh désespoir ! Alors pitié, arrête ça tout de suite et ramène-toi ou je te quitte !

Et soudain, comme un coup de fil à un ami ou un morceau de pain béni, elle s’insinue enfin. Malicieuse, caustique ou cartésienne, elle t’attaque de plein fouet, joue avec ton cerveau las et ton âme en peine à plein régime. Elle aime ça, te triturer, te renverser et te culbuter jusqu’au pétage de plombs. Elle aime quand tu perds pieds, quand tu cours où c’est piégé, quand blanche comme un cul et cernée comme un panier, le sommeil et la faim t’abandonnent sans pitié !

Oh ma muse, mon inspiration, tiens bon ! Tu vas gratter jusqu’à la rédaction, tête dans l’guidon !

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