envie de fraises !
Rhooo, c’est pas vrai !!!! Qu’est-ce que ça m’agace !!! Chaque année, c’est la même, pire qu’une tentation : une malédiction ! Voilà que ça m’reprend, j’vais encore me ramasser les dents !!! Je me conditionne, je respire profondément et j’y vais, bouche fermée et à demi-mots, des fois qu’on m’oublie, sait-on jamais !
Ce matin-là, l’haleine fraîche et le teint pâle, j’en mène pas large. J’vais encore m’taper la honte, j’en ai marre ! C’est toujours le même scénario… En pôle position, j’ai à peine le temps de dire ouf qu’on m’appelle déjà ! Tout de suite dans le bain. Eh, mollo, c’est que j’suis pas prête ! Forcément, j’y vais à reculons… Je vais faire mon cinéma… encore une fois !!! On se refait pas.
Invitée à prendre place, sans préambule, voilà qu’il me bascule, histoire d’atteindre l’angle optimal ! Mon cœur bat la chamade, mon pouls fait carton plein, mes cuisses se serrent, j’vais manquer d’air ! Déjà…
Il est masqué, j’ai les jetons mais je fais diversion, je l’imagine en Christian Grey, c’est toujours moins bestial. Jusque-là, j’arrive encore à prendre sur moi, un miracle ! Mais voilà qu’il m’ordonne d’ouvrir la bouche ! AAHHH ! J’appelle ma mère !! J’fais : « pitié !!! Qu’on m’achève !!!!” Le regard en dit long, fin de discussion. Liquéfiée, je m’exécute et tandis qu’on m’écartèle, je sens un objet non identifié se caler contre ma joue.
Le vengeur masqué essaie tant bien que mal de canaliser son outil, je le sens légèrement agacé, j’y peux quoi moi si je me débats ? Il ferait moins le malin avec un machin en travers de la bouche d’un côté, la bave qui tsunamise de l’autre et quelqu’un qui vous aboie « mais aspirez bon sang !”…
Ça y est, j’ai des hauts le cœur : je me sens partir. L’horreur, je me donne en spectacle, je le sais. L’humiliation totale !!! Si seulement il pouvait manier aussi bien l’ustensile que Christian, ça m’aiderait sûrement à avaler… mais là, je m’étouffe, nom de nom !!! Et v’là qu’il me coince pour finir, je le sens accélérer le mouvement, mettre tout en branle. Puis, plus rien. Saint Pierre, c’est toi ? Même pas…
Sueurs froides, pulvérisée, fond et comble, périnée remonté jusqu’au gosier et fluorée dans les moindres recoins, j’ouvre enfin l’œil, rouge de honte et hors de moi d’avoir encore perdu pied !!!! On dirait qu’il a fait un marathon, le pauvre. Et d’en rajouter… « Aaah ça, vous m’avez bien astiqué… les nerfs !!!! Mais y’a une dent cariée, va falloir remettre le couvert…«
Depuis, je suis partie sucrer les fraises…
© Tierney