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gazon maudit ?

pour qui sonne le glabre ?

Oubliez les gesticulations de Donald Trump et Kim Jong un, qui jouent à celui qui aura la plus belle coupe de cheveux ou le plus gros kiki. Et concentrez-vous sur le seul sujet explosif ! Le seul à mériter un débat idéologique planétaire aujourd’hui : faut-il s’épiler intégralement pour une sexualité épanouie ?

Reconnaissons-le, la femme lascivement allongée de «l’Origine du monde», ce fameux tableau de Gustave Courbet, et qui arbore une toison aussi vaste que la jungle tropicale, n’est plus vraiment au goût du jour.

GAZON MAUDIT

Alors qu’il était pendant longtemps synonyme d’érotisme, le poil est devenu suspect depuis une trentaine d’années. On rase, on épile, on arrache, on lasérise! Aisselles et jambes, certes, mais aussi pubis,grandes lèvres, et même le sif (ce fameux sillon inter fessier) fait table rase. Véritable odyssée du lisse! La banalisation de l’imagerie pornographique y est un peu pour quelque chose. Et les hommes ne sont pas en reste ! Christian Clavier, pilosité «maquis corse» débordant de son maillot de bain minimaliste, et déclamant du Saint-John Perse dans les «Bronzés», serait désormais complètement out.
Car le poil est devenu vulgaire et sale. Un peu comme le gras.

VOUS AVEZ DEMANDÉ LA PEAU LISSE ?

Bienvenue à l’ère des chattes-tofu. Light. Vegan. Dénuées de toute animalité. D’après l’Ifop en 2014, 14 % des Françaises s’épilent intégralement le sexe… dont 45 % des moins de 25 ans. Le poil, ennemi public numéro 1, est traqué, comme Jacques Mesrine autrefois ! Sur le plan sexuel, l’intérêt est évident. Les rapports bucco-génitaux s’accommodent mieux en effet d’une peau lisse. Il est plus agréable de flatter popaul et ses valseuses ou donner sa langue au chat si l’environnement est glabre, à moins de vouloir s’entraîner à parler avec un cheveu sur la langue. “Eft que tu reffens quelque fose?”, pas très glam! Pour celui ou celle qui bénéficie de la gâterie, la sensation est bien meilleure également. En fait, le poil gêne. Il empêche de voir et de toucher «clair». Il cache. Il fait paraître le pénis plus petit. Il repousse mal, dru et abrasif. Bulbe indiscipliné et mal élevé. Il chatouille, irrite, énerve. Bref, vraiment pas au poil!

LE POIL SE REDRESSE

Mais se raser est une contrainte incroyable, véhiculée par la mode et le lobby des cosmétiques. Un coût également. Et l’épilation intégrale, pour certains écologistes du sexe, une véritable catastrophe érotique. L’équivalent de la déforestation amazonienne. Les poils, qui contribuent à dissimuler le sexe féminin, entretiennent son mystère et nourrissent l’univers fantasmagorique, ô combien important dans la montée du désir. Au théâtre, le rideau cache les acteurs et préserve le suspense. Sans rideau, fin du mystère. Comme disent les nudistes « quand il n’y a plus rien à cacher, il n’y a plus rien à voir ». Désir en berne! Par ailleurs, les poils pubiens et des aisselles agissent comme des «pièges à odeurs», où fourmillent les «phéromones». Du coup, pour pécho, n’en déplaise aux adeptes de la tondeuse, il vaudrait mieux garder ses frisouilles à l’état naturel au lieu de «faire aumône» sur Tinder.

PILE POIL

Retirer le poil au bénéfice de la sexualité est donc une absurdité. De là à préconiser de laisser la zone en friche, il n’y a qu’un pas qu’il n’est pas nécessaire de franchir. Alors entre pubis épilés et mottes bien drues, que choisir? En fait, il n’est pas nécessaire de choisir son camp. Le poil, on peut être pour et contre, selon l’inspiration du moment. C’est juste une affaire d’esthétique personnelle. Car l’érotisme n’est pas une question de sophistication et rien n’est moins apprêté que le désir. Du glabre à la jungle, il y a au moins 50 nuances. Triangle brésilien, ticket de métro, voire pass navigo, les possibilités sont multiples. Il suffit de faire preuve de créativité dans votre «sex-épile»!

© Marko Marcello

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