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l’appel de l’infir’mère

allo maman bobo

Je ne suis pas une mère cool – y’a-t-il des mères cool dans la salle ? S’il y en a, qu’elles se dénoncent sur le champ ou se taisent à jamais ! – Je suis plutôt du genre autoritaire, d’aucunes pourraient même dire rigide – «d’aucunes» étant le 2ème prénom de mes filles -, j’ai le «non» systématique, la patience furtive et l’hystérie facile. Mais…

Parce qu’il faut toujours un MAIS pour nuancer une entrée en matière peu flatteuse – dans certaines situations, je deviens douce, attentionnée, dévouée sans limite : quand mes choupettes sont malades. Touchons du bois, si elles ont déclaré des pathologies bizarres et parfois impressionnantes – rhume de hanche, pieds-mains-bouche, fracture de la clavicule dès l’expulsion du bidon… -, elles ont jusqu’ici été épargnées par les choses très graves. Mais dès qu’elles montent en température, dès qu’un bouton pointe sa vésicule sur le coin de leur joue ou qu’elles s’égratignent le genou, je sens une blouse blanche me pousser sur les épaules, avec un thermomètre dans la poche droite et une pipette de paracétamol dans la gauche.

INFIR-MÈRE

Et là, je me révèle. Je désinfecte les pustules varicelleuses avec application, positionne les strips à l’équerre, excelle dans la confection de cataplasmes, les emmène au resto après une radio, me lève plusieurs fois dans la nuit sans me transformer en gorgone et accepte même volontiers de partager mon lit – c’est dire… A cela, j’ai tenté une explication socioprofessionnelle : aurais-je raté ma vocation ? Me serais-je plutôt épanouie dans le milieu hospitalier ?… Soyons honnêtes, la vue du sang, les croûtes purulentes et autres joyeusetés médicales dont je vous épargnerais ici l’inventaire, ne me sont supportables QUE sur des corps familiers, et petits de préférence.

Une explication psycho freudienne alors ? La vulnérabilité de mes gamines renforcerait mon sentiment de toute-puissance à leur égard ? Ben oui, affaiblies, elles ne me résistent plus, ne s’opposent pas, ne se rebellent pas, veulent juste des câlins et du sirop. En termes de bienséance maternelle, cette démonstration n’est pas très politiquement correcte, mais le simple fait d’y avoir pensé me laisse craindre de ne pas être loin de la vérité…

PARACÉTA-MOLLE

Quoi qu’il en soit, mon armoire à pharmacie est toujours extrêmement bien achalandée. J’en ai même une version portative qui me suit dès que j’y pense, en rando vélo, au supermarché ou en vacances, et qui sert en fait de repoussoir ou de talisman : il n’arrive jamais rien quand elle se trouve dans mon sac, évidemment. Il suffit par contre que je l’oublie pour ne rien avoir, ne serait-ce qu’un mouchoir, pour éponger une hémorragie nasale.

Jusqu’à présent, je ne pensais pas que ma progéniture avait identifié chez moi cette tendance à l’attendrissement devant le médicament, mais quand j’ai vu, malgré son poignet fort endommagé, la mine réjouie de N°1 la dernière fois que nous nous sommes retrouvées toutes les deux aux urgences, j’ai compris qu’elle avait trouvé la brèche…

+ d’infos :
mavraieviedemaf.wordpress.com

Illustration Sophie Caquineau

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