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la chipster blister house

Attention maison très craquante

Une maison contemporaine n’est pas qu’une maison contemporaine de plus. La preuve, en images, avec la chipster blister house, baptisée d’après une gourmandise ovale et soufflée que l’on dévore à l’heure de l’apéro. Oui… Le chipster.

Du verre et du béton. Certains esprits (chagrins) considèrent que rien ne ressemble plus à une maison contemporaine qu’une autre maison contemporaine. Encore faudrait-il y regarder de plus près. Ainsi, l’étonnante habitation des Monts d’Or, conçue par Au*m, agence emmenée par Pierre Minassian, leur donne tort. Certes, la Chipster blister house est majoritairement constituée de béton et de verre. Mais ses architectes, par conviction et par feu sacré, lui ont offert un supplément d’âme, quitte à diablement corser l’exercice au niveau technique : double porte-à-faux, savant travail de découpe et d’incrustation du monolithe, paravent haute couture, composé de soixante coques d’argon acier brut verni, laquées de résine Corian noire (fameux clin d’œil au Chipster)…

Vous voulez des exemples ? Au Sud, la façade est entièrement vitrée, particularité qui laisse d’ailleurs entrevoir la continuité des espaces intérieurs. Problème : impossible de trouver les baies vitrées aux dimensions idoines, en France. Au*m dégotera à l’étranger un fournisseur apte à relever le défi. Afin d’habiller cette même façade, de soustraire les occupants de la maison aux regards indiscrets et de les protéger des rayons ravageurs du soleil, Pierre Minassian a passé de longues heures à lui dessiner une sorte de moucharabieh contemporain. Problème, derechef : les propriétaires sont en bout de budget et peinent à financer le rideau de Corian qui personnifie tant la demeure.

Opiniâtre, l’équipe remue ciel et terre pour trouver des solutions. Ce sera, in extremis, le groupe suisse inventeur du matériau composite, qui fournira l’enveloppe nécessaire à l’achat et à la fabrication du paravent, afin d’en montrer toutes les potentialités. A peine cet écueil évité qu’un autre surgit : aucune entreprise n’ose se mesurer à la pose dudit paravent sur la façade. Le dispositif est si singulier qu’il n’a pas d’antécédent… Bref, trop risqué.

Cette fois, ce sont Pierre Minassian et un collègue, aussi chevronné et bricoleur que lui, qui revêtent leur bleu de travail pour hisser la dentelle métallique à sa destination finale. L’agence a également réalisé l’ensemble des suspensions lumineuses de la maison. Il aura donc fallu beaucoup de suite dans les idées et un peu d’huile de coude pour que cette habitation noire et blanche, aux lignes minimalistes prenne forme et ce, telle que ses concepteurs l’avaient voulue.

Aucune entreprise n’ose se mesurer à la pose dudit paravent sur la façade. Le dispositif est si singulier qu’il n’a pas d’antécédent…

JEUX DE GÉOMÉTRIE ET GAGEURE TECHNIQUE

“Nous avons poussé au maximum les capacités structurelles du béton afin d’obtenir l’effet le plus fort et le plus harmonieux possible”, explique le Lyonnais. Au-dessus du séjour, le porte-à- faux court sur 13 mètres. Un second débord de béton surplombe la partie nuit, à l’étage. Même recherche pour la façade donnant sur la rue : la construction a été évidée afin d’obtenir une sensation de structure. La frise adoptant l’esthétique des poutres en treillis qui résulte de l’opération dévoile un peu du patio. Ce dernier permet de drainer la lumière vers le séjour et le niveau supérieur. Sur la tranche du bâtiment, le travail de découpe et de géométrie se poursuit. Le verre semble percer le béton. Cette coquetterie permet de multiplier les expositions, de gagner en légèreté et caractère. Les deux façades en longueur se répondent, via une logique inversée de vides et de pleins. Le percement trapézoïdal, qui donne sur la rue, fait ainsi également écho à la coursive de la façade, côté jardin.

Atypique, le chantier n’a pourtant pas traîné en longueur : “13 mois de patience ont été nécessaires alors qu’un tel projet réclame quatre mois de plus qu’un chantier classique”, souligne l’architecte. D’autant que la Chipster blister house répond aux demandes du label BBC. Chauffée par géothermie, équipée de rupteurs thermiques et d’une ventilation à double flux, elle affiche d’excellentes performances environnementales. Alors, qui a dit que les Chipster n’étaient pas bons pour la silhouette ?

Photos : Studio Erick Saillet

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