la reine des huitres et autres crustacés
Les bijoux de Laura Parisot, ou plutôt les pièces d’art contemporain qui font office de parure, détonnent ! Des créations pour le moins décalées à l’humour estampillé. Mais qui se cache derrière la créatrice tonique de la reine des huîtres et de my little homard?
Un imaginaire débridé, un sens affirmé du défi et de l’humour, aucune aptitude pour l’autocensure, Laura Parisot ne fait pas dans la demi-mesure. Pas encore trentenaire, la Lyonnaise d’adoption se sent déjà à l’étroit dans l’appellation «créatrice de bijoux contemporains». “Je suis juste une entrepreneur, une artiste qui tente des choses”. Suffit de jeter un oeil à ses inventions pour s’en convaincre : des broches ou colliers homard, des bracelets évoquant de curieuses bêtes s’entredévorant, des poignets de force ouatés de fourrure… L’univers de Laura est fantasmagorique.
“Tu as fait les Beaux-arts (de Valenciennes), donc tu dessines !”, entend-elle souvent. “Non”, rétorque-t-elle, un brin lassée. C’est d’ailleurs le côté académique du cursus qui la chagrine. D’où les Arts décoratifs de Strasbourg, dans la foulée, “pour se spécialiser”.
Les enseignements sont très versés dans l’Art & Craft, comme on l’envisage outre-Manche. “Très enrichissant”. Là-bas, la jeune femme traîne souvent avec des bijoutières. “C’est vraiment là que j’ai rencontré le bijou”. Là où elle s’enivre du sentiment “de découvrir chaque jour quelque chose de nouveau, sans bien savoir où cela me mènerait”. Là où elle apprend à souffler le verre, “très free style”, l’une de ses matières fétiches avec le laiton : “J’ai adoré l’expérience. On part au boulot avec ce petit côté guerrière, façon super-héroïne. Alors que le monde vaque à sa routine, on a la chance d’être dans un atelier à 1200 degrés et de réaliser des choses hors du commun !”, s’enflamme la bouillonnante artiste, grande joggeuse à ses heures perdues “pour chasser le trop plein d’influx nerveux”.
DES CRÉATIONS TOUT SAUF GLACÉES ET DÉSINCARNÉES
Mais un sentiment d’inachevé persiste chez cette touche-à-tout qui pratique aussi assidument la photo depuis 10 ans. “J’avais besoin de pouvoir me dire « Ça, je sais faire, je maîtrise vraiment»”.
A charge aux Compagnons du Devoir de fignoler la formation et lui apprendre les techniques de conception-création de bijoux. “Durant mes études, j’ai eu des profs très critiques. Qui te poussent au-delà de ta zone de confort. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de proposer des choses, de matérialiser les images mentales qui me viennent. Je préfère être en accord avec moi-même, faire les choses à fond et après, on verra« .
Installée à Lyon depuis un an, Laura Parisot réalise à la main tous ses bijoux de A à Z, “à part le côté nouvelles technologies”, sillon qu’elle creuse à l’instar de mélanges détonants de matières, plastique biovégétal et or, par exemple. “Dans mon travail, j’ai besoin d’une histoire autour d’une oeuvre, d’un engagement”, tout en précisant que le côté blabla qui entoure parfois l’art contemporain lui hérisse le poil. “J’aime aller vers le too much, le kitsch, l’ambiguïté. Cultiver un aspect à la fois brut et soigné”
Chaque collection est la déclinaison d’une pièce-mère, porteuse d’une symbolique forte, qui sert de matrice aux autres. La construction de l’objet est méticuleusement pensée un savant mélange de toutes ses passions : l’art, le bijou et la photographie.
Ainsi, la collection «My little homard», créée l’année passée, raconte l’histoire de «Monsieur Homard». Un mec en slip en mode bling bling qui n’a qu’une envie : presser les citrons. De cet univers déjanté, sortiront boucles d’oreilles, bagues et autres colliers en laiton doré à l’or fin, plastique bio-végétal serti de cristaux Swarovski.
A notre homard succèdera Dark Side, une ode au scarabée. Des héros légendaires mis en scène avec humour et dérision afin de matérialiser de façon subtile la fragilité de la nature humaine.
De sa prochaine ligne, cette “bordélique patentée très organisée” ne mouftera rien, si ce n’est que son inspiration n’est pas animale. Tout en planchant sur une exposition collective, prévue cet automne à Paris, Laura Parisot rêve aussi d’organiser un défilé “mais dans la performance, histoire de bousculer ce petit monde aussi”.
+ d’infos :
www.villagedescreateurs.com
www.lauraparisot.com
