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le kâma-sûtra ? sans moi

position démissionnaire

C’EST UN VÉRITABLE MYTHE QUI, 1500 ANS APRÈS SA RÉDACTION EN INDE, CONTINUE À FAIRE FANTASMER LES AMANTS DU MONDE ENTIER ! SANS DOUTE L’OUVRAGE LE PLUS CÉLÈBRE DE L’HISTOIRE, AVEC LE PETIT LIVRE ROUGE DE MAO ET LA BIBLE. MAIS SI CETTE DERNIÈRE NOUS APPREND, ELLE AUSSI, À NOUS AIMER LES UNS LES AUTRES, LE KÂMA-SÛTRA, LUI, EST BEAUCOUP PLUS CONCRET AVEC SES 64 MÉTHODES POUR S’EMBOÎTER PLUS FACILEMENT QU’UN MEUBLE IKEA ET AINSI MENER LES PARTENAIRES AU 7E CIEL.

Pourtant, ne serait-il pas temps de jeter aux oubliettes une fois pour toutes ce Tétris de la galipette infaisable, inadaptée à nos corps d’Occidentaux plus proches du joueur de pétanque que du yogi du Pendja ?

GUERRE DE POSITIONS

D’ailleurs, tous les sondages le montrent, sur ces 64 positions, seules trois sont pratiquées régulièrement par les Français : la levrette, le missionnaire, et l’Andromaque. Encastrement dessus, encastrement dessous, encastrement derrière. Waouhhh quelle originalité ! Bâillements garantis avec des scenarios aussi répétitifs! Pourquoi seulement ces trois-là? Mais parce qu’on n’a pas le choix! Le reste du Kâma-Sûtra est en effet réservé aux as du contorsionnisme ou à des athlètes olympiques! Nous autres, sportifs du dimanche, risquons gros à tenter la copulation à l’indienne, surtout à froid, sans échauffement. Vous, fan de foot, l’Olivier Giroud du Bultex, vous Bombay le torse en exhibant votre barre transversale, et lancez «on se fait le petit pont, dis, chérie ?». Eh bien, c’est lumbago assuré ! Jardinier écolo, fidèle de «Silence ça pousse», vous tentez la brouette thaïlandaise ? Chute et points de kama-sutures garantis! Et si votre dulcinée vous suggère de jouer au «cerf en rut», ne succombez pas à son regard de bitch, c’est un vrai triquenard. Impossible de tenir la posture !
Avez-vous réellement envie d’aller encombrer les urgences un samedi soir et de gâcher le week-end de madame Buzyn, parce que vous êtes coincé dans une fâcheuse situation, ou pire, parce que vous souffrez d’une fracture du pénis ? Là, à l’instant où vous lisez ces lignes, vous sentez un frisson parcourir votre dos. Quant aux autres positions, si elles semblent moins dangereuses, elles n’en sont pas moins compliquées à réaliser. Nécessitant presque une panoplie d’ingénieur pour mesurer les angles, ou calculer le coefficient de pénétration. Du coup, au lieu de passer la nuit avec un plan Q sans prise de tête, vous filez tout droit vers un plan tête sans prise de Q. Vous commencez la soirée en Rocco Siffredi, vous la finissez en Cédric Villani. Echec et maths !

REFUSEZ DE PRENDRE POSITION !

Le Kâma-Sûtra est en fait une im-posture, qui continue, étrangement, à nous émoustiller. Les versions modernisées pullulent, pour les lesbiennes, les gays, les débutants, les nuls, pour les opérés de la hanche, les lombalgiques, les vegans, et bientôt sans doute, pour les unijambistes et les manchots. Chaque année, même topo, la presse nous ressort les 20 positions les plus difficiles, les 50 plus insolites, les 100 plus ceci ou cela. Qui dit mieux ? Un marketing bien rodé, mais qui ne change pas le fond du problème. Le sexe à la sauce indienne, c’est la pénétration et basta. Ça manque un peu de piquant non ? Pourtant, il y aurait tandoorizons à explorer. Jeux de langues, de doigts, de mains, les objets, les caresses… Sans oublier, en plus, la pression de la performance suscitée par ce catalogue de contorsions physiques. “T’as 50 ans et tu ne sais toujours pas faire le tourniquet vietnamien ni la charrue bolivienne ? Non mais, allô quoi ! T’es trop nul ! Je retourne sur Tinder”. N’ayez pas peur du Gandhi ra-t-on, oubliez donc ce vieux grimoire poussiéreux, votre Brahma-poutre n’en a pas besoin pour s’exprimer. Car le sexe est, à la différence du curling, une activité accessible à tous. Pas besoin de posséder un Master en Kâma-Sûtra. Il suffit juste d’un peu d’imagination. Pour avoir l’étoffe des Eros.

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