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rémi casado

young at art

Villeurbanne centre. Une ancienne imprimerie lithographique, un espace de coworking parsemé d’anciennes machines et d’objets de récup, une concentration de créatifs au m2, architectes, photographes, réalisateurs… Et au milieu de cette émulation, un jeune designer prometteur et joueur, dont l’esprit bouillonne de concert et de bon cœur.

Rémi Casado

Il y a, chez Rémi Casado, un mélange de fraîcheur et de maturité. De fraîcheur parce qu’il est né au début des années 90 – pas de reflet argent, donc, ni sur ses tempes ni sur ses joues, mais une barbe noire qui donne de l’assurance à des traits encore doux. De maturité aussi parce qu’il a su très tôt ce qu’il voulait faire. “Ça doit remonter à la 5ème. Je dessinais beaucoup, ce à quoi ressembleraient ma maison, ou ma voiture dès que j’en aurais une… Du coup, j’ai vite cherché un métier créatif.” Sans traîner, après un bac Arts Appliqués à la Martinière et un BTS Design Produit à Saint-Etienne, il monte donc sa société à l’âge où d’autres sont encore tentés de sécher les TD.

Son premier bébé ? Une table, N37 – après 36 essais «un peu foireux» – qui révèle son originalité à l’occasion d’un accident : un liquide renversé sur le plateau fait apparaître des motifs, qu’on pourrait prendre pour les veines du bois, dessinés avec un vernis spécifique. “Mon point de départ, c’est que si on s’arrête à la fonction, des tables, on peut en dessiner à la pelle, mais rien ne sert de sortir de nouveaux objets si on n’apporte pas un peu de poésie.”

N37, table basse
Terzo, suspension en porcelaine

DESSINS ANIMÉS

Un souffle de vie aussi. Tous les objets imaginés par Rémi Casado ne sont pas juste posés là, ils s’animent, jouent un rôle au-delà de celui pour lequel on les sollicite. Le contour plat du vase Fall récupère les pétales de fleurs pour prolonger leur existence. La corbeille de fruits Spine se met doucement en mouvement en fonction de ce qu’on met dedans. L’étagère Facto, composée d’éléments de rangement entièrement modulables, s’efface derrière son contenu. “Je voulais qu’on ne la voie plus quand elle est pleine, on peut donc mettre des livres jusque dans les piétements, pour que ces derniers se fondent dans l’alignement de bouquins, que l’objet bibliothèque disparaisse.”

Fall, vase en verre soufflé à la bouche

BISCUIT ET PLAISIRS SUCRÉS

Acier, bois, faïence, en termes de matières, le jeune designer n’a pas d’affinité exclusive, il fonctionne à la rencontre. Avec la céramiste Marlène Rifford, il choisit la porcelaine non émaillée – biscuit – pour donner corps à sa suspension Terzo, inspirée de ces draps qui recouvrent les meubles dans les maisons abandonnées. Pour le chef panaméen Jorge Saenz, il se frotte au verre et conçoit une série de cloches destinées à mettre en valeur des pâtisseries. “Une trentaine de modèles soufflés sur mesure, tous différents, qui capturent la vapeur s’il y en a, le parfum, l’âme du gâteau. Jorge travaille les textures et les couleurs, et au milieu de sa boutique totalement blanche, épurée, dont il m’a aussi confié l’aménagement, le regard se pose directement sur les cloches et ses créations”. Un projet à l’occasion duquel il côtoie le maître verrier lyonnais Vincent Breed, dont le travail le fascine.

Spine, corbeille toupie en porcelaine

PETITS TRÉSORS À CACHER

C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’il travaille aujourd’hui sur un projet de lampe, en jouant sur la texture, le dégradé, la colorisation du verre, sur laquelle la lumière varierait en bougeant, et dont le socle, sorte de cachette secrète, abriterait quelque chose de précieux. Rémi Casado rêve d’y glisser quelques pièces de sa collection de Jojo’s, ces petits osselets colorés, jouets hits des années 90, dont il n’a jamais pu se séparer. Tout comme ses Pog’s, ses billes, sa soixantaine de paires de sneakers et les ciseaux qu’il utilisait, il n’y a pas si longtemps…à l’école primaire ! Quand je vous parlais de fraîcheur…

+d’infos :
remicasado
.com

Facto, bibliothèque modulable

Photos : Jean-Philippe Darbois

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