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Turin -capitale pour le design-

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LEONARDO N’EST PAS NÉ À TURIN, IL N’Y A PAS VÉCU, N’Y EST PAS MORT… MAIS C’EST DANS LA BIBLIOTECA REAL QU’ON A TROUVÉ SON AUTOPORTRAIT DESSINÉ À LA SANGUINE – ET ÇA TOMBE BIEN, CAR IL ME FALLAIT VRAIMENT UN LIEN POUR JUSTIFIER CE TITRE. COMME LE PROLIFIQUE CRÉATEUR, GÉNIE DU DESIGN AVANT MÊME QU’IL N’EXISTE, LA VILLE DÉBORDE D’IDÉES ET DE TALENTS.

Mise au point : quoi, De Vinci, un designer ? Il a réfléchi à de nombreuses inventions – sous-marin, calculatrice, scaphandre à casque, automobile… – qui, en son temps, auraient simplifié la vie de ces contemporains. N’est-ce pas là le propre du Design ? Bref.
Turin ne l’a donc pas vu naître, mais elle a vu grandir l’unité politique italienne, la mode et l’industrie automobile. La 1re est partie pour Rome dès qu’elle a pu marcher, la 2e s’est laissée séduire par Milan, la 3e a eu des envies de Sud, voire d’horizons beaucoup plus lointains. Mais, plus vigoureuse qu’un phénix et sans avoir à s’immoler -le feu, c’est dangereux, et surtout bien trop voyant pour une cité réputée réservée- la Piémontaise a su, à chaque fois, trouver les ressources pour se réinventer. Or, la renaissance est, en soi, un acte de design. D’après l’Organisation Mondiale du Design (WDO) en tous cas, qui, en 2008, a fait de Turin sa toute première capitale -du design, pas de l’organisation.
Mais quoi de si étonnant, finalement, à être nommée figure de proue du design, pour la ville qui a vu s’exprimer des Pinin Farina, Bertone, Sotsass ou Alessi ? Depuis des décennies, on y dessine des carrosseries, des meubles, des bouilloires ou des machines à écrire. Quant à sa silhouette, elle a été esquissée par les plus grands : Guarino Guarini (Chapelle du Saint-Suaire, Palazzo Carignano), Filippo Juvarra (Palazzo Madama) et plus tard, Renzo Pia (Le Lingotto) ou Mario Botta (Eglise du Santo Volto)… La créativité inonde donc les rues de Turin comme l’eau du Pô n’osera jamais le faire. Et la ville a su la canaliser.

COMME QUOI, LE DÉSIGN N’EST PAS VAIN… SI ?

Dès le milieu des années 90 et le déclin de son secteur industriel, elle a fait de la culture et de la technologie les moteurs de sa transformation. Elle s’est lancée, en parallèle, dans l’organisation de grands événements et un profond réaménagement architectural. Dans la dynamique des JO de 2006, elle est d’ailleurs devenue un laboratoire à ciel ouvert de reconversions de friches industrielles. On cite toujours le Lingotto en exemple, mais OGR (Officine Grandi Reparazioni di Torino), ancienne usine de mécanique ferroviaire, dont les 35 000 m2 ont été reconvertis en centre de culture et d’innovation, illustre aussi parfaitement cette transformation.
Résultat, le secteur créatif représenterait aujourd’hui 9,1% des institutions et sociétés italiennes basées à Turin, soit 100 000 employés et personnes impliquées. Sept universités et instituts de formations liés au design y accueillent également chaque année près de 100 000 étudiants. Voilà pour les chiffres, édités par l’Unesco, qui, en 2014, a d’ailleurs nommé Turin « Ville créative du Design » -comme, entre autres, St Etienne, Singapour ou Istanbul. Cette distinction récompense les villes ayant recours au design dans des démarches de renouveau social, culturel et économique. CQFD.

VENI VIDI VINCI

Dernière preuve de la vitalité du design piémontais, s’il en fallait : c’est un Turinois, Matteo Zaghi, qui a remporté, en mars dernier, l’édition 2019 du Red Dot -la récompense la plus prestigieuse en matière de design- avec un bureau 100% dont la hauteur peut être ajustée en fonction de la croissance de l’utilisateur. Leonardo ne l’aurait pas renié…

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