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urbanisme au passé – annecy les marquisats –

XXe siècle les marquisats, bâtiment militant

PRENEZ UN LIEU CHARGÉ D’UNE HISTOIRE LOURDE. DEUX OPTIONS S’OFFRENT ALORS : EN FAIRE UN SANCTUAIRE, HANTÉ PAR SON PASSÉ DOULOUREUX, OU LUI REDONNER UN RÔLE, UNE FONCTION, DE L’ÉNERGIE. POUR LE SITE DES MARQUISATS, C’EST LA SECONDE VOIE QUI A ÉTÉ CHOISIE.

Photo : Les Marquisats en 1965

Dès le lendemain de la 2e Guerre Mondiale, le Comité Départemental de la Libération réquisitionne le Clos Laueffer, au cœur d’un vaste parc coincé entre le lac et le Boulevard de la Corniche : une sorte de revanche sur la milice, qui y avait établi son siège et torturé, entre ses murs, de nombreux Résistants. Il est rapidement transformé en centre éducatif, puis rasé au début des années 60, quand la Ville engage une politique d’acquisitions de terrains situés en bordure du lac pour la construction d’équipements dans les domaines culturel, social et de loisirs. L’ensemble des Marquisats s’inscrit dans ce contexte.

ARCHI ENGAGÉE

Pour mener à bien ce projet, la commune fait appel à André Wojenscky, ancien élève, assistant, chef d’atelier et architecte adjoint de Le Corbusier, avec qui il a notamment travaillé sur le projet de la Cité Radieuse de Marseille. Avec Louis Miquel, ils imaginent des bâtiments fonctionnels avec des cheminements extérieurs et intérieurs multiples, des espaces décloisonnés, des vitrages importants. Le béton brut, l’acier et le bois sont les principaux matériaux utilisés. “Les Annéciens ne se rendent pas forcément compte du côté manifeste de ce bâtiment, il est presque militant!, souligne Arnaud Dutheil, directeur du CAUE 74. On a fait appel à une excellente signature moderne comme pour faire table rase du passé, exprimer une vraie confiance dans l’avenir. Et Wojenscky occupe la parcelle de manière très intelligente : avec la partie hébergement en retrait, le parc, et le bâtiment qui domine, positionné perpendiculaire au littoral, pour que le regard porte loin, vers le Semnoz.” Grâce à une rampe ouverte sur le reste du bâtiment, les usagers et visiteurs bénéficient en permanence d’une vision sur l’ensemble des activités en cours dans cette première MJC de France.
20 ans plus tard, la partie logements sera transformée pour accueillir le siège de la Fédération Française de Ski. La commune confiera ensuite le bâtiment à l’OPAC pour en faire une résidence sociale destinée aux jeunes travailleurs, tout en préservant les bureaux de la Fédération. En 1993, la MJC ferme, laissant la place à l’Ecole d’art et au Brise Glace. Les Marquisats, comme l’ancienne usine Gillette, les Galeries Lafayette ou la Résidence la Forclaz (sur pilotis, boulevard du Lycée) sont labellisés Patrimoines du XXe siècle.

Avec la collaboration d’Eliane Masset, Guide-conférencière d’Annecy / Fondation Marta Pan-André Wogenscky © Gérard Ifert

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