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urbanisme au passé – annecy Palais de l’Ile –

moyen-âge aux marches du palais

ASSOCIÉE AUX MOTS PRISON ET MOYEN-AGE, LE PALAIS DE L’ILE, INCONTOURNABLE PRÉTEXTE À SELFIE D’ANNECY, EST L’OBJET DE TOUS LES FANTASMES : ON Y IMAGINE DES CONDITIONS DE DÉTENTION INHUMAINES, DES NOYÉS À CHAQUE CRUE… FAISONS LE TRI.

Annecy, 1325. Dans une ville dont l’économie se développe au fil du Thiou, tanneurs, minotiers, forgerons et papetiers craignent les incendies qui embrasent leurs bicoques de bois et de chaume à répétition. Sur un bout d’île rocheuse, la maison forte occupée par Jean de Monthoux, elle, est en pierres et accueille aussi 2 prisonniers. Rien ne dit s’ils sont maltraités, la seule chose qui sera officiellement frappée ici, pendant une quarantaine d’années (1355-1391), dans la nouvelle aile construite à cet effet, c’est la monnaie des Comtes de Genève. Ecus et prévenus ? La cohabitation est risquée… Alors pour éviter de tenter les délinquants, on les envoie humer l’air de la Tour de la Reine, là-haut, au Château. Ils reviendront dès l’atelier monétaire fermé, et la maison restera prison jusqu’en 1864.

Le Palais de l’ile avant la rénovation de 1904 et avant la construction du quai des Vieilles prisons à gauche.

JUSTICE & MILICE

Sur l’île, ni cachot ni oubliettes en sous-sol -impossible de creuser à force d’hommes dans cette roche-, les prisonniers sont donc enfermés dans des cellules au rez-de-chaussée, parfois inondées. Pour autant, les grilles qui donnent sur la rivière n’ont pas pour fonction de laisser l’eau entrer.
A partir du 16e siècle, elles permettent en fait d’évacuer le contenu des latrines… C’est également à cette époque que le reste de la ville est construit «en dur», avec ses arcades et ses passages, et que la maison forte, en s’étoffant d’une chapelle, mais surtout de 2 salles de tribunal, devient Palais de Justice. Devant l’entrée, s’ouvrent les «banches» (porte et fenêtre contiguës), encore visibles aujourd’hui, qui servent de guichets aux hommes de loi. Après l’annexion de la Savoie, le sort du Palais fait débat au conseil municipal. On parle de le transformer en bains-douches, mais le lyrisme du poète André Theuriet et l’énergie de l’architecte Charles Suisse, qui en assurera la restauration, sauvent l’édifice classé bâtiment historique en 1900. S’il ne fait plus office de prison , la Milice y enfermera encore des résistants pendant la 2e Guerre Mondiale. Personne ne sera cependant fusillé sur l’île, les trous qu’on devine dans les murs du palais ne sont pas des impacts de balles, mais des encoches, les «morsures» dans lesquelles s’enfonçaient les crocs de louve, la pince qui servait à soulever les lourdes pierres.

Avec la collaboration d’Eliane Masset, Guide-conférencière d’Annecy / ©Archives municipales Annecy. Ed. Pariot

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