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urbanisme au passé – chambéry et ses hôtels –

XVIe siècle de particulier à particulier

D’AUSSI LOIN QU’ELLE SE SOUVIENNE, CHAMBÉRY A TOUJOURS ÉTÉ UNE CAPITALE POUR LA MAISON DE SAVOIE, DU COMTÉ D’ABORD, DU DUCHÉ ENSUITE. MAIS AU XVIE SIÈCLE, ELLE DEVIENT LA CAPITALE DE SES FONCTIONNAIRES, QUI VONT DONNER À LA VILLE CERTAINS DE SES TRAITS D’AUJOURD’HUI, À TRAVERS SES HÔTELS TRÈS PARTICULIERS…

1562 – A la tête d’une troupe de 600 seigneurs, le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, entre en majesté dans la ville et annonce qu’elle sera désormais sa capitale. Sauf que nous sommes à Turin, sur la place de la Citadelle, et que c’est désormais ici que battra le cœur politique de la Savoie, en remplacement de Chambéry.
Mais qu’a donc fait la Savoyarde pour mériter un tel désaveu ? Elle vient d’être occupée, pendant plus de 20 ans par les Français. Emmanuel-Philibert estime donc que ses intérêts seront mieux protégés de l’autre côté des Alpes.

COUR À COUR

Il laisse derrière lui toute son administration, sorte de bourgeoisie fonctionnaire, logée dans les hôtels particuliers si typiques de Chambéry, à l’image de l’Hôtel de Cordon, construit par les Milliet, une famille au service de la Maison de Savoie, qui abrite aujourd’hui le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP). C’est le seul accessible au public. Des autres, on ne voit généralement que les cours. Pour les trouver, il faut se perdre dans le dédale des «allées», ces passages, couverts pour la plupart, qui permettent de relier deux rues parallèles. Leur réseau quadrille toute la ville, particulièrement autour de la Place St Léger. Et il ne faut surtout pas se fier aux façades, alignées et étroites : elles cachent bien leur jeu et la taille du bâtiment qu’elles dissimulent. Cette astuce est un héritage du «toisé», un impôt calculé en fonction de leur largeur.
Pour y échapper, les hôtels particuliers sont donc construits tout en longueur. Comme tous les bâtiments à l’intérieur des remparts, ils sont également collés les uns aux autres, afin de se soutenir et de compenser l’instabilité du sol marécageux sur lequel la ville est bâtie. Inspiré du style piémontais, les hôtels particuliers du XVIe siècle sont souvent organisés autour d’une cour, avec une tour dans laquelle s’enroule un escalier à vis, menant, à chaque étage, à des loggias qui desservent les appartements. C’est le cas des Hôtels Lapérouse et Lambert de la Croix, ou celui des Comtes de Montjoye, dans lequel s’installera, au XIXe siècle, Benoît de Boigne, le bienfaiteur de Chambéry.

Avec la collaboration de Sylvie Tomasena, guide-conférencière du service Ville d’art et d’histoire de Chambéry.

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