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vacances à hauts risques

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NOTRE FAMILLE N’EST EN RIEN UNE EXCEPTION : POUR NOUS, LES VACANCES D’ÉTÉ, C’EST SACRÉ, ALORS POUR TROUVER LE POINT DE CHUTE RÊVÉ, ON ANTICIPE ET ON PARTICIPE. CHACUN PROPOSE, ARGUMENTE ET CRITIQUE, DANS UN VRAI PROCESSUS DÉMOCRATIQUE.

C’est l’heure du dîner, le feu crépite dans la cheminée, belle soirée de janvier. Entre le fromage et le dessert, l’Homme pose LA question: “Bon alors, où est- ce qu’on part cet été ?” N°3 court dans sa chambre chercher son puzzle planisphère, dont elle perd la moitié des pièces en glissant sur le parquet : “je me suis encore fait mal aux chaussettes…” Les grandes puisent dans leurs souvenirs : “La Corse, c’était trop bien ! Oh, et l’Ile de Groix aussi… Et si on retournait à Hydra ?” Formé aux techniques de management opérationnel, l’Homme les laisse parler sans les interrompre, identifie les points importants, acquiesce… mais conteste, le sourcil relevé et l’œil pétillant : “oui, mais on pourrait aussi découvrir un endroit qu’on ne connaît pas…”. Si certaines familles reviennent chaque année sur un même lieu de vacances où elles ont leurs habitudes, leur famille ou leurs amis, et peuvent laisser, sans s’inquiéter, les enfants vivre leur vie, nous, pas. L’Homme est accro à la nouveauté. Il va d’ailleurs peut-être falloir que je commence à m’inquiéter…

ENVIE DE MÈRE

N°3 n’attendait que ça: “On pourrait aller au… JA…PON”, déchiffre-t-elle sur la carte en montrant l’Argentine, sa chute ayant réorganisé le Monde de manière anarchique. “Ou en Italie, là où y’a des cocotiers et des raies Manta !”, renchérit N°2, les yeux plus grands que l’océan. “C’est Tahiti ça, banane !”, la reprend son aînée, dont les connaissances géographiques laissent pourtant à désirer. “En tous cas, il faut la mer, ça c’est sûr !” L’Homme note M-E-R sur son calepin et se tourne vers moi : “Et toi Poulette, tu ne dis rien, tu n’as pas une idée qui pourrait nous aider ?”  “Si, si, alors moi, je veux un joli village, où on puisse tout faire à pied, sympa, mais pas branché, avec un ou deux bars quand même pour boire l’apéro, un petit marché et quelques bons restos, parce que je ne vais pas passer mon temps à cuisiner. Un endroit pas trop loin, pas trop chaud, avec pas trop de monde. Et une maison pas isolée, mais tranquille, au bord de l’eau, parce que j’aime prendre mon petit-dèj en regardant l’horizon, mais sans moustiques, parce qu’à chaque fois, ils me font la peau… pas trop froide l’eau, tu me connais, je suis un chat… pas trop petite non plus la maison, et avec du caractère c’est bien, mais ménage compris, c’est mieux.” Réprimant un soupir, l’Homme pose son crayon sur son calepin : “Bon, ben, on va laisser mûrir tout ça, et commencer à chercher chacun de son côté… on fait le point dans quelques jours pour se décider, parce qu’il ne faut pas se laisser dépasser, ok?”

TROP D’ENVIES TUENT L’ENVIE ?

Nous sommes à table, le soleil décline au fond du jardin, belle soirée de fin juin. Entre le fromage et le dessert, l’Homme pose LA question : “Bon alors, où est-ce qu’on part cet été ?” N°3 court dans sa chambre chercher son puzzle planisphère, perd la moitié des pièces en glissant sur le parquet… Sensation de déjà vu? Sauf que 6 mois se sont écoulés et que nous n’avons pas avancé. Les vacances seraient tellement faciles s’il ne fallait pas les organiser. La démocratie a ses limites, mes exigences moins… et je sais où vont se terminer nos congés d’été cette année : comme le soleil, au fond du jardin.

+ d’infos : http://mavraieviedemaf.wordpress.com

illustration Sophie Caquineau

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