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vins du beaujolais- julien bertrand –

un pied après l’autre

DANS LA FAMILLE BERTRAND, JE VOUDRAIS LE COUSIN… BIEN SÛR, MAIS LEQUEL ? ET OUI, CHEZ LES BERTRAND, LE VIN TRANSPIRE DEPUIS 1956, ET COMME YANN À FLEURIE, JULIEN N’A PAS ÉCHAPPÉ À L’ÉPIDÉMIE. S’IL AVAIT CHOISI L’OPTION #LÂCHEZMOILAGRAPPEJEVEUXFAIREAUTRECHOSE, IL A PLUTÔT FINI AU PRESSOIR… CORIACE LE VIRUS.

Caveau flambant neuf à Charentay, pas un grain de poussière qui traîne, le vigneron -à mon avis légèrement maniaque-, m’attend tout sourire à son comptoir. Derrière lui, un tableau fait figure de rappel, d’un côté l’organigramme familial, de l’autre, l’énumération des cuvées. Tout est aligné et parfaitement calibré, aucun risque que ça déborde.

PREMIER PAS

Julien ne s’en cache pas, il déteste se laisser dépasser, chaque chose à sa place et les vignes seront bien gardées. Et quand le tout jeune vigneron qu’il est, décide de convertir un domaine de 60 ans d’âge en bio, sacré coup de pression, mieux vaut maîtriser son sujet.
Il patauge dans les vignes depuis petit, pourtant, suivre le mouvement était loin d’être sa priorité. Après une fac de gestion, il part vivre en Pologne avec sa femme pendant 6 ans, jusqu’en 2012 où sa mission professionnelle arrive à terme. Dans le Beaujolais, la retraite se fait sentir pour ses parents, il se tâte à faire demi-tour : “La région me manquait et le fait d’être loin me rapprochait sentimentalement du domaine. On avait ramené du vin en Pologne, on le faisait goûter, j’étais fier de porter cet héritage et je m’en suis rendu compte.”

PREMIER PIED

L’envie de reprendre le domaine ne le quitte plus, et ses idées, bien définies : “On était en culture conventionnelle et je voulais du bio. On a une responsabilité importante dans un métier agricole, pour la terre qu’on cultive, ce qu’on produit et ce qu’on laisse derrière nous. Je me voyais mal adopter un mode de vie sain au quotidien et ne pas l’appliquer dans les vignes. Il faut un minimum de cohérence.” Mais les 35 ans de culture traditionnelle de ses parents, même raisonnée, ça laisse des traces. Alors Julien remet les charrues de son grand-père en selle, retournant l’affect de son paternel au passage, pas franchement convaincu par la marche arrière : “Si mon grand-père était enthousiaste à me dire quoi faire, mon père était plus sceptique. On devait réduire le domaine pour pouvoir travailler davantage sur les terres, et pour cette génération du : plus on en a, mieux c’est, ça manquait clairement de logique.” Malgré leurs réticences, ses parents le soutiennent et Julien va de l’avant. Il se forme pour être dans les clous, vinifie sa première cuvée en 2014, et reprend officiellement les rennes en 2018.

PIED À TERRE

Qui dit nouvelle main, dit nouveau goût… Un peu risqué non ? “Je ne vinifie pas comme mon père. Il était sur des cuvées plus bourguignonnes, avec des macérations plus longues et des vins plus structurés. Les miens sont davantage sur le fruit, l’aromatique et peuvent se boire plus jeunes.” Le changement opère, mais à dose infinitésimale, tout passe. Et puis Julien reste fidèle. S’il fait plus de bouteilles, il garde les habitudes. Vin en vrac pour les canons de rouge à l’ancienne, vieilles étiquettes gardées au fond d’un tiroir quand les anciens rechignent, hors de question de bousculer les coutumes ! Et puis le plus important reste la conversion bio, non ? “Je tiens au label pour les consommateurs. On a débuté en 2017, hectare par hectare, tout devrait être bon l’été prochain. Après je ne cache pas que j’aimerais tester la biodynamie, mais chaque chose en son temps.” Beaujolais, Brouilly, Moulin à vent, Juliénas ou Fleurie, rouge, rosé ou blanc, si Julien en voit de toutes les couleurs, il affine ses cuvées de jour en jour et à chaque pas, force est de constater qu’il n’a pas perdu pied.

 

+ d’infos : http://domainebertrand.fr

Charentay, 69

photos : Floartphotography

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