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les bronzés font plus d’ski

QU’EST-CE SKI SE PASSE ?

Si la planète tourne au ralenti, les remontées mécaniques, elles, ne tournent pas du tout… Qu’en est-il du ski de haut niveau, vitrine d’une montagne en souffrance ? Réponses avec Fabien Saguez, Directeur Technique National auprès de la Fédération Française de Ski.

Activmag : Quel est l’impact de la crise sanitaire sur la saison 2020-2021 ?
Fabien Saguez : Il y a eu un peu plus de 20% d’annulations sur l’ensemble des disciplines. En temps normal, on est plutôt sur 10%, liées essentiellement à la météo. On est donc à peu près au même nombre d’épreuves que la saison dernière, qui s’était arrêtée fin mars avec l’arrivée du Covid. Mais là, je parle essentiellement des Coupes du Monde et d’Europe, du très haut niveau. Pour ce qui est des autres courses de la filière, notamment les jeunes, les courses régionales ou départementales, les annulations sont de 100% : l’impact est majeur sur nos clubs et comités régionaux. D’ailleurs, ce n’est pas que pour le ski, mais le sport en règle générale. Nous, nous avons l’autorisation d’encadrer nos jeunes en club et certaines stations ont ouvert un téléski ou un télésiège, on est donc globalement privilégiés. Mais j’ai beaucoup de contacts avec mes collègues d’autres disciplines, comme les sports de combat, les sports collectifs ou la natation, et ils sont en énorme souffrance. On risque d’avoir des trous de génération, ça paraît assez évident.

Les épreuves de Coupe du Monde américaines notamment ont été annulées, mais est-ce que les sportifs nord-américains, eux, ont pu participé aux compétitions qui se tenaient en Europe ?
Les Américains et les Asiatiques, oui, car ils se sont installés en Europe. Mais c’est déjà le cas sur une saison normale : la plupart du temps, ils ont des bases en Autriche ou en Italie. Une seule nation a souhaité faire un grand break cette année, et dans une seule discipline, c’est la Norvège, en ski de fond. Elle a décidé mi-décembre de ne plus participer aux compétitions pendant plus d’un mois.

Certaines disciplines sont plus touchées que d’autres ?
Il y a un traitement assez disparate en fonction de l’importance des marchés, des droits télé, du marketing et des contraintes d’organisation. Un ski cross ou un snowboard cross implique énormément de production de neige, beaucoup d’heures de préparation. Pas mal de fédérations ont donc préféré annuler les épreuves, plutôt que d’engager des coûts très importants. En snow-board cross par exemple, pour le moment, il n’y a plus que deux week-ends de Coupe du Monde programmés. On espère qu’il y en aura un 3e.

Est-ce que cette pandémie, qui va avoir un impact profond sur le monde de la montagne, peut amorcer aussi des changements dans le ski de haut niveau ?
Il y a encore quelques semaines, on était dans la gestion d’urgence. Maintenant, on commence à réfléchir sur les conséquences de cette crise sur l’ensemble du milieu sportif, du milieu associatif et par déclinaison, sur la Fédération et les Equipes de France. On sait que nos partenaires institutionnels, les Domaines Skiables de France ou l’ESF par exemple, sont, malgré les aides, très fortement impactés. Et nos partenaires privés, qui jusqu’à présent nous ont pourtant suivis, comme les institutionnels, de manière impeccable, vont eux aussi être touchés. Il y a donc de fortes chances pour que, dans les prochaines semaines, on engage des discussions avec eux afin de trouver des solutions pour continuer à soutenir le ski français, trouver la bonne jauge pour que l’ensemble du monde économique s’y retrouve, nous y compris.

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