antoine de maximy 
ne fait pas que dormir !

antoine de maximy ne fait pas que dormir !

squatteur professionnel

Son bleu de travail : une chemise rouge, achetée en 25 exemplaires, avec laquelle il a réalisé 52 émissions (25 à l’envers). Voilà déjà 12 ans qu’Antoine de Maximy
va manger et dormir chez les autres et qu’il est payé pour ça ! Avec pour tout compagnon de voyage deux petites caméras embarquées, l’une braquée sur son visage, l’autre accrochée à la bretelle de son sac a dos, il a plus de 110 pays à son compteur. Attention, si ça sonne à votre porte un soir, c’est peut-être lui !

A l’époque où il dormait encore chez ses parents. Antoine est Comte. Et Monsieur le Comte a un château. Vous n’y croyez pas ? Pourtant c’est vrai, Antoine DE Maximy vient d’une famille noble, noble mais modeste. Ses parents peintres lui enseignent, non pas la peinture, mais l’ouverture d’esprit. “Nous avions souvent des voyageurs qui venaient dormir à la maison”. Né à Lyon, sa famille est originaire de Barrault en Isère, il n’y a pourtant pas vécu.

Avant de commencer à nous faire rire, Antoine de Maximy a rejoint les rangs du cinéma des armées, comme ingénieur du son, puis a été reporter de guerre, à Beyrouth et en Irak. Il travaille ensuite sur des projets documentaires d’envergure : animaliers, scientifiques, pour lesquels il est amené à filmer en sous-marin à 5000m de profondeur ou au fin fond de l’Amazonie… Au cours de ces expéditions, il apprend tous les métiers : cadreur, monteur, réalisateur. La graine est semée.

QUAND IL A COMMENCÉ À S’ENVOYER EN L’AIR

Cinébulle, c’était le début de l’aventure médiatique pour Antoine. Un concept hors du commun : filmer depuis une montgolfière biplace spécialement conçue pour faire des prises de vue aériennes et adoptée par Nicolas Hulot. “Au départ, on n’avait pas de moteur, on s’est même crashé en forêt en Ethiopie lors d’un atterrissage et on a mis le feu à un arbre… On a eu chaud. ” Le secret de la réussite selon Antoine ? “Faire des choses originales, peu importe si on ne les fait pas parfaitement, il faut inventer, innover, avoir un parcours différent. Je le dis souvent à ma fille : il faut se différencier !”.

QUAND IL NE DORT PAS, IL CROIT EN SES RÊVES

“Quand j’ai proposé le concept de «J’irai dormir chez vous» : filmer mes voyages, équipé de caméras me prenant en gros plan, et m’inviter à aller dormir chez les gens, on m’a pris pour un fou. Au final, ça fait 12 ans que la caméra tourne !”

L’aventure JDCV aurait pu s’arrêter en 2012. Il souhaitait alors s’investir sur d’autres projets, mais il en a finalement choisi autrement : “Je continuerai tant que ça marche, tant que je ne me lasse pas”. Et pas question de laisser tomber les autres projets pour autant. Antoine bataille pour que son projet de fiction devienne réel. “Un thriller sur la lignée de J’irai dormir chez vous”, pour lequel il serait réalisateur et acteur. “J’y arriverai, car j’ai toujours réussi à faire ce que je voulais”. Même si parfois, certains rêves ne peuvent que rester inachevés, comme ce portrait de Bertrand Moitessier qu’il aurait tant aimé faire. Un livre achevé, un projet de fiction, Antoine n’est jamais à court d’idées. “J’aimerais me remettre à la BD. A 11 ans, j’ai dessiné 100 pages !”. Ah ? Il sait aussi dessiner ? “Euh… Non, pas vraiment”.

QUAND ANTOINE DORT CHEZ LUI.

A Paris, tout est gris ? Pas pour Antoine ! Il aime le confort de son nid parisien et avoue qu’il est un tantinet bordélique. D’ailleurs, pendant que nous parlons, il retrouve sa carte grise dans une enveloppe qu’il croyait perdue alors même qu’il tente de refermer la boîte de son appareil à raclette ! Le confort, chez Antoine, est rudimentaire. “Les ampoules sont nues, je n’ai pas de rideau et peu de meubles. On me demande toujours si je viens d’emménager, alors que ça fait 25 ans que j’ai la maison !”.

Cet inlassable aventurier ne s’ennuie jamais. “A Paris, je sors tous les soirs. Il s’y passe tellement de choses ! Avant, je recevais beaucoup, j’organisais 3 à 4 bouffes par semaine”, autour d’un couscous, sa spécialité. Il avoue qu’il y manque le grand air “mais ça, je l’ai ailleurs, quand je voyage”. Et où va le grand voyageur en vacances ? Il reste en France ! “La nourriture y est bonne et on y parle le français”. No comment. Surtout lorsqu’on entend Antoine parler anglais dans son émission.

“Je n’aime pas le temps libre, ça me fait chier, alors je travaille tout le temps. Je suis sur 50 projets en même temps, ils murissent. Et quand ils sortent, ça sort vite !”. Spontané, il est toujours dans l’improvisation. “Je peux prendre ma moto et partir dans le sud voir des amis le jour même”. Il l’avoue, la liberté et l’indépendance ont un prix ou plutôt deux. Il dédicace son livre «Avant d’aller dormir chez vous» à sa fille Lucie “qui ne voit pas assez souvent son papa”. Et le célibat… “obligatoire pour avoir cette vie”. Mais ce n’est pas pour autant qu’il a fait vœux de chasteté. Evidemment, tout le monde veut s’inviter à dormir chez lui, la gente féminine y compris. La médiatisation à ses avantages ! “Oui mais… je ne suis pas certain que tout le monde voudrait aller dormir chez Bernard Pivot, par exemple”. Il marque un point !

BURNING MAN OU L’HOMME QUI BRÛLE

A En 2013, Antoine expérimente l’évènement «Burning man» aux States, un évènement annuel, en plein cœur du désert de Black Rock au Nevada. Antoine s’y est rendu avec comme challenge : survivre 7 jours en compagnie des Ricains les plus fous. Et il y retourne ! On le retrouvera dans quelques jours entouré de 70 000 «burners» venus du monde entier. Après la diffusion d’un documentaire de 90 minutes sur France 5 (le 27/12 à 20h50), la chaîne va diffuser 5 épisodes inédits, d’une durée de 26 minutes. “Il y a du sexe, de la drogue, du mystique, de la musique, mais aussi des gens venus prier ou se marier”. On le découvrira notamment sous l’emprise de Space cake. “A Burning man, il y a de tout mais pas que… ” annonce Antoine. Ça promet !

Les lendemains au réveil

Voyager sans caméra ?
Sans intérêt.

L’aventure culinaire la plus rafraîchissante ?
Manger du requin en Islande. Il avait un goût d’ammoniaque très fort, parce qu’il urine par la peau. J’avais l’impression de manger du requin dans un bol de pisse.

L’aventure humaine la plus forte ?
Je reviens du Malouine où j’ai aidé une femme atteinte de la polio à ouvrir un compte bancaire pour ses 5 enfants, après avoir réuni des fonds avec des connaissances.

Condition pour dormir la plus incongrue ?
En Ethiopie, j’ai dormi au milieu de 7 frères sur des branchages. Bien sûr, ils m’ont laissé la place avec une pierre en dessous.

La plus grosse erreur culturelle en voyage ?
Au Vanuatu. J’ai loupé les codes, le chef n’était pas content, je me suis fait chassé par les hommes du village armés de machettes…

Situation la plus cocasse ?
Bourré en Corée du Nord avec de l’alcool de riz. J’ai dormi dans la voiture pendant 6h et je ne me rappelais plus de grand-chose.

Activmag : Que faisais-tu à 25 ans ? Quels étaient tes rêves ?
Antoine De Maximy :
En 84, je faisais du reportage de guerre à Beyrouth et en Irak, puis j’ai travaillé pour la CBS News, une chaîne de télévision américaine en tant qu’ingénieur son. J’ai appris sur le tas car j’ai fini mes études très tôt. J’ai eu mon BEPC au rattrapage, puis je me suis fait virer. Je rêvais déjà de devenir réalisateur.

Comment te vois-tu dans 25 ans ?
(Rires…) Vieux ! J’aurais 82 ans. J’espère que j’aurai réalisé mon projet de film, une fiction que personne ne soutient pour le moment. On ne m’a jamais cru, mais j’ai toujours réussi ! Je ferai de la BD aussi, pourquoi pas ? J’en ai une qui mûrit depuis plus de 25 ans.

Te souviens-tu de la 25ème émission de J’irai dormir chez vous ?
(Du tac au tac) C’était à Cuba. Je revenais de mon tournage «J’irai dormir à Hollywood» pour lequelle j’ai traversé les Etats-Unis et j’étais crevé. La production m’a dit, “on t’y envoie et si tu es trop fatigué, tu restes à l’hôtel et tu te reposes”. Evidemment, ils me connaissent, ça n’est pas ce que j’ai fait ! Je me suis défoncé la couenne comme d’habitude.

Le pays que tu n’hésiterais pas à visiter 25 fois ?
La France ! Il n’y a pas de meilleur pays que celui où tu es né.

© Nathalie Guyon / FTV France 5

une bise de jean sulpice

une bise de jean sulpice

descente des alpages

La nouvelle a soufflé sur le lac d’Annecy, qui en salive d’avance. L’auberge du Père Bise à Talloires passe les plats à Jean Sulpice. A 38 ans, le jeune chef doublement étoilé de Val Thorens, 4 toques au Gault & Millau avec 18 sur 20, descend de ses alpages, pas peu fier de poursuivre l’histoire de l’illustre maison. Depuis le temps qu’il en rêvait ! Jean s’est plié au suplice de nos questions…

Originaire d’Aix-les-Bains, Jean Sulpice crée l’Oxalys en 2002 à Val Thorens, après avoir fourbi ses couteaux, tout gamin, chez Pierre Marin, puis Marc Veyrat. Etoilé à 26 ans, puis doublement à 31 ans relevant le défi de cuisiner sous les contraintes atmosphériques imposées à 2300 mètres d’altitude, Jean réalise enfin son rêve, celui de devenir le nouveau propriétaire du Père Bise, avec son épouse Magali. C’est chose faite depuis le 2 novembre dernier. Mais ce n’est que début mai, après la saison d’hiver à Val Thorens, qu’il posera ses casseroles dans la maison mythique de Talloires, qui a vu le jour en 1903, quasiment les pieds dans l’eau. Le temps, d’ici là, de faire quelques travaux…

Activmag : Jean, qu’est-ce qui vous amène à Talloires ?
Jean Sulpice :
Cela fait 15 ans que je suis à Val Thorens. Je rêve d’une cuisine 4 saisons que je ne peux pratiquer là-haut. Alors, quand j’ai su, il y a quelques temps, que Charline et Sophie Bise voulaient se séparer de l’Auberge, j’ai sauté le pas. Ça ne pouvait être que là. J’ai créé mon restaurant dans une station de ski jeune, moderne, dynamique, alors c’est fabuleux pour quelqu’un de ma génération de reprendre une institution gastronomique. Mon but est de poursuivre l’histoire de cette maison créée par François et Marguerite au début du siècle dernier. Je vais y ajouter ma personnalité, y faire ma cuisine. Tout est réuni pour se faire plaisir et faire plaisir.

Vous avez organisé un week-end de vente d’objets de l’Auberge en novembre. Quelles étaient vos motivations ?
Il y a tellement de souvenirs dans cette maison. Avant de commencer les travaux, j’ai voulu ouvrir ce lieu aux personnes qui n’étaient jamais venues ou à celles, à la recherche d’un moment passé là, qui seraient peut être heureuses d’en emporter un petit morceau avant que tout ne disparaisse… Mais pas d’inquiétude, on remet le couvert en écrivant un nouveau chapitre.

C’est du coup votre dernière saison à l’Oxalys ?
Peut-être, si on trouve un jeune pour reprendre.

LE CHEF PASSÉ AU CHINOIS…

Si vous étiez un ustensile ?
Une casserole.

Un plat ?
Pour l’hiver, ce serait un coq au vin.

Si vous étiez une distinction ?
Toute distinction est bonne pour valoriser votre travail. On est toujours dans le doute, dans la remise en question, alors n’importe quelle distinction rassure, encourage. Mais si je dois en choisir une, c’est celle du Michelin, parce que je n’ai fait que des étoilés dans ma vie.

Quel fromage seriez-vous ?
Le reblochon.

Et quel dessert ?
Le baba au rhum.

A quels moments n’êtes-vous pas dans votre assiette ?
Dès que je ne suis pas dans la nature ou dans ma cuisine.

Votre madeleine de proust ?
Le gâteau de Savoie avec une salade de fruits, c’est mon péché mignon.

Quels sont vos petits bonheurs ?
Faire le tour du lac en vélo, ou monter en haut du Mont Blanc. Ou faire le marché.

Petit, vous pensiez faire quel métier ?
Bucheron ou pépiniériste. Et ça, jusqu’à 14 ans. Ensuite, ça a été la cuisine.

Vous aviez votre surnom, enfant ?
Petit Jean.

Et quel genre de môme étiez-vous ?
Assez turbulent.

Votre principal défaut ?
L’impatience.

Votre principale qualité ?
Je crois que je suis enthousiaste.

Le don que vous voudriez avoir ?
Parler plusieurs langues, spontanément !

Qu’est-ce que vous préférez chez les femmes ?
C’est comme en cuisine ! (rires) Je les aime pétillantes, gourmandes, avec beaucoup de subtilité.

Le dernier cadeau que l’on vous ait fait ?
L’auberge du Père bise !

Votre dernière colère ou coup de gueule ?
Ça fait longtemps, ça peut arriver, mais là honnêtement, je ne m’en souviens pas.

Votre dernier fou rire ?
Avant-hier. Et non, vous ne saurez pas pourquoi.

Quel personnage historique auriez-vous pu être ?
Gustave Eiffel.

Votre héros dans la vie réelle ?
Paul Bocuse !

Votre artiste préféré ?
Seal est venu ici, et c’est quelqu’un d’extraordinaire. On n’imagine pas la subtilité avec laquelle il chante. L’émotion… C’est une chance de l’avoir rencontré.

Comment aimeriez-vous mourir ?
En cuisine ou dans la nature. En mouvement en tout cas.

Si vous étiez une punition ?
J’en ai tellement eu…

Votre Noël idéal ?
Juste en famille. En tant que restaurateur, ça fait longtemps que cela n’est pas arrivé !

25 ANS À LA LOUCHE

Où en étiez-vous à 25 ans ?
J’étais à Val Thorens, un an avant ma 1ère étoile, et je me posais beaucoup de questions ; je ne voyais pas comment percer avec la gastronomie là-haut. Je pensais que je n’arriverais jamais à transmettre ma passion. Une année de doute pour moi, une grosse année de doute… Le public n’était pas là. Les professionnels nous disaient “t’as pas de nappe, t’auras pas d’étoile !”, “t’es à Val Thorens, une station qui est haute et saisonnière, tu ne pourras pas réussir !” La cuisine n’est pas la même en montagne, on doit s’adapter à l’altitude. Vous ne marchez pas pareil, si vous êtes en plaine ou à 3000 m. En cuisine, c’est pareil. Les conditions atmosphériques modifient les cuissons notamment. Et puis l’année d’après, j’ai eu ma 1ère étoile !

De quoi rêviez-vous à 25 ans ?
Toujours le même rêve qu’aujourd’hui, cette passion de cuisinier, pouvoir en vivre, surprendre. Créer de l’émotion autour de ma table et rien d’autre.

Que regrettez vous de vos 25 ans ?
C’est une année qui a filé comme la lumière. Je ne suis pas sensible à l’âge. Il y a des dates qui m’ont marqué dans la vie, mais pas mes 25 ans. Ce n’est pas une date charnière pour moi. Je peux vous parler de 2008, 2010. A 25 ans, t’es un bébé, tu manques beaucoup de maturité.

Que vous dirait votre «vous de 25 ans» s’il vous voyait aujourd’hui ?
Il serait fier… J’étais loin de m’imaginer un jour pouvoir acquérir l’Auberge du Père Bise, d’avoir 2 étoiles au guide Michelin à Val Thorens, d’être arrivé à mettre une empreinte gastronomique à 2300 m.

UNE BISE AUX ÉTOILES…

En 1951, Marguerite Bise a décroché la troisième étoile Michelin. Seules deux femmes avant elle avaient réalisé cet exploit, dont la «Mère Brazier». Cette distinction sera conservée jusqu’à la mort de François Bise, le fils de Marguerite, en 1983. L’établissement la regagne de 1985 à 87. Actuellement, le restaurant ne détient plus qu’une étoile qu’elle perdra pour 2017, fermeture oblige. Mais Jean Sulpice compte bien, dès l’année suivante, raccrochée 1 à 2 étoiles dans le ciel du Père bise.

© Denis Rouvre, © Franck Juery

le père noël en hotte line

le père noël en hotte line

Parce qu’il… le vœu bien !

On le croit pépère ? Raté. Elu «homme le plus sexy de l’année» par le magazine Playtoy, le Père Noël éclaire notre lanterne et taille un sacré costume aux traditions.

Il reste discret sur son enfance. D’ailleurs, personne ne connaît vraiment ses origines. Santa Claus pour les uns, Père Noël pour les autres, on lui donne parfois du Père Gel en Russie, du Kanakaloka à Hawaï. Et du Nicolas dans de nombreux pays. Nicolas, le père spirituel, le mentor. Le Père Noël est aujourd’hui fier de son entreprise. Baroudeur-aventurier-self-made-man, il impressionne.

Je l’attends en tenue officielle, un brin cérémonial, il déboule sur l’écran en chemise à fleurs. Via Skype. Pas question de le déranger dans sa résidence, il savoure ses derniers jours de tranquillité avant son prochain tour du monde. Mais se prête avec décontraction au jeu des questions-réponses. Parce qu’il le vœu bien.

Activmag : Père Noël, quel est votre parcours ?
Père Noël : Oh, j’ai fait pas mal de petits boulots. Des boulots de manutention, de livraisons, des jobs pas très palpitants, mais qui m’ont bien aidé quand j’ai rencontré Saint Nicolas. Il avait monté une boîte un peu vieillotte de distribution de bons points, de cadeaux crétins et de pain d’épice, en profitant de son statut de Saint Patron des écoliers et des enfants. Mais son fichier clients était limité : il ne s’adressait qu’aux chrétiens. Et il n’avait pas vraiment d’ambition internationale en se cantonnant aux pays d’Europe. Quant à son associé, Fouettard, il trimbalait toujours un martinet pour taper sur les gamins, c’était assez limite. Quand Nicolas a voulu prendre sa retraite, j’ai racheté ses parts, j’ai viré Fouettard et j’ai modernisé l’entreprise.

Comment ?
J’ai visé l’international, évidemment ! Au 17ème siècle, j’ai profité de la vague d’immigration hollandaise pour développer mon image en Amérique. J’ai repensé mon costume, remplacé la mitre par un bonnet pour des questions pratiques. Dans le même temps, j’ai racheté une fabrique tenue par des lutins, spécialisée dans les gros sabots et la langue de bois. Il fallait un produit d’appel et j’ai pensé au jouet. Leur fabrication est vite devenue l’activité principale des lutins. Côté marketing, mon partenariat avec Coca-Cola a boosté mon business au-delà de mes espérances. Le monde croyait enfin en moi ! J’ai pu créer l’ENA (Ecole de Noël Appliquée), qui forme des Pères Noël capables de faire correctement ma promo dans les spots de pub, dans les galeries marchandes… Par contre, pour la distribution, je me charge de tout. Ma confiance envers les énarques reste limitée.

Vous n’avez jamais pensé à faire autre chose ?
Je commence à penser à ma reconversion. Peut-être en ogre. Je supporte de moins en moins les gosses ! Ça braille, ça vous tire la barbe, ça vous pète les rotules en gigotant sur vos genoux, j’ai passé l’âge. Et quand ils grandissent, c’est pire. Tous des analphabètes ! Avant, je comprenais les lettres qu’ils m’envoyaient. Aujourd’hui, je perds un temps fou à les déchiffrer. La plupart commencent par «Slt chr pr NoL», c’est consternant. Pour faire un mauvais jeu de mots, je dirais que c’était mieux Avent.

Vous avez un hobby ?
Je joue de la conga, du triangle et de la scie musicale dans un groupe de death metal, les « Santa Claus Barbie ». Ça me détend. Nous nous sommes taillés un succès d’estime au pôle nord avec le hit «Highway to no Hell»… Sinon, je collectionne les boules à neige.

Et vous faites également du cinéma…
Ah oui ! J’ai obtenu le rôle principal du film «Renne man», l’histoire d’un autiste surdoué qui se transforme en renne pour aller faire des courses au casino avec Tom Cruise. Le pitch est un peu bizarre, mais à la fin, on comprend tout. J’ai beaucoup aimé cette expérience. Je vais d’ailleurs la renouveler dans «qui a peur du grand méchant houx ?», aux côtés de Jean Dunain- Dujardin. Un film d’horreur.

Le death metal, le cinéma d’horreur, vous ne craignez pas que ces activités desservent votre image ?
Vous savez, mon image ne veut plus dire grand-chose. J’ai bâti mon business-model sur une arnaque magique et les gosses découvrent la supercherie de plus en plus tôt. On ne peut plus leur faire prendre des vessies pour des lanternes. Et je me vois mal taper la belote en pantoufles avec des nains toute l’année.

Père Noël, qu’est-ce que ça fait d’être élu «homme le plus sexy de l’année» par «PlayToy» ?
C’est valorisant, évidemment. Mais vous savez, je reste lucide, c’est aussi un effet de mode. La barbe à la hipster et la tendance nounours séduisent, parce qu’en période de crise, les gens cherchent à être rassurés. Ils veulent croire en moi. Rajoutez le côté écolo du déplacement en traîneau et vous obtenez un pur produit de notre époque. Je ne suis pas dupe.

La barbe à la hipster et la tendance nounours séduisent… Rajoutez le côté écolo du déplacement en traîneau et vous obtenez un pur produit de notre époque. Je ne suis pas dupe.

AUX FÊTES, PÈRE NOËL…

A quoi rêviez-vous à 25 ans ?
Je ne croyais pas en moi à l’époque. Comme si j’étais inexistant. Et je rêvais d’acquérir une vraie personnalité, de m’incarner dans un combat. Le style anarchiste, le style «réveillons-nous !»…

Que regrettez-vous de vos 25 ans ?
Ma fraîcheur et mon tour de taille !

Aujourd’hui, que vous dirait votre moi de 25 ans ?
T’as pas un peu forci ?

Votre plus belle buche ?
Un vol de reconnaissance à la mi-novembre qui a mal tourné. Rudolph a dérapé sur une poussière cosmique et je me suis mangé un débris de l’espace. Ça commence à être bien encombré là-haut…

Votre nuit la plus hotte ?
Quand j’ai rencontré la Mère Noël. Je lui ai roulé un patin, elle n’est pas restée de glace.

Qu’est-ce qui vous barbe ?
Quand la Mère Noël m’enguirlande…

Qu’est-ce qui vous botte ?
Les cadeaux dématérialisés.

© Rafinade, © rastlily

jean-michel jarre : le plein d’oxygène !

jean-michel jarre : le plein d’oxygène !

rendez-vous à l’équinoxe

Artiste lyonnais engagé, Jean-Michel Jarre est une légende vivante, cumulant les records mondiaux. Son concert à Moscou, en 1997, serait même le treizième plus grand rassemblement d’êtres humains de tous les temps et de toutes natures confondues (religieux, funérailles, politique ou culturel), avec quelque 3,5 millions de spectateurs. Rien que ça.

Avec plus de 60 millions d’albums vendus, il fait partie du club très fermé des 2 artistes français les plus connus dans le monde avec Michel Aznavour, et des 10 artistes français ayant vendu le plus grand nombre de disques. Il bat également le record d’audience pour son concert aux Pyramides de Gizeh, lors du passage à l’an 2000, rassemblant plus de 2 milliards de téléspectateurs, via les satellites !

A 68 ans, l’artiste semble avoir bloqué le chrono sur ses 25 ans : trois albums en deux ans, une tournée intense dans le monde entier, Jean-Michel Jarre est éternellement jeune, et ne semble pas prêt d’arrêter sa course.

Activmag : Vous êtes né à Lyon et y avez passé toutes les vacances de votre enfance. Qu’avez-vous conservé de ces années ?
Jean-Michel Jarre : J’ai passé mon enfance dans la région parisienne, mais toutes mes vacances à Lyon et dans la région. Lorsque j’étais enfant, la grande ville, c’était Lyon, car bizarrement, nous n’allions pas beaucoup à Paris ! J’aimais beaucoup aller voir mes grands-parents à la Chapelle d’Abondance. Nous allions à Evian, Thonon ou Châtel, où j’ai beaucoup de bons souvenirs. Mon grand-père était un personnage fort. Il a certainement été le premier à m’initier aux différents instruments de musique. Il jouait du hautbois, et fut surtout l’inventeur du premier tourne-disque baladeur, le Teppaz dans les années 60 !

Quelle part de votre enfance avez-vous emporté avec vous ?
Des souvenirs gourmands ! La cuisine lyonnaise, avec notamment ses quenelles et les chocolats Bernachon.

Que gardez-vous de vos 25 ans ?
Comme beaucoup de gens, mes 25 ans marquent véritablement mon entrée dans la vie professionnelle. Ce sont des années très riches, et déterminantes pour ma carrière. Je compose les «Mots Bleus» et «Paradis Perdus» pour Christophe, c’est également l’époque de ma rencontre avec Charlotte (Rampling), puis la composition d’Oxygène.

Vous voyagez à travers le monde depuis de nombreuses années. Vous arrive-t-il de vous ressourcer dans la région ?
Chaque année, je viens m’aérer à Courchevel pour un séjour de ski en famille. C’est un rituel auquel je tiens plus que tout. Un moment unique avec tous ceux que j’aime, où nous avons nos habitudes depuis des décennies.

Vous êtes définitivement le pionnier de la musique électronique dans le monde. Des artistes comme Massive Attack, Air, Moby et bien d’autres collaborent à vos albums. Quel artiste regrettez-vous ne n’avoir pas côtoyé ?
J’aurais adoré rencontrer et travailler avec la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum. Une voix et une carrière inégalées !

A l’occasion de votre tournée mondiale de The Electronica Tour, vous avez donné un concert au Zénith de Lyon le 24 novembre dernier. Cette date revêt-elle une consonance particulière ?
Bien sûr ! Jouer à domicile, c’est toujours une belle émotion. Je n’aurais pas pu imaginer ne pas m’y produire pour cette tournée.

Vos concerts sont toujours spectaculaires. Dans quel esprit les préparez-vous ?
J’adore ce moment de création, celle de l’élaboration des concerts. Je travaille toujours avec l’esprit de faire voyager le public, de leur offrir un moment que j’espère mémorable et en dehors du temps.

Lorsque vous ne faites pas de musique, que faites-vous à vos heures perdues ?
Oh, rien de très original : une expo, un cinéma, du ski… Du moment que c’est en famille, je suis le plus heureux des hommes !

Quelle image de vous aimeriez-vous laisser sur cette terre ?
L’image d’un explorateur de sons. Un peu comme un chercheur qui consacre sa vie à un but : découvrir de nouveaux sons.

Votre mot préféré ?
Liberté

Quelle est votre plus grande réussite ?
Mon indépendance, ma liberté…

Et votre plus grand regret ?
Le divorce de mes parents.

Vous êtes un homme tourné résolument vers le futur, mais si vous aviez le pouvoir de remonter le temps… A quelle époque vous rendez-vous ?
Au début du 20ème siècle. Etre le témoin de toutes les inventions de l’homme en si peu de temps, c’est extraordinaire…

UN HABITUÉ DU GUINNESS

Le 14 juillet 1979, son concert rassemble 1 million de personnes sur la Place de la Concorde ce qui lui a valu une première entrée dans le Livre Guinness des records pour le plus grand rassemblement de personnes jamais réunies à un concert.

Le 5 avril 1986, à Houston il en réunit 1,5 million battant son ancien record et le record mondial.

Le 14 juillet 1990, il rassemble 2,5 millions de personnes pour son concert «Paris la Défense», l’inscrivant une 3ème fois dans le Guinness et qui restera l’un de ses concerts le plus marquant.

Le 6 septembre 1997, il bat un nouveau record de rassemblement, à Moscou avec 3,5 millions de spectateurs. Il s’agit à ce jour, du plus grand concert jamais réalisé dans le monde.

VOUS REPRENDREZ BIEN UN 3ÈME BOL D’OXYGÈNE ?

Vous fêtez vous aussi un anniversaire important : les 40 ans d’Oxygène. Le chapitre final de la trilogie sort le 2 décembre, « OXYGENE 3 », pourquoi ce 3ème volet?
Pendant l’enregistrement d’Electronica, il y a deux ans, j’ai composé un morceau de musique (aujourd’hui Oxygène 19) qui m’a fait me demander à ce que pourrait être Oxygène si je le composais aujourd’hui. J’ai pris comme prétexte la date du 40ème anniversaire pour voir si je pouvais composer ce nouveau chapitre en six semaines, comme je l’avais fait pour le premier album : sans doute pour éviter de trop penser au fait que ce soit une bonne idée ou non ! Et aussi pour enregistrer le tout d’un seul trait… l’idée étant de ne pas copier le premier album, mais de garder le dogme d’embarquer les auditeurs dans un voyage, du début à la fin de l’album avec différents chapitres, tous reliés les uns aux autres.

Comment expliquez-vous le succès monumental d’Oxygène à l’époque ?
Ce qui rendait le premier Oxygène si différent à l’époque est probablement son aspect minimaliste, et le fait qu’il n’y a presque pas de «drums»… Un son venu d’ailleurs, totalement nouveau. Pour Oxygène 3, j’ai d’ailleurs souhaité garder cette approche, en créant le groove principalement avec les séquences et la structure des mélodies à travers une suite d’architectures sonores. Le premier Oxygène a été conçu à l’époque du vinyl et j’avais à l’esprit, de ce fait, une structure divisée en deux parties pour respecter les durées des faces A et B. J’ai voulu faire la même chose aujourd’hui avec une face A plus sombre et une face B plus lumineuse. Si bien que quand j’y pense aujourd’hui Oxygène 3 a en fait, deux faces.

Vous avez également repris le visuel mythique de la pochette d’Oxygène…
Oui, il était important que le visuel d’Oxygène 3 soit en harmonie avec les deux précédents… Il y a 40 ans, j’ai découvert l’univers de Michel Granger et j’ai immédiatement senti qu’il était en totale adéquation avec la musique que j’étais en train de composer. Depuis, le visuel de la pochette est devenu célèbre, signal d’alerte écologique à la fois sombre et surréaliste, évoquant aussi bien l’espace intersidéral que notre espace vital. Il est aussi devenu pour moi indissociable de la musique. Je souhaitais que le visuel d’Oxygène 3 reprenne l’œuvre originale de Michel Granger, simplement décalée, comme «photographié» sous un autre angle à l’image de ce nouveau chapitre. Je lui ai donc demandé l’autorisation d’effectuer une modélisation 3D de sa création afin de changer l’angle de l’image, ce qu’il m’a fait l’amitié d’accepter.

JEAN-MICHEL JARRE EN 15 DATES CLÉS :

1948 : Naissance à Lyon, dans le quartier de la Croix Rousse, d’un père, Maurice Jarre, grand compositeur de musiques de films (Lawrence d’Arabie, le Docteur Jivago, Paris Brûle-t-il ?) et d’une mère, résistante à Lyon, France Pejot.

1953 : Ses parents se séparent. Son père part pour les Etats-Unis. Jean-Michel vivra dès lors avec sa mère à Vanves, en banlieue parisienne. Il n’aura pas de relation avec son père pendant plus de 40 ans.

1971 : Collaboration avec le chorégraphe Norbert Schmucki. Il se voit confier la composition de la partition du ballet Aor pour l’inauguration du nouveau plafond de l’Opéra de Paris, devenant le plus jeune musicien à jouer en live dans cette salle mythique, en y introduisant ainsi pour la première fois la musique électroacoustique.

1974 : Composition de la chanson «les mots bleus» interprétée par Christophe.

1976 : Sortie de Oxygène.

1978 : Mariage avec Charlotte Rampling et naissance de son fils David. Sortie de l’album Equinoxe en novembre.

1979 : Pour le 14 juillet, il organise son premier concert en extérieur gratuit place de la Concorde à Paris, intitulé Paris Bleu Blanc Rouge, qui attire un million de spectateurs. Il entre pour l’événement dans le Guiness Book, tout en inaugurant le concept du méga-concert qui deviendra sa signature : un spectacle mêlant musique, lasers, effets pyrotechniques et projections géantes.

1981 : 1er artiste occidental autorisé à se produire en République Populaire de Chine.

1990 : Onze ans exactement après son premier méga-concert, Jean-Michel Jarre revient à Paris pour un concert gigantesque : La Défense en concert. Le Guiness Book officialise 2 500 000 spectateurs, un record de plus.

1996 : Il se sépare de Charlotte Rampling.

2000 : Concert spectacle aux Pyramides de Gizeh.

2004 : Concert en Chine pour l’album Aero dans la Cité Interdite.

2005 : Après avoir défrayé la chronique lors de sa rupture avec l’actrice Isabelle Adjani, il épouse Anne Parillaud. Leur mariage durera 5 ans.

2015 : Sortie de l’Album «Electronica 1 : The Time Machine».

2016 : Sortie le 2 décembre de l’album «Oxygène 3».

© M.Kuenste, © FFJM – Mehdi Benkler

stations : ça chauffe !

stations : ça chauffe !

fronts de neige

Les Alpes ont la fièvre. Face au bouleversement climatique, les stations anticipent le futur en développant d’autres ressources. Même si le ski reste au cœur du modèle.

2 degrés… En un siècle, la température dans les Alpes a augmenté de 2 degrés. Sécheresses, canicules, chutes de neige de plus en plus tardives, le phénomène s’accélère depuis les années 80. Et l’enneigement devient aléatoire au-dessous de 1500 mètres. Directement impactées, les stations de basse et moyenne altitudes jouent sur 2 fronts. Réduire les émissions de gaz à effet de serre, et s’adapter aux mutations climatiques pour perdurer.

SUREMENT, MAIS LENTEMENT

“Il ne faut pas tout bouleverser, mais prendre un virage progressif sans aller trop vite. On ne peut pas se passer de l’hiver”. Philippe Trépier, maire des Aillons-Margériaz en Savoie, est inquiet. Les 3 derniers hivers ont été compliqués. Tardifs. Les pistes de la petite station poussent à 1500 mètres. C’est bas. Plus haut, le stade de neige de la Margériaz reste préservé. Mais la fréquentation touristique piétine, après avoir sauvé le village à la grande époque de l’or blanc : “Au début des années 60, la commune subissait les effets de l’exode rural, tout le monde partait travailler en ville et l’agriculture mourrait”, rappelle Philippe Trépied. “La création de la station, en 1964, a permis aux cultivateurs de trouver un emploi l’hiver. Et l’argent du ski a permis, entre autres, de relancer la fromagerie.”

Difficile d’anticiper le bouleversement climatique à l’époque, personne n’y pensait. Sauf qu’il touche désormais la plupart des stations de la Chartreuse, du Vercors ou du massif des Bauges. Pas de panique, la neige ne va pas disparaitre d’un coup. Le climat évolue sûrement, mais lentement. Et pour Christophe Chaix, chargé d’études du changement climatique à la Mission Développement Prospective Savoie (MDP73) : “Le sujet est extrêmement complexe. C’est la première fois que l’espèce humaine s’interroge sur ce qu’elle peut faire à long terme. Nous n’avons strictement aucune idée de ce qui se passera dans 100 ans”.

L’HAUT DANS LE GAZ

D’abord, limiter la casse. En montagne, 57% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports vers la station. Les trafics routiers et aériens augmentent, le trafic ferroviaire sature en hiver: “Du coup, les gens viennent en voiture !”, déplore Christophe Chaix. “Nous avons identifié des solutions, mais rien n’a encore été fait !” Le livre Blanc du Climat en Savoie (disponible en téléchargement sur le site de la MDP73) préconise, entre autres, le développement de transports collectifs adaptés, et l’amélioration de l’offre sur les derniers kilomètres et sur les liaisons entre fonds de vallée et stations. Un développement qui nécessite de nombreux investissements et surtout, une cohésion entre les différents acteurs du territoire. Ce qui n’est pas encore le cas. Mais pour Michel Giraudy, maire de Bourg-Saint-Maurice et Président de l’association France Montagne, l’urgence serait plutôt dans la rénovation du bâti : “La réduction des gaz à effet de serre passe aussi par là. A Bourg-Saint-Maurice, nous lançons l’opération «Cap Energie». Nous allons repenser 18 de nos bâtiments municipaux d’un point de vue énergétique. L’opérateur nous garantit, contractuellement, une baisse de consommation et d’émission de GES de 40% !”.

 

BOUILLON DE CULTURES

Le champ d’action est vaste. S’il représente une véritable manne économique depuis les année 60, le ski ne doit pas faire oublier que le territoire possède d’autres ressources et d’autres atouts. Les 2 peuvent cohabiter, affirme Christophe Chaix : “On peut maintenir les activités actuelles, tout en trouvant comment développer d’autres façons de faire ou de penser. Cette problématique interroge notre implication dans la vie, comment on peut agir pour peser, un tant soit peu, sur ce qui apparaît comme inéluctable.”

Pour préserver l’activité ski, la neige de culture palie à des hivers trop doux. Aujourd’hui, la plupart des stations s’équipent : “Nous avons lancé un dossier dans le cadre du «Plan Montagne» (voir encadré) précise Philippe Trépied. “C’est un plan de neige de culture pour 2 pistes sur la station des Aillons. Nous attendons de savoir s’il sera pris en charge par la région et nous envisageons de développer la luge d’été”. Selon les territoires, la saison estivale représente entre 20 et 30% de l’économie touristique. En misant aussi sur une cascade de tyroliennes, une via ferrata, la spéléo-rando et d’autres pratiques, les Aillons veulent étendre l’activité touristique aux 4 saisons. Mais la station reste encore tributaire de l’hiver : “Notre clientèle est familiale, il faut qu’il y ait d’autres activités que le ski, même en hiver. Nous voudrions ouvrir la piscine municipale, mais il faudrait la couvrir. Et nous manquons de moyens”, se désole le Maire. “80% de notre clientèle vient des Savoie et nous voulons aussi développer un vrai tourisme de séjour. Nous ne pourrons y arriver que si une politique touristique territoriale est mise en place. Il faut qu’on se batte avec notre potentiel, c’est un vrai défi !”

PLUS FORTS, PLUS PRÊTS

Chaque station est unique et possède des ressources spécifiques. “A défaut d’or blanc, le territoire sera extrêmement valorisable demain”, affirme Cristophe Chaix. “C’est une question de volonté politique, les élus choisiront les solutions. Et il faut être ouvert à toutes.” A Bourg-Saint-Maurice, l’avenir passe par la transformation d’un ancien quartier militaire en zone touristique ouverte à l’année. Avec un hôtel, un spa, un espace séminaire. Michel Giraudy cible un tourisme international en tirant vers le haut l’image de la station. Mais il prend aussi l’exemple de nos voisins pour justifier le développement d’autres activités : “Toutes les grandes stations suisses vivent à l’année, grâce à des structures comme les écoles privées. Si les stations françaises ouvrent des écoles hôtelières, des cliniques, des activités liées au secteur digital, nous pouvons créer 100 ou 200 emplois pérennes. Le cinéma reste ouvert, le boulanger aussi, la piscine municipale vivra mieux. Une activité à l’année favorisera le tourisme à l’année…”

Autant de stations, autant de défis. Et Christophe Chaix ne doute pas de la capacité d’adaptation des communes : “Il faut se donner des objectifs, faire preuve d’innovation, d’imagination, se tenir prêts pour que les impacts soient minimisés. Ce qui peut créer des opportunités, tout en sachant que maintenir le ski fait aussi partie des objectifs. Et les opportunités, pour les territoires savoyards, c’est d’être plus forts et plus prêts que les autres.”

Sources : météo France

PLAN NEIGE, BACK TO THE FUTUR ?

Le nouveau plan neige de la région Rhône-Alpes-Auvergne prévoit 10 millions d’euros pour l’enneigement des stations, auxquels s’ajouteront 50 millions pour poursuivre l’équipement. A terme, il vise un objectif de 200 millions sur 6 ans, grâce au potentiel apport des conseils départementaux et des investisseurs publics et privés. Ce nouveau plan s’inspire du plan neige de Georges Pompidou. Et renvoie aux oubliettes le programme «montagne 2040» de la majorité précédente.

ÇA CHAUFFE !

Les modèles climatiques prévoient tous une augmentation progressive de la température moyenne de l’air sur l’ensemble du globe, au cours du 21ème siècle. En France, cette augmentation se situerait, à l’horizon 2100, entre 1 et 5°C par rapport à la moyenne 1976-2005. Cette large fourchette est due aux différences entre les modèles de climat, à l’incertitude sur les quantités de gaz à effet de serre que l’humanité émettra au cours du siècle et à des différences régionales.

© michelangeloop, © Franco Visintainer, © Eléonore H, © SEM des Bauges

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