un noël responsable

un noël responsable

rhabillons le père noël en vert !

Les fêtes de fin d’année sont une période inégalée pour ce qui est de la dette écologique mondiale. Néanmoins pas la peine de plomber l’ambiance ! Sans se priver, dans la bonne humeur et le plaisir de partager, quelques conseils pour que ces fêtes deviennent aussi une occasion de changer ses habitudes..

C’est un fait, Noël est une période de consommation intense et pèse lourd dans l’impact écologique des pays riches. Voici une petite liste non exhaustive du poids environnementale des traditions : les produits offerts, les préparatifs et la décoration sont sources d’emballages et de suremballages. Si on y ajoute de la vaisselle jetable, le gaspillage devient abyssal. Ce qui impressionne le plus est la durée de vie de tous ces futurs déchets ! Jetés immédiatement, ils sont malheureusement produits à des milliers de kilomètres de leurs lieux d’utilisation. Viennent ensuite, les illuminations de Noël qui représentent, pendant les fêtes, sur-consommation d’énergie et émission de gaz à effet de serre. Et enfin l’utilisation privée de la voiture pour les achats de Noël qui conduit à une hausse de 50 % du trafic. L’impact est gigantesque, mais peut aisément être limité, suivez le guide !

LOCAL, DURABLE ET RECYCLE : LES MOTS CLEFS D’UN NOËL RESPONSABLE

Pour une fête écologique, la table se pare de sa plus belle nappe en tissu accompagnée de serviettes assorties. L’argenterie est de sortie et de beaux verres les accompagnent. On apprécie de se retrouver en cuisine pour discuter et nettoyer toute cette vaisselle. Le sapin s’orne avec des décorations maison.

Les illuminations ne sont pas allumées en continu, sont solaires ou à faible consommation et les ampoules sont remplaçables. Les plats sont frais et préparés avec des produits locaux, de délicieux légumes de saison. La surabondance est oubliée au profit de la qualité, du respect de la planète et des producteurs. Les cadeaux sont dématérialisés, pourquoi pas achetés d’occasion ou recyclés. Ils sont robustes, échangeables, équitables et écologiques. Les jouets sont fabriqués sans pvc, en bois, sans pile ou rechargeable, éco-conçus et français. Ils respectent la planète et la santé des enfants. Les courses de Noël sont faites en transport en commun, en vélo, à pieds ou par internet via des achats groupés. Le sapin est naturel, français et éco-géré. Il peut être artificiel mais solide et n’est pas recouvert de neige artificielle, source de pollution de l’air intérieur.

Finalement, la fête reste la même, l’objectif n’est pas la frustration, mais la réflexion. Il faut s’habituer, le plaisir reste individuel et l’impact collectif. N’oublions pas qu’en répondant à nos besoins d’aujourd’hui, il faut également penser à ceux des générations à venir ! Alors, il n’est pas question d’organiser un Noël sans cadeau, sans lumière et sans festin. Mais d’inverser la tendance, de se poser les bonnes questions et d’acheter différemment. Le plaisir d’offrir, c’est le plaisir de chercher ce qui plaira, et si on offrait un Noël plus juste et plus sobre à notre planète ? La Pachamama* vous remercie déjà !

*Déesse terre Aymara et Quechua

+ d’infos : Guide noël de l’ADEME, www.presse.ademe.fr

© magdal3na

l’adolescence pour les nuls

l’adolescence pour les nuls

C’ado lescence

Cher père noël, j’ai bien réfléchi, et devant la menace qui plane sur l’harmonie de notre foyer, je sollicite ton soutien, cette année, pour que tu m’aides à gérer avec sérénité ce qui s’annonce comme une fatalité. Pour être claire, te reste-t-il en stock un exemplaire de « l’adolescence pour les nuls » que je pourrais commander ?

Je sais ce que tu vas me dire, que ça faisait un petit moment que ça couvait, et qu’il n’y a vraiment pas de quoi en faire un plat, parce que tout le monde passe par là. C’est vrai, plusieurs de mes amies proches ont traversé la même épreuve et je les ai vues débarquer dans mon salon démunies, déboussolées, découragées. Elles m’ont même prévenue : “avec trois filles, ma Pauvre, tu vas déguster…” C’est pour ça que je me suis préparée. N’ayant que très peu de sympathie pour l’ado au sourire d’acier que j’étais et, par conséquent pas d’empathie immédiate pour tout ce qui subit aujourd’hui la dictature de l’excès de sébum, de la racine des cheveux jusqu’au bout du nez, il a fallu, justement pour éviter à N°1, en première ligne, une confrontation trop musclée, que je me replonge dans l’univers merveilleux de la puberté. Approche quasi-ethnographique, immersion en milieu hostile. Et je te jure, Père Noël, que j’en ai bavé. Parce que je partais de loin. Moi qui prône le dialogue et la compréhension sur tous les horizons, j’étais plutôt du genre zéro tolérance contre les fronts à boutons.

Mais, je ne sais pas trop ni à quel moment, ni pourquoi – à moins que le torse glabre et le regard d’acier de Robert Pattinson y soient pour quelque chose – j’ai buggé. J’ai basculé du côté obscur du bouleversement hormonal.

DESPER-ADO

Alors à chaque occasion, arrêt de bus, salle de ciné, terrasse de café, je me suis installée à proximité de voix éraillées, mèches savamment décoiffées et autres jeans trop serrés. J’ai habitué mon épiderme à ne pas se dresser à chaque tic de langage, mon oreille à ne pas saigner à chaque faute de français, mes yeux à ne pas se lever au ciel à chaque remarque sans intérêt. Ecouter quotidiennement les «Mornings» d’NRJ et de Fun Radio m’a beaucoup aidée, c’est indéniable. Pendant des heures entières, j’ai également fait tourner Maître Gim’s sur mes platines, euh non, sur mon MP3, pour m’imprégner de la richesse de ses rimes, les faire miennes et traverser le salon en chantant à tue-tête, “ça m’a fait mal de t’faire mal, je n’ai jamais autant souffèr-reuh… Quand je t’ai mis la bague au doigt, je me suis passé les bracelets, pendant ce temps, le temps passe, et je subis tes balivèr-neuh…”. Je me suis même remise à l’espagnol pour mesurer la portée philosophique des paroles d’Alvaro Soler ou d’Enrique Iglesias. Et pour le plus grand bonheur de mon aînée, je me suis retapée les cinq épisodes de la saga Twilight. Wesh, je te le dis comme ça, Père Noël, j’étais grave prête à me faire l’Adolescence, Lol.

MIK-ADO

Mais, je ne sais pas trop ni à quel moment, ni pourquoi – à moins que le torse glabre et le regard d’acier de Robert Pattinson y soient pour quelque chose – j’ai buggé. J’ai basculé du côté obscur du bouleversement hormonal. L’Adolescence ne m’a pas simplement attaquée frontalement, elle m’a investie. Concrètement, rien ne compte plus que mes potes et les moments que je passe avec eux, parce qu’on se tape des barres, qu’ils sont trop stylés ; je kiffe grave Macklemore et Soprano, et c’est un truc de ouf, mais j’aime vraiment, VRAIMENT, certaines chansons de Justin Bieber, côté fringues, je me trouve trop «habillée», si mon jean n’est pas troué, et je ne quitte plus mon sweat à capuche ni mes Converse, le tout étant moyennement assorti au costard-cravate de ma Moitié. Cher Père Noël, c’est donc pour lui que je te commande cet ouvrage, parce que pour lui, c’est la Hess, il est trop en bad avec une meuf, qui, en passant la barre des 40, a fait un bond en arrière de 25 ans. Cimer le Père maf attacks !

+ d’infos : mavraieviedemaf.wordpress.com

Illustration : Sophie Caquineau

l’insatiable eric-emmanuel schmitt

l’insatiable eric-emmanuel schmitt

l’homme qui noircissait des pages

Pièces de théâtre, romans, nouvelles, contes, essais, bd… Le lyonnais Eric-Emmanuel Schmitt, un des auteurs les plus prolifiques de sa génération, est encore loin d’être rassasié. A l’image d’Oscar, son petit héros malade accompagné par la dame en rose, on dirait qu’il regarde chaque jour le monde comme si c’était la première fois.

Deux prénoms. Comme si ces parents n’avaient pas pu choisir. Comme s’ils n’avaient pas voulu fermer la discussion, pour ne pas lui imposer une seule voie, mais laisser se déployer un éventail de possibilités. Alors Eric-Emmanuel Schmitt essaie tout. Il a même commenté l’athlétisme pendant les dernières Olympiades. Lui qui aurait probablement été médecin s’il n’avait pas écrit, apaise et régénère par les mots, aime, grâce à la littérature, remettre du désir dans la vie. Alors que vient de sortir son dernier roman, L’Homme qui voyait à travers les visages, et qu’il a, tout récemment, rejoint l’Académie Goncourt, il monte sur scène pour la tournée québécoise de Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, en s’autorisant une pause à l’Université de Sherbrooke, pour y recevoir, il y a quelques jours, le titre de Doctor Honoris Causa. Il est 12h au Sud du Canada, 18h en France. Pendant qu’il sillonne les rues de Montréal, Eric-Emmanuel Schmitt nous entraîne sur les lieux qui comptent ou ont compté pour lui.

Activmag : Où étiez-vous à 25 ans ?
Eric-Emmanuel Schmitt :
A 25 ans, j’étais à la croisée des chemins. Déjà agrégé de philo, je préparais ma thèse, une carrière de prof se dessinait et on me promettait les plus hautes distinctions : carrière universitaire à la Sorbonne, Collège de France… Mais j’étais sur les rails du passé, pas ceux de mon avenir. C’était le résultat, la conséquence logique de mes études, de mon parcours, mais est-ce que c’était bien mon chemin ? Mes pulsions créatives étaient toujours là – j’ai écris mon premier roman à 11 ans, ma première pièce à 16 – mon accomplissement était donc d’être un artiste et je ne faisais pas des études d’artiste. Les écrivains que j’admirais avaient fait Normale Sup’, il fallait que j’aille au bout de ce cursus, mais il n’allait pas me donner exactement ce que je cherchais, le chemin de ma vie n’était pas clair.

Ce doctorat honorifique, qui vient de vous être remis a donc une saveur particulière ?
Oui, parce qu’il vient du monde qui était le mien, du monde universitaire. C’est le seul métier que j’ai exercé. Après la rue d’Ulm (Normale Sup), j’ai soutenu très vite ma thèse sur Diderot et j’ai enseigné 5 ans à l’Université de Savoie. Je m’attendais à enseigner toute ma vie, car j’aimais le contact avec les étudiants et ça me permettait d’écrire à côté, mais j’ai été rattrapé par le succès, dès ma première pièce, j’ai donc quitté l’enseignement. Depuis, je vide ma plume…

Que vous reste-t-il de vos 25 ans ?
Le fait de retourner régulièrement au carrefour, pour regarder quelle route je dois prendre : dramaturge ? écrivain ? pour écrire des romans ? des contes ? Je ne cesse de retourner à ce carrefour, pas par hésitation, mais par gourmandise.

Vous avez grandi à Lyon, quelle relation gardez- vous avec cette ville ?
J’ai découvert, avec le temps, que j’étais Lyonnais et surtout à quel point je l’étais. C’est de plus en plus évident au fur et à mesure que mon expérience du monde s’accumule. Je le sens dans mon rapport au temps, aux siècles. Parce que lorsque j’habitais Lyon, j’arrivais à St Jean, je traversais le quartier Renaissance, je voyais les constructions modernes de la Part Dieu ou je voyageais en passant près de l’amphithéâtre gallo-romain… Tous les jours, je marchais dans les siècles, les traversais, dans une complicité naturelle avec les époques révolues ou présentes, et quand j’écris, je garde ça. «L’Evangile selon Pilate» se passe il y a 2000 ans, «La Femme au miroir» dans trois siècles différents… Cette familiarité historique, cette façon d’enjamber les époques, ce côté marcheur des siècles est profondément lyonnais. Mais je suis aussi Lyonnais dans le contrôle des apparences ; je donne toujours l’impression d’être en contrôle, en équilibre. J’offre une apparence honorable, voire sénatoriale, presque trop équilibrée, mais ça n’empêche pas qu’il y ait, derrière, tous les vertiges, tous les abîmes.

J’offre une apparence honorable, voire sénatoriale, presque trop équilibrée, mais ça n’empêche pas qu’il y ait, derrière, tous les vertiges, tous les abîmes.

Qu’est-ce qui vous frappe en premier dans une ville, les bruits, les odeurs, les couleurs… ?
A Lyon, par exemple, le Jardin du musée St- Pierre (Musée des Beaux-arts), un endroit que j’adore, c’est un lieu qui sent la pastille Vichy, car j’y allais avec ma grand-mère et elle en avait toujours dans son sac. Le Vieux Lyon, par contre, a plutôt un goût de praline, car il y avait une petite échoppe où j’en achetais. Le son est extrêmement important aussi, mais paradoxalement, Lyon est pour moi une ville silencieuse, car jusqu’à 8 ans, j’habitais Ste-Foy-lès-Lyon, j’avais Lyon à mes pieds… On voyait même les Alpes les jours de beaux temps. C’était une immense ville accueillante, qui me prenait dans ses bras, mais silencieuse, avec peut-être le bruit des péniches au lointain, mais quelque chose de très méditatif.

Un autre lieu qui a compté pour vous, c’est le désert du Hoggar, dans le Sahara, où vous avez vécu une «extase mystique». Y êtes-vous retourné ?
Non. Une fois, avec ou sans S, suffit. J’ai passé une nuit fulgurante sous les étoiles, une «Nuit de Feu», comme je l’ai écrit dans mon livre, mais c’est un cadeau tellement extraordinaire que je trouverais indécent de réitérer ça. C’est bon, j’ai compris. En plus, c’est devenu très dangereux aujourd’hui, je déconseille à quiconque de faire ce voyage, de Tamanrasset au Mont Tahat, sur les traces de Charles de Foucauld. Je suis allé dans d’autres déserts depuis, mais jamais avec l’intention de re-frapper à cette porte.

Y’a-t-il d’autres endroits qui vous appellent ?
Il y a des endroits magiques dans lesquels je vais me ressourcer, comme l’Islande, là où je sens la force de la terre. C’est une espèce de croûte qui sort de l’océan, la terre crache de l’eau, crache du souffre, les îles continuent à se former et on sent que la terre vit quand on marche sur le sol d’Islande. On sent la force inépuisable, palpitante de la nature… J’y avais d’ailleurs emmené ma mère à la mort de mon père. C’est un endroit que j’adore, dont j’ai besoin. Et puis il y a Delphes, avec le Mont Parnasse, et le site religieux à ses pieds, qui date de la Grèce Ancienne dont il reste des traces, la Fontaine Castalie, source où s’abreuvent les muses. Il y a une mer d’Oliviers, vert et argent, puis une vraie mer de vagues au-delà, bleue turquoise… C’est totalement inspirant, ça me remet en paix.

Et dans un théâtre ? Vous avez été metteur en scène, comédien, directeur… Quel est l’endroit où vous vous sentez le mieux ? Sur, devant ou derrière la scène ?
Dans un théâtre, là où je me sens le mieux, c’est quand j’y entre. A chaque fois, je ressens l’ivresse des possibles. Tout peut arriver : on va aimer, se déchirer, se réconcilier, mourir et se relever… C’est un lieu qui reflète la réalité, mais d’une façon ludique, rien n’y est définitif. Alors que le propre de la réalité, c’est qu’on ne peut pas appuyer sur la touche replay.

ENTRE LES LIGNES

Celui de vos personnages qui vous ressemble le plus ?
Oscar, dans «Oscar et la Dame en Rose», parce que sa vie est autant faite de réalité que d’imagination et que la mienne est ainsi. Lui, c’est parce qu’il est malade, qu’il ne peut plus bouger, moi, je suis en pleine possession de mon corps, je bouge beaucoup, mais on a en commun l’imagination. C’est l’imagination qui agrandit la réalité.

Le livre que vous auriez aimé écrire ?
«Les liaisons dangereuses» de Choderlos de Laclos, je suis jaloux de ce livre, il me semble avoir capturé d’une manière extrêmement vivante toutes les façons d’aimer, la diversité amoureuse.

L’auteur avec lequel vous auriez aimé dialoguer ?
Diderot, dont la conversation était créatrice, c’était quelqu’un qui sème à chaque instant, quelqu’un de stimulant, vif, pas mélancolique, un peu débraillé certes, posant sa perruque sur ses genoux pour parler à la tsarine, mais c’est le feu de l’esprit.

Votre livre de chevet ?
Je lis la «Comédie Humaine» de Balzac dans l’ordre où il voulait qu’on le lise… j’ai donc commencé il y a quelques temps, et je suis ébloui en permanence.

La pièce dont vous pourriez réciter des vers par cœur ?
«Phèdre» de Racine – comme on retient la musique par cœur, les textes se sont imprimés en moi avec l’évidence du génie. Comme en musique, un auteur, c’est une mélodie, une respiration, une intention.

© Pascal Ito / Albin Michel

François Mitterrand et ses amours

François Mitterrand et ses amours

l’ancien président était-il polyamoureux ?

La publication de la correspondance de François Mitterrand à Anne Pingeot réanime le débat sur le couple et l’infidélité. «Lettres à sa maîtresse», peut-on déjà lire. Et si cet amour-là était autre chose qu’un vaudeville ? Et si François Mitterrand était finalement le polyamoureux le plus célèbre de France ?

1218 lettres, en 33 ans. D’emblée, le vertige du nombre, corrélé à la pérennité. L’homme qui a su marquer la France de sa patte audacieuse, de ses ouvertures culturelles et d’un charisme politique disparu, a aussi su aimer.

« Si tu savais, mon Anne, la plénitude et la confiance qui m’ont habité grâce à toi. Confiance dans la générosité de la vie, plénitude de mes facultés portées au meilleur d’elles-mêmes et dans une incroyable harmonie. Nos rencontres, nos promenades, nos tendresses n’ont pas été que des échanges entre nous. Elles ont été pour moi une façon d’appréhender le monde, les choses, les êtres, l’action, et d’une certaine manière – l’expression est sotte – mon âme. Tu m’as délivré de ce qui m’enrayait, me rouillait, me diminuait. Je me suis débarrassé de tout calcul. Je n’ai obéi à aucune stratégie amoureuse. […] Pour mieux t’aimer, j’ai pris garde à ne pas aimer plus que toi mon bonheur et mon amour de toi. Je ne crois pas avoir jamais plus sincèrement et plus sérieusement recherché la perfection d’un sentiment et d’un accord. »
(Hossegor, vendredi 21 août 1964)

Bien-sûr, François Mitterrand était marié. Un mariage qu’il n’a jamais renié, toujours soutenu, un mariage jamais divorcé. C’est connu, Mitterrand était aussi conquérant. Avec finesse et responsabilité somme toute.
Sa femme savait, ses amantes savaient. What else ? Le cours normal de la conjugalité française ! Savoir sans (vouloir) le voir. Voilà la norme made in France. Certes la transgression a ses délices et le mensonge est plus aisé à manier que la vérité. Mais d’autres paradigmes existent. C’est pourquoi la formule « Mitterrand polyamoureux » n’est pas si fortuite que cela. Car Mitterrand a (en partie) assumé sa plurielle de vie. Jusqu’à faire un enfant, Mazarine, avec sa chère complice Anne. «Ma sœur Anne»… Mais qu’est-ce que le polyamour, déjà ?

AIMER PLUSIEURS PERSONNES EN MÊME TEMPS

Le polyamour est la faculté d’aimer plusieurs personnes en même temps. C’est un chemin de vie entre partenaires aux liens affectifs et/ou intellectuels très forts. Contrairement à la vie de couple traditionnelle, les règles entre polyamoureux sont explicitées au début de la relation et chacun doit pouvoir y trouver sa place et son épanouissement personnel.

L’engagement entre les polyamoureux dépasse de loin le principe de possessivité sexuelle. Il déconstruit l’exclusivité charnelle au nom d’une authenticité et d’une responsabilité des liens qui peuvent être pluriels. Cette philosophie de vie s’avère nuancée, réfléchie et systémique. Pour schématiser un peu, on pourrait dire que le polyamour se nourrit de ce que l’on retrouve dans les règles de l’amour filial ou de l’amitié (la Philia de la philosophie grecque). Il est possible d’avoir plusieurs enfants ou plusieurs amis et de les aimer chacun dans leur spécificité, sans que ceux-ci soient mis en concurrence. Le polyamour, c’est cela. C’est pouvoir aimer sereinement plusieurs personnes en même temps, comme il est possible d’aimer sereinement ses enfants et ses amis.

LE GARANT D’UN MAINTIEN RELATIONNEL FORT

Le mensonge et l’adultère (avec l’inconfort qui s’ensuit un jour ou l’autre) deviennent obsolètes. Car dans l’adultère de la conjugalité classique, tout finit toujours par se savoir un jour. Et les actes manqués manquent rarement. Parce qu’il déjoue la mauvaise surprise, parce qu’il tolère et comprend la liberté affective et sexuelle du partenaire, le pacte polyamoureux devient le garant d’un maintien relationnel fort. Mitterrand est-il allé jusque-là ? La question reste ouverte. Quoiqu’il en soit, la publication des 1218 lettres entre le Président et Anne Pingeot vient marquer la fougue d’un homme, sa poésie aussi et sa faculté à gérer de manière entendue ses vies parallèles.

Lisez la correspondance amoureuse de Mitterrand. Vous y trouverez non pas la facilité de l’amour, mais son caractère d’exception, les ravissements qui scandent et définissent une vie. Les rencontres qui créent une poésie.

+ d’infos :
« Fragments d’un discours polyamoureux »
Magali Croset-Calisto, Ed. Michalon
« Lettres à Anne, 1962-1995 », par François Mitterrand, Ed. Gallimard

dessert – tartelettes

dessert – tartelettes

tartelettes façon mont-blanc

POUR 6 TARTELETTES
PRÉPARATION : 30 MIN
CUISSON : 25 MIN
RÉFRIGÉRATION : 1 H

1 pâte sablée I 1 œuf I 25 g de sucre glace I 12 marrons glacés I 250 g de crème de marrons

Préchauffer le four à 180° (th.6). Etaler la pâte dans les moules à tartelettes, piquer les fonds de tarte avec une fourchette, enfourner 15 minutes et retirer dès que la pâte est dorée.
Séparer le blanc du jaune. Monter le blanc d’œuf en neige avec le sucre jusqu’à ce qu’il soit bien ferme et brillant. Travailler le mascarpone au fouet avec le jaune d’œuf pour obtenir une texture bien homogène et ajouter petit à petit le blanc en neige et la crème de marrons.

Réduire 6 marrons glacés en brisures, les mélanger délicatement à la crème et mettre au réfrigérateur pendant 1 heure.
Avant de servir, garnir chaque tartelette d’un dôme de crème et déposer délicatement 1 marron glacé sur le sommet. Servir immédiatement.

©G.Czerw / CEDUS

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