COUP DE MASSUE !
“De toute façon, t’es pas foutue de planter un clou !” Quel culot ! Il me pose ça là, entre la raclette et la salade, comme si c’était sorcier de monter une étagère pour le p’tit ! C’est un peu facile ces postulats préconçus et complètement machos ! On n’est plus au Néolithique, non plus !!! Je vais lui montrer, moi.
Prête à tout pour sauver l’honneur des femmes, j’ai entrepris de faire le boulot moi-même. Le lendemain, bon prince, il m’avait quand même préparé une liste sur la table du petit déj’, à commencer par les outils et petits matériaux à acheter. Un déroulé long comme le bras, vis, clous, trucs à têtes plates, colle à bois et j’en passe, jusqu’à la conclusion finale mesquine : “un peu d’huile de coude efficace et tu devrais t’en sortir…” Nianiania… Ça va, j’suis pas débile, non plus ! Je prends quand même sa note au cas où, et je file au magasin de bricolage, remontée comme un coucou devant tant de moquerie perverse. Il va voir de quel bois j’me chauffe, Magnum, avec sa science infuse ! Résultat en moins de 2, j’ai quasiment tout. Je gonfle le torse façon brico girl à Malibu, j’ai le vent en poupe, la phase 1 de ma mission est presque relevée, ne manque plus qu’un truc et hop, c’est tout bon. J’arpente les rayons de façon logique, une fois, deux fois, toujours rien, ça me saoule, mais je persévère, je suis sûre que je vais trouver, plutôt crever que de demander de l’aide ! C’est fou cette affaire, tout le monde s’en sert à longueur de temps, ils en ont obligatoirement, ça m’agace, mais c’est où ??? C’est quand même bien le bazar, dans ces entrepôts, aussi. C’est mal rangé, mal indiqué, moche et pas du tout cohérent !!! Je veux bien être de bonne foi et avouer que je cherche comme un manche, mais là, rien à voir et je commence à m’énerver sérieusement. Et pour couronner le tout, ça entame ma crédibilité. J’ai mis 3 secondes à trouver tout le reste et ça fait plus d’une heure que je tourne en rond comme une quiche, pendant que mon mec m’attend sûrement bave aux lèvres, chrono en main espérant que je rentre bredouille !! Grrrr !!!! Même pas en rêve !!! Mais 2 heures plus tard, je déchante. J’ai dû faire l’équivalent du marathon de Paris en grognant, on vient d’annoncer la fermeture imminente, je m’apprête à baisser les bras quand un vendeur s’approche à tâtons, Sauvez Willy doit être écrit sur mon front : “J’ose Madame, je vous vois chercher depuis tout à l’heure, dans un sens, puis dans l’autre, je peux vous aider peut-être ?” Je me résigne à lui demander, j’ai les nerfs, mais tant pis, plus le choix. C’est là que ma sueur l’a contaminé. Il est devenu rouge, les yeux exorbités : “C’est une blague Madame ?” Une blague ? Il croit que j’me marre depuis tout à l’heure lui ? J’explose !! Alors, il est où le rayon ??? Devant moi, c’est ça ??? “Mais Madame, l’huile de coude … Ben, c’est au bout de votre bras ! ”