pis paul : saut dans le temps… X

27 Juin 2022

J’AI BEAU GDANOV, JE N’EN MÈNE PAS BIEN LARGE !

En 2007, notre journaliste la plus extra-terrienne donnait rdv à Igor et Grichka Bogdanov dans une galaxie lointaine, et nous livrait un article totalement allumé. On n’a pas résisté à l’envie de repartager avec vous ce moment d’anthologie…

Les frères Bogdanov, ils sont exactement comme à la télé. Enfin non, pas tout à fait… ils n’ont pas de combinaisons en aluminium et n’évoluent pas sur une plate-forme devant un grand écran diffusant en continu un proton géant. Mais on devine tout ça derrière leur dos, quelque part dans une dimension annexe. Et on devine aussi qu’une fois l’interview terminée, il y a de fortes chances pour qu’ils se dissolvent.

Je vais d’emblée répondre à la question que tout le monde se pose : Igor et Grichka se sont-ils fait refaire le menton, entre autres ? Comme ça, a priori, je dirais oui. Parce que quand ils sourient, et ils sourient beaucoup, on dirait qu’ils vont se déchirer. Mais franchement, vous oseriez, vous, regarder quelqu’un sous le menton et lui demander si c’est bien normal, cette grosse protubérance ? Moi, je n’ai pas osé. Parce que je suis bien élevée, et que je soupçonne les Bogdanov de maîtriser des forces inconnues ; je n’ai pas envie de me retrouver assise sur un astéroïde au sud de Betelgeuse, à contempler un coucher de Pluton. Donc, pour les mentons, personne ne sait très bien, et tout le monde y va de son petit couplet ; et franchement, vu qu’ils sont nés dans la quatrième dimension, tout est possible. C’est amusant comme tout de passer un moment avec les frères Bogdanov. D’une part parce qu’ils sont charmants, d’autre part parce que c’est instructif, pour peu qu’on comprenne quelque chose à leur discours. Il arrive un moment où, forcément, on perd le fil. La solution ultime, c’est de mettre en route le dictaphone (qui les a bien fait rire parce que c’est un dictaphone à cassette, et qu’eux sont déjà passés à la fission du reblochon en milieu clos) et le pilote automatique. Dont acte.

Actives : Igor et Grichka, qui êtes vous ? (parce que quand même, on peut se poser la question)

Igor et Grichka : Nous nous définissons comme des voyageurs de vies multiples (ça commence bien) ; nous sommes nés jumeaux (Igor a 40 minutes d’avance sur Grichka, ce doit être la raison pour laquelle il parle beaucoup plus que son frère. Il est déjà dans une dimension plus loin), et c’est à la faveur de cette expérience, qui remonte avant même notre naissance, que nous avons été habitués à l’idée que les vies pouvaient être plurielles, à travers ce double qui est à la fois l’extension de soi, tout en étant une affirmation différente. Nous avons toujours su, dès l’enfance, que nous étions différents. Comme Michelet l’a dit un jour : “je suis un homme complet, je suis à la fois un littéraire et un mathématicien”. C’est ce qui nous caractérise. Nous sommes à la fois passionnés de sémiologie, de philosophie et de science. (Si vous n’avez pas tout à fait compris la réponse, je tiens à votre disposition l’enregistrement de ce moment d’anthologie). Si tu tournes une page d’«Actives», tu déclenches une giboulée d’hydrogène sur Mercure (aphorisme Bogdanov).

©Léman des Auteurs

Pensez-vous que tout soit lié ?

Oui, absolument. Il ne faut pas regarder l’univers sous sa forme locale, il faut lui appliquer une théorie globale. Et tout est en interaction à l’intérieur de cette théorie globale. Quand je soulève cette feuille de papier, je mets en jeu des forces qui s’étendent à l’univers tout entier. (Vous vous rendez compte ? Les frères Bogdanov sont en train de m’expliquer que lorsque je vide mes poubelles, je déclenche peut-être un chaos sur Jupiter. Je me sens soudain investie de pouvoirs supérieurs, et je n’hésite pas à puiser dans mes références de base).

C’est ce qu’on appelle la théorie du chaos ?

Non. Cela s’appelle la théorie topologique des champs (ah bon). Il faut comprendre que la science n’est jamais une interprétation « sèche » du monde, elle conduit aussi à des interrogations philosophiques. A savoir que l’univers n’est pas qu’une vaste machine, mais aussi une vaste pensée (il est bien certain que dorénavant, j’y réfléchirai à deux fois avant de soulever un coton-tige, je m’en voudrais que cette action soit responsable d’un génocide aux confins de la galaxie). Nous avons découvert qu’à l’origine de l’univers, il n’y a pas qu’un simple enchaînement hasardeux de phénomènes qui nous conduit à ce que nous voyons aujourd’hui, mais qu’il y a aussi comme une sorte d’information primordiale. Il y a quelque chose d’immatériel qui guide le développement de l’univers (mode pilotage automatique enclenché). Nous ne cédons pas à la complexité de certaines théories comme la «théorie des cordes», qui admettent entre 13 et 26 dimensions supplémentaires (je me demande à quoi peut bien ressembler la 18e dimension. Posez-vous la question, considérez ça comme un jeu. Vous allez voir, c’est rigolo comme tout). Pour nous, nous sommes simplement à 4 dimensions jusqu’à l’instant initial (c’est d’ailleurs à ce moment que retentit, quelque part dans mon cerveau, la musique de « la 4e dimension ». Je m’attends à voir apparaître David Vincent à tout moment. S’il pouvait en profiter pour m’apporter un café sans pour autant faire exploser une planète, ce serait l’idéal).

Ô temps, suspends ton vol de Bogdanov (Victor Hugo)

A cet instant, Igor Bogdanov entreprend de m’expliquer le fameux E=MC2 de Einstein, ce qu’est le «mur de Planck» (j’aimerais autant me planquer derrière le mur, ce pourrait être une contrepèterie hilarante si l’instant n’était pas si grave), et ce qu’est le « temps imaginaire ». Et je découvre soudain qu’effectivement, nous sommes tous des voyageurs de vies multiples. Parce qu’en ce moment même, j’écoute Igor Bogdanov attentivement, tout en dressant mentalement la liste de mes courses. J’en suis au rayon fruits et légumes lorsque Igor finit sa démonstration sur cette phrase : “Donc, nous avons du temps imaginaire à l’échelle zéro, puis un mélange temps imaginaire/temps réel qui est la longueur de Planck, puis l’univers démarre sous la forme que nous connaissons, et nous avons de la matière et du temps réel. Voyez, notre modèle est donc facile à comprendre”.

En effet, expliqué comme ça, tout devient limpide. Et je dois dire qu’arrivée à ce stade de l’interview, je ne songe plus à leur menton, je suis convaincue que ce phénomène procède lui aussi d’une écriture cosmologique. Je dois avoir l’air un peu hébété, les yeux vides et la bouche entrouverte, car Igor poursuit comme dans « Rayons X » : “L’univers est un enchaînement ordonné qui ne doit rien au hasard ; il y a un code de base. C’est cette information primordiale qui ordonne tout, l’univers tel que nous le voyons aujourd’hui ne pouvait pas être autrement. Il a été écrit (là, j’ai un peu l’impression qu’il s’envole. Je me garde donc bien de l’interrompre, rares sont les témoins d’un envol de Bogdanov au printemps). Aucun physicien ne peut faire l’économie d’une cause première. Il est impossible que l’univers se soit auto engendré. Certains appellent cette cause extérieure Dieu, d’autres l’Esprit. Nous pensons la même chose. Cet enchaînement causal, magnifiquement ordonné, ne peut être le fruit du hasard. Derrière ce phénomène, il y a une intention, un programme.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme en Bogdanov (proverbe jupitérien)

Bigre. Il est 11h du matin, nous sommes à Evian, et je viens de découvrir que Dieu existe et que je peux faire fondre une galaxie en croquant une biscotte. Je ne serai plus jamais la même. Les frères Bogdanov enfoncent le clou dans ma pauvre petite tête de terrienne : ils m’expliquent que l’énergie du réel va se dissoudre, et que lorsque le dernier atome aura disparu, le temps réel va cesser, et nous allons revenir à une information primordiale sans espace. Encore heureux qu’ils ne prennent pas une voixà la Orson Welles, j’aurais une attaque cardiaque. En termes clairs, un jour, pouf, nous allons disparaître. Et avec nous des milliards d’autres consciences qui pensent et réfléchissent ailleurs. Vous n’imaginiez quand même pas que l’aventure de la conscience était un petit événement unique sur une planète située à 30 000 années lumières de notre galaxie ?
Non, nous ne sommes pas seuls, ce sont les frères Bogdanov qui me l’ont dit. Songez-y lorsque vous passez l’aspirateur.

Pascale Godin

Pascale Godin

Journaliste
SURNOM: Ficelle ou Momotte. PERSONNAGE DE FICTION: les frères Bogdanov. OBJET FETICHE: mon premier stylo plume. ADAGE: le temps passe et les œufs durs. JE GARDE: mes cicatrices. J'ECHANGE: échange fesses concaves contre fesses convexes. DANS 20 ANS? Déambuler à Honolulu. Ou Honolulu en déambulateur.

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