J’ai craqué… après des années à esquiver, à te trouver des excuses d’illusionniste, t’inventer un emploi du temps de ministre, expliquer tes absences par des déplacements bidons, tes silences par des jet lags à répétition, je t’ai lâché.
Une lampe en pleine face, elle m’a coincée au réveil, cerveau en mode veille. Elle m’a cuisinée… Sacrément bien rancardée, elle doit avoir des indics dans le milieu, c’n’est pas possible autrement. Qui sait, une taupe infiltrée ? Elle avait tout un dossier, à moins qu’elle ait bluffé. Mince… Je me suis peut-être faite avoir comme une bleue. Bref, j’ai craché le morceau : commanditaires, intermédiaires, j’ai balancé toute la filière. Tu vas prendre pour perpette !
En même temps, ça ne pouvait plus durer. Tu t’es toujours cru au dessus des lois… Tu as grugé ton monde. Dans le genre mytho : plus c’est gros…
Je t’avais prévenu qu’un jour ou l’autre, je ne pourrai plus marcher dans ta combine. Travail fictif, enveloppes sous le manteau, y’en a qui sont allés en taule pour moins que ça.
J’suis qu’une balance, je sais. Et pas bien fière. Mais comprends-moi, j’ai des gosses, j’pouvais pas plonger ! Je t’ai assez couvert !
Et puis merde… Ça commençait à me courir. Faire ta secrétaire, gérer ton courrier, honorer les commandes, payer tes factures, traiter les imports/exports, sécuriser la zone de stockage, bosser tes relations publiques… Et toi, tout ce temps-là, tu te frisais la moustache, la barbe et le poil dans la main !
Et pas un merci ! Ni un bisou, rien du tout. C’est toi qui récoltes toujours tous les honneurs… Même quand ça sent le sapin, je suis encore là à noyer le poisson alors que tu te fais épiler le maillot dans ton paradis friscal ! Tu vas voir si la neige est plus blanche à l’ombre !! Toi le boss, tu vas tomber pour association de mâles fêteurs…
Dire qu’elle avait confiance en toi, en nous. Tu vas lui briser le cœur, elle qui t’idôlatrait, qui a fait tant d’efforts ces dernières semaines pour te plaire, pour être à la hauteur de tes belles promesses. Elle grandit. Déjà 8 ans… Première désillusion. Ton conte est bon.
Et d’ici que je balance le reste de la bande : la petite souris, le marchand de sable (pour peu que ce soit de la poudre de perlimpinpin… on n’est plus à une malversation près !). Djézous, son père et le simple d’esprit ! Tu peux tous les prévenir… Ils doivent crécher au bouddha bar, dis-leur bien que la fête est finie ! On remballe les marmottes !