BLANC D’ESSAI

14 Déc 2021

A SKI MIEUX MIEUX

Comment -à part sur une carte- se situent les domaines français dans le paysage du ski alpin ? Quel est leur potentiel, leur marge de progression ? Nos voisins se posent-ils les mêmes questions que nous ? Avis d’experts.

Les stations françaises ont toujours une sorte de complexe, mais elles ne s’en sortent pas si mal !”, rassure Laurent Vanat, consultant suisse spécialisé en tourisme de neige et de montagne. Leurs forces et leurs faiblesses découlent, pour la plupart, d’une spécificité historique de la montagne française : le fondateur Plan Neige.
Initié par le Général de Gaulle, il aboutit, entre 1964 et 1977, à la construction de 150 000 lits dans plus de 20 stations nouvelles créées sur le modèle de la Plagne (Tignes, les Arcs, Avoriaz, Flaine…) et 23 stations anciennes. “Son objectif était la démocratisation du ski”, rappelle Jean-Marc Silva, directeur de France Montagnes. “Mais à l’époque, on parlait de sports d’hiver, pas de tourisme de montagne -sauf pour quelques stations visionnaires comme les Arcs ou Avoriaz qui ont pensé aussi à l’été-. On pensait «vacances dehors», donc petits appartements. Chez nos voisins (Autriche, Suisse, Italie), le modèle des stations-villages est plus courant, avec un accès au ski en altitude par les remontées mécaniques, et un cœur de vie à l’année, en bas, ce qui permet plus facilement un développement dans la durée.

Tignes Val Claret©SavoieMontBlanc-Huchette

DES CREUX ET DES BOSSES

Cette volonté politique a fait de la France une référence mondiale en matière de ski, avec une grande diversité géographique et les plus hauts do- maines skiables d’Europe. “L’altitude assure une bonne sécurité de l’enneigement”, remarque Laurent Vanat. “La taille des domaines est également une de ses principales forces : si elle est aujourd’hui rattrapée par l’Autriche, elle a longtemps été le seul pays dont les grandes stations (La Plagne, les Arc, Val Thorens…) pouvaient comptabiliser plus d’un million de journées skieurs en une saison. Et côté tarifs, les Domaines Skiables de France (DSF) se targuent de proposer les forfaits les moins chers, même s’ils sont souvent noyés dans des packages.” Avec une moyenne de 30€, le pass journalier français serait en effet 11% moins cher que l’autrichien, 17% moins cher que le suisse* et trois fois moins cher que l’américain !
En ce qui concerne l’hébergement, par contre, si les «cages à lapins» des grandes résidences de tourisme construites dans les années 70 ont permis à de petits investisseurs d’accéder à la propriété et font encore le bonheur des petits budgets, “un grand nombre d’entre eux sortent du parc marchand parce qu’ils ne sont plus aux standards”, explique Laurent Vanat. “Dans l’hôtellerie, le rapport qualité-prix reste très favorable à l’Autriche, et si la restauration sur les pistes s’améliore, le niveau de la fameuse assiette skieur est assez faible.” Autre gros point noir : l’accès aux stations. “S’y rendre en transports publics est une vraie galère ! Alors que la Suisse est mieux équipée : là-bas, une quinzaine de stations sont connectées au train, soit directement, soit par une télécabine.

Sous le sommet du Grand Mont d’Arêches, face au Mont-Blanc. Arêches-Beaufort. Massif du Beaufortain. Savoie (73)

ALLER PLUS HAUT

Vu la vive concurrence internationale, il est important de voir les pratiques de tous les pays du monde et s’en inspirer”, commente Jean-Marc Silva. “Au Canada et aux Etats-Unis, même dans les stations créées de toutes pièces, les choses sont très structurées, très aménagées, très diversifiées. Whistler, par exemple, avec son activité vélo très forte, a la même fréquentation l’été que l’hiver ! En France, il y a donc aujourd’hui un développement important du vélo, avec l’arrivée de l’assistance électrique notamment, ou encore le Fat Bike, sur la neige. Les pistes thématiques, aussi, suscitent un intérêt grandissant des familles, avec des chasses au trésor, des pistes sur les animaux, la nature, la gastronomie (comme la Piste du Reblochon à La Clusaz) ; ou encore les Tyroliennes, évidemment, en cascades ou à virage. Quant à l’après-ski, qui a longtemps été notre talon d’Achille -en Autriche, c’est presque l’inverse : le ski est quasiment un prétexte à l’après-ski-, à l’instar de la Folie Douce, qui a décomplexé la montagne française là-dessus, on a développé un concept moderne, qui plaît énormément.

Châtel ©SavoieMontBlanc-Tisseyre

TOUS DANS LA MÊME PENTE

Mais quels que soient le pays et les différents atouts de chaque domaine, la plupart des stations alpines sont confrontées aux mêmes problématiques climatiques et économiques. “Elles ont fait de gros efforts pour augmenter leur capacité d’enneigement et assurer notamment les périodes de Noël”, explique Laurent Vanat. “Pour moi, il y a donc peu d’inquiétude à avoir pour les 20 ans à venir, et comme les modèles actuels ne nous permettent pas vraiment de savoir où on sera à ce moment-là, autant investir”. D’autant que le taux de couverture en neige artificielle des domaines français n’est encore que de 37% contre 48% en Suisse, 70% en Autriche et 90% en Italie du Nord*. La sécurisation de l’enneigement est d’ailleurs l’un des quatre axes prioritaires du Plan Montagne régional, dévoilé en septembre dernier, qui prévoit d’y consacrer 30 millions d’euros. Autre enjeu : attirer des jeunes générations qui se sont éloignées de la montagne. “Mais on essaie avec des méthodes qui datent de 30 ou 40 ans en arrière, comme les classes de neige (ndlr : en mai dernier, le Plan «Avenir Montagnes», présenté par Jean Castex, a acté pour la reconduction dans les massifs de la mesure « colos apprenantes », qui dispose d’une enveloppe de 5 millions d’euros) ou les cours de ski. Dans les années 70, celui qui venait en station de ski n’avait que ça à faire : apprendre à skier. Aujourd’hui, il le fait pendant 2h et s’il n’y arrive pas, il laisse tomber. Même s’il adhère à d’autres activités, on a surtout besoin de gens qui viennent skier, c’est ça qui les accroche une semaine.” En 2021, l’agence Savoie-Mont-Blanc a donc engagé une stratégie de re-conquête de la clientèle jeune, ces «futurs adultes fidèles», en accompagnant la tournée du Festival International des Sports Extrêmes (FISE) et le High Five Festival ou en communiquant sur les réseaux Snapchat et TikTok. Sur son site internet, une rubrique « Bons plans ski », qui compile les infos réductions, locations ou les offres flexibles « Ski M’arrange », leur est entièrement destinée.

Méribel ©SavoieMontBlanc-Gouedard

QUELLES PISTES ?

Dernier écueil : le coût des infrastructures. “Ce qu’on n’imagine pas, c’est que 30% des coûts sont en fait liés à la descente. Avant, on enneigeait peu et on damait peu. Aujourd’hui, pour satisfaire les clients, on enneige mécaniquement et on dame quotidiennement. Le coût du ski a donc augmenté par rapport au coût nominal du forfait, ce qui met les petites stations dans des situations délicates et pousse les autres à être imaginatives pour rester ouvertes le plus longtemps possible.” En chasse-neige prudent ou tout schuss, pas d’autres options, les stations se lancent donc toutes sur les pistes de la diversification ou des quatre saisons…

* Source Domaines Skiables de France – Indicateurs et analyses 2020.

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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