traces de vie
DES « CAMPS DE BASE » EN SAVOIE, AU CANADA, AU CHILI. ET LES SOMMETS DU MONDE ENTIER EN GUISE DE SITES DE TRAVAIL. INSATIABLE GLOBE-TROTTER, BRICE LEQUERTIER ORGANISE DES SÉJOURS AUTOUR DU SKI SUR TOUTE LA PLANÈTE. DES MOMENTS DE PARTAGE QU’IL CAPTE EN PHOTO COMME AUTANT D’INSTANTS À IMMORTALISER.

Evoquer son expérience de champion de ski, assortie du besoin viscéral de parcourir la terre, est pour lui un préambule nécessaire.
Né en 1977, Brice Lequertier grandit en Haute-Savoie. A l’adolescence, le jeune sportif est détecté et propulsé des trampolines propres à la gymnastique qu’il pratique, jusqu’aux pistes de ski acrobatique. Immergé de 13 à 19 ans dans l’univers très structuré de l’équipe de France, l’athlète concilie la pratique d’une discipline atypique avec un puissant désir d’ailleurs : “J’avais envie de voir le monde. J’ai vu là un moyen de voyager, de m’échapper, d’être plus indépendant vis à vis de ma famille, d’être libre !”. En 1996, il obtient un titre de champion d’Europe, a le vent en poupe, mais se blesse. Et voit se transformer le milieu du ski acrobatique. “L’état d’esprit qui était très libre au départ, est devenu plus traditionnel quand la discipline est passée olympique à la fin des années 1990. Quand j’ai été remis, j’ai décidé de me tourner vers des types de ski nouvelle tendance comme le freestyle dont c’était le début, et qui offraient encore cette liberté présente à l’origine dans le ski acrobatique”.
POINTS DE VUE
En gagnant les X Games dans sa catégorie en 1999, le skieur bénéficie d’un sacré tremplin pour une belle carrière. Mais freiné par des problèmes dorsaux, Brice s’oriente peu à peu dans le Freeride. La montagne hors des cadres formels, à laquelle il adjoint sa passion des voyages et le désir d’en faire des reportages. “J’avais envie d’aller skier là où personne ne l’avait encore jamais fait. Aujourd’hui les jeunes skieurs s’identifient à ceux qu’ils voient sur les réseaux sociaux. Mais à l’époque, on n’avait pas ces créneaux de diffusion. Et comme il n’y avait pas encore vraiment de compétitions de Freeride, pour être vu, il fallait être présent dans les magazines de ski. Des sponsors nous payaient pour être diffusés. Et du coup, on partait partout pour se faire photographier en train de sauter des barres rocheuses ! J’y allais souvent avec le photographe du groupe Glénat, Philippe Rebreyend, devenu un proche, et avec mon ami Florent Chrétien”.

CONQUÊTE AU SOMMET !
Spitzberg, Kazakhstan, Kirghizistan, Inde, Népal, Nouvelle-Zélande, Pérou, Maroc… Autant de destinations, autant de grandes premières sur des cimes a priori non ouvertes au ski. Pour Brice, la consécration intervient en 2003 lors de sa participation à l’opération «Everest 50», célébrant le cinquantenaire de la première ascension de la mythique montagne. Il gravit le sommet à près de 8800 mètres et accomplit la rare prouesse de le descendre à skis. Durant l’expédition, le jeune homme de 26 ans rencontre Aude, future médecin urgentiste, qui deviendra sa compagne et la maman de leurs deux enfants. Désireux de s’impliquer dans sa vie de famille, Brice pose (un peu !) ses valises en Savoie. En 2008, il y fonde -avec ses amis Aurélia et Florent Chrétien- Elite Ski Travel, une agence de voyage haut de gamme dédiée à la montagne. En parallèle, la passion pour la photo du moniteur-guide de ski grandit et il se nourrit des précieux conseils de Philippe Rebreyend.
TEMPS DE PAUSE
Brice commence à shooter dès 2001, durant ses nombreux voyages dédiés à la pratique du surf, une autre de ses passions. “Aujourd’hui avec la génération Insta, on fait de la photo bâclée échangée sur le web et oubliée aussitôt. Ce qui me plaît dans les images que je fais, c’est qu’elles n’ont pas cet aspect éphémère. J’en fais des books, je les publie, elles deviennent immortelles. Quand on fait un voyage avec des clients, on crée des liens. La photo permet de matérialiser ce vécu, c’est une manière pour moi de continuer le voyage”. Car s’il partage aujourd’hui principalement son temps entre Méribel, le Canada et le Chili où il travaille dans le domaine de l’héliski, Brice poursuit ses périples internationaux.

MOMENTS FORTS
“Je suis impliqué depuis 2009 dans un projet de développement de l’héliski au Pakistan. J’ai déjà pris part à trois expéditions et je participe à la préparation d’une quatrième pour 2020. Compte tenu de la complexité de leur mise en œuvre, ces voyages s’adressent à un public particulier. Et j’ai vécu ces moments exceptionnels d’avoir pu amener des dirigeants de grandes entreprises mondiales au fin fond de l’Himalaya, dans une zone de conflits, pour faire de l’heliski avec des hélicoptères de l’armée !”.
Et puis il y a aussi ce souvenir d’Islande, où pour la première fois cette année, le photographe a enfin pu obtenir l’image idéale dont il rêvait : gerbes de poudreuse devant, en arrière-plan, l’océan. Des tranches de vie, des photos du monde entier qui voisinent sur son site avec celles de la montagne en face de chez lui. Parce que “finalement, je vais au bout du monde et puis je rentre chez moi et je suis bien…”
+ d’infos : http://bricelequertier.com
photos : Brice Lequertier